Les services de garde du Québec en faveur de la vaccination obligatoire des éducatrices

Des représentants des services de garde ont fait part de leur position vendredi aux Consultations particulières et auditions publiques sur la vaccination obligatoire contre la COVID-19 du personnel soignant du réseau de la santé et d'autres catégories de travailleurs qui sont en contact prolongé avec les citoyens.
Photo : Radio-Canada / CBC
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En commission parlementaire à Québec, les associations qui représentent les différents services de garde ont encouragé le gouvernement de François Legault à imposer aux éducatrices de se faire vacciner contre la COVID-19. Mais pas question d'imposer des sanctions, disent-elles.
Ces consultations particulières portent sur la vaccination obligatoire contre la COVID-19 du personnel soignant du réseau de la santé et d'autres catégories de travailleurs qui sont en contact prolongé avec les citoyens.
Dans son mémoire, le regroupement des CPEfavorable à l'imposition de la vaccination
à tout le personnel des services de garde éducatifs.
Il faut mettre les enfants en sécurité, mais aussi les travailleuses
, a expliqué Hélène Gosselin, présidente du conseil d'administration de l'Association québécoise des CPE (AQCPE) et directrice générale d'un centre de la petite enfance (CPE). On a eu, avant la vaccination, et même avec le port du masque, des travailleuses qui ont attrapé la COVID. Et laisser aller ces employées-là pour 14 jours, c'est excessivement difficile.
Cela a entraîné la fermeture de groupes et, donc, des pertes de services pour les parents, a-t-elle dit.
Les éducatrices en CPEIl faut donner des soins, les réconforter; pensons juste aux pouponnières.
En cas de refus de vaccination, l'AQCPE ne préconise pas d'imposer des sanctions disciplinaires aux récalcitrantes, comme le congé sans solde, mais plutôt d'exiger pour elles des tests de dépistage fréquents.

Après les acteurs de la santé, ce sont ceux de l'éducation qui étaient entendus vendredi à Québec à la commission sur la vaccination obligatoire. Tous ne s'entendent pas sur la pertinence de rendre le vaccin obligatoire, mais tout le monde plaide pour un meilleur dépistage. Reportage de Valérie Gamache.
Un milieu à bout de souffle
Tout comme l'AQCPE, l'Association des garderies non subventionnées en installation (AGNSI) s'oppose aux sanctions pour les éducatrices qui refusent d'être vaccinées. Cela ne ferait que nuire à un milieu déjà en péril
, selon David Haddaoui, président de l'AGNSI.
La pénurie de personnel est un problème criant dans les services de garde du Québec. Et imposer des sanctions ne ferait qu'accentuer ce problème, selon les services de garde.
Les gestionnaires des services de garde doivent jongler quotidiennement avec les horaires du personnel et leurs absences
, a-t-il décrit. Dans certains cas, le personnel est à bout de souffle
.
« Autant je suis pour la vaccination, autant je vois mal qu'un gestionnaire puisse annoncer aux parents que leur enfant ne peut pas fréquenter le service de garde […] faute d'éducatrices. »
Les éducatrices ayant un problème de santé les empêchant d'être vaccinées doivent être accommodées, plaide-t-il.
David Haddaoui pense en outre qu'il faut promouvoir davantage les bienfaits de la vaccination et la notion de responsabilité collective. Selon lui, cela demeure mal expliqué et beaucoup de gens sont victimes de désinformation.
Pour ce qui est des responsables de services de garde en milieu familial, qui sont des travailleuses autonomes installant leur garderie dans leur résidence, l'association demande au gouvernement d'analyser la situation plus en profondeur
, en tenant compte du fait que les enfants qui fréquentent ces services ont droit à la même protection
que les autres.
Des données inexistantes
La pénurie de personnel a été soulignée par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Devant la commission vendredi, son président Éric Gingras a rappelé qu'il manquait énormément de places dans le réseau des services de garde.
Bien que la CSQ soit résolument en faveur de la vaccination de masse, elle met le gouvernement en garde contre la pression que pourraient ressentir certains travailleurs, forcés de se faire vacciner. Advenant que ces derniers quittent leur emploi, la pénurie de main-d'œuvre s'aggravera, s'inquiète la centrale.
Par conséquent, les dirigeants de la CSQde sérieuses réserves sur le recours à la vaccination obligatoire. Cette dernière, une mesure exceptionnelle
, s'appuie sur un ensemble de données encore inexistantes, a fait valoir M. Gingras.
La Fédération autonome de l'enseignement (FAE) craint, pour sa part, que la vaccination obligatoire des enseignants donne aux parents et à la population un faux sentiment de sécurité
.
Au sujet des données…
Au cours de ces consultations particulières, des syndicats et d'autres groupes ont déploré de ne pas disposer de données spécifiques quant au taux de couverture vaccinale des travailleurs qu'ils représentent.
Au Québec, le directeur national de santé publique a confié à l'Institut national de santé publique (INSPQ) le mandat de colliger des données pour la COVID-19.
À la commission, vendredi, la présidente de l'INSPQ
, Nicole Damestoy, a expliqué que des banques de données étaient analysées par l'Institut pour voir la progression de la pandémie et les taux de couverture vaccinale, entre autres indicateurs.Les données sont colligées par types d'établissements, par régions, par types de professions, etc. Mais on a confié à l'INSPQ
un mandat global de vigie sanitaire, a expliqué en substance Mme Damestoy, et non pas d'analyse de données aux fins d'intervention pointue.Peu de recul
Relativement à l'obligation vaccinale que le gouvernement Legault veut imposer aux travailleurs de la santé, Mme Damestoy a illustré que d'autres juridictions s'en sont déjà prévalues : la France, la Grèce, l'Italie et le Royaume-Uni.
Mais, pour l’instant, on dispose de tellement peu de recul qu’il est très difficile de juger de l’efficacité de tels programmes
, a déclaré la présidente de l'INSPQ .
Cela dit, Mme Damestoy insiste pour dire que cette obligation doit s'accompagner d'autres mesures pour rejoindre et informer les personnes qui sont réfractaires au vaccin.
« L’obligation vaccinale est une stratégie exceptionnelle à considérer, pourvu qu’un éventail d’interventions continue d’être déployé pour rejoindre les personnes hésitantes et que les sanctions prévues ne pénalisent pas de manière disproportionnée des groupes de travailleurs déjà en situation de vulnérabilité. »
Les sondages menés par l'INSPQ depuis le printemps dernier, auprès de la population en général, indiquent que la proportion des personnes qui sont réticentes à se faire vacciner contre la COVID-19 est passée de 15 à 7 %.
Un avis attendu
Le Comité d’éthique de santé publique de l'ISNPQ rendra prochainement un avis sur l'obligation vaccinale qu'imposera Québec aux travailleurs de la santé dès le 15 octobre.
En janvier dernier, ce comité ne recommandait pas la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé.
Mais, depuis, il y a eu la venue du variant Delta, qui est à l'origine de la moitié des contaminations à la COVID-19 observées dans la région métropolitaine. L'avis révisé du comité pourrait donc différer de celui rendu en début d'année.
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Avec les informations de La Presse canadienne