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Affaire McArthur : le détective Gauthier, de Toronto, est blanchi de tout blâme

Le sergent Paul Gauthier était accusé d'inconduite au sujet d'une enquête sur le tueur en série.

Le sergent Paul Gauthier, vu ici sur une photo tirée d'une vidéo de 2010.

Le sergent Paul Gauthier, que l'on voit ici sur une photo tirée d'une vidéo de 2010, est innocent des faits que son employeur lui reprochait.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

À Toronto, l'agent Paul Gauthier, de la police de Toronto, a été acquitté lundi soir de deux accusations d'inconduite professionnelle relativement au fait qu'il a laissé partir à l'été 2016 le tueur en série Bruce McArthur, 2 ans avant l'arrestation du sexagénaire pour les meurtres de 8 hommes gais de la métropole.

Le sergent détective Paul Gauthier était accusé d'insubordination et de négligence au sujet d'un appel au 911 pour violence conjugale en juin 2016 à Toronto.

Le plaignant, qu'on ne peut identifier, avait expliqué à l'opérateur qu'un homme venait de l'étrangler au moment où ils s'embrassaient dans sa voiture, mais qu'il avait réussi à se défendre, à se débattre et à sortir du véhicule avant que le conducteur ne prenne la fuite.

La victime avait par la suite donné sa déposition à la police dans le stationnement où l'agression s'était produite. Bruce McArthur, qui craignait que la police ne l'appréhende à son domicile, s'était rendu au poste de police le soir même pour donner sa version des faits.

La photo d'un homme devant une chute d'eau.

Bruce McArthur a été condamné en février 2019 à la prison à vie sans droit de libération conditionnelle avant 25 ans. Il avait plaidé coupable un mois plus tôt de huit accusations de meurtre prémédité.

Photo : Facebook

L'assassin avait dit aux policiers que les deux hommes se fréquentaient depuis environ 3 ans pour des relations de nature sexuelle, que le plaignant appréciait les jeux rudes et que la relation, ce soir-là dans le véhicule, était consensuelle.

Le service de police accusait le sergent-détective Gauthier de ne pas avoir suivi les procédures sur les dépositions des plaignants et la prise de photographie dans des cas de violence conjugale.

Il n'avait pas enregistré par exemple l'entrevue du Torontois qui avait appelé le 911 au sujet de sa rencontre musclée avec McArthur ou pour prendre des photos de sa nuque.

La défense du détective de police affirmait lors des audiences disciplinaires au printemps que son client n'avait commis aucun impair au sujet de l'enquête sur ce cas de violence conjugale.

Jugement du tribunal de police

Dans sa décision, le surintendant Dave Andrews, de la police de Toronto, affirme qu'il n'est pas satisfait de la limpidité et de l'infaillibilité des preuves de la poursuite dans cette affaire.

Il affirme qu'il ne fait aucun doute que la police de Toronto prend très au sérieux les plaintes de violence conjugale, que ce problème de société est bien réel et que le service a mis au point des procédures efficaces pour encadrer les enquêtes à leur sujet.

Le sergent détective Hank Idsinga, de la police de Toronto.

L'enquêteur Hank Idsinga, qui dirigeait l'enquête criminelle sur la disparition d'hommes gais à Toronto, avait envoyé une note à son service au sujet du comportement de l'agent Gauthier, laquelle avait été utilisée en preuve lors des audiences disciplinaires en mai 2021.

Photo : Radio-Canada

Il ajoute toutefois qu'il existe un décalage entre la théorie et la réalité qui fait en sorte que ces procédures sont sujettes à l'interprétation des enquêteurs et que le sergent Paul Gauthier n'y a pas échappé. Toutes les procédures ne sont pas obligatoires et les enquêteurs peuvent faire usage de leur discrétion, écrit-il.

« Comme je l'ai répété à maintes reprises devant ce tribunal, cette affaire n'a rien à voir avec la perfection d'une enquête, mais bien avec le respect des procédures policières… en ce sens, je ne peux conclure que n'importe quel policier avait l'obligation impérative d'agir selon la terminologie des procédures et cela inclut le sergent Gauthier. »

— Une citation de  Le surintendant Dave Andrews, arbitre du tribunal de police

L'arbitre souligne par ailleurs que l'enquête sur la plainte au 911 n'a certes pas été parfaite et que d'autres mesures auraient pu être prises à l'époque, mais il n'est pas prouvé, selon lui, que de telles mesures auraient changé le cours des choses.

Le quartier général et le logo de la police de Toronto.

Le quartier général de la police de Toronto au centre-ville

Photo : Radio-Canada

Le surintendant Andrews refuse en revanche l'argument de la défense selon lequel son client n'a été qu'un bouc émissaire dans cette cause et que cette affaire était motivée politiquement.

Il rejette également l'un des témoignages selon lequel le sergent Gauthier était un mauvais enquêteur et qu'il ne prenait pas à cœur son travail.

Si tel avait été le cas, le service de police ne l'aurait pas promu aux affaires criminelles, précise-t-il en concluant que le sergent-détective Gauthier a eu un parcours honorable jusqu'à l'événement qu'on lui reprochait.

Photo en mosaïque de huit hommes.

Les victimes de Bruce McArthur : Skandaraj Navaratnam, 40 ans, Andrew Kinsman, 49 ans, Selim Esen, 44 ans, Abdulbasir Faizi, 44 ans, Kirushna Kumar Kanagaratnam, 37 ans, Dean Lisowick, 47 ans, Soroush Mahmudi, 50 ans et Majeed Kayhan, 58 ans.

Photo : CBC/Police de Toronto

À l'époque, six hommes gais de la métropole avaient disparu et le sexagénaire était encore peu ou pas connu des enquêteurs.

La faute que le service de police reprochait au sergent-détective Gauthier était importante dans la mesure où deux autres homosexuels ont été tués après que le policier eut relâché le meurtrier en série.

Les médias tentent depuis plusieurs mois de mettre la main sur la vidéo de l'entretien que McArthur a donné aux policiers le soir de sa déposition en juin 2016.

Une audience aura lieu à ce sujet à l'automne devant la Cour supérieure de l'Ontario.

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