Le FabLab Onaki, un atelier où technologie et culture autochtone se rencontrent

L’artiste d’origine algonquine Naömie Perrier-Francoeur occupe un emploi d'assistante-instructrice dans l’atelier 2.0 qui forme le tout premier FabLab autochtone du Canada.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Naömie Perrier-Francoeur a choisi la voie de l’art et de la technologie pour renouer avec sa culture. L’artiste d’origine algonquine a frappé à la porte du FabLab Onaki, à Gatineau, alors qu’elle était étudiante. Aujourd’hui, elle occupe un emploi d'assistante-instructrice dans l’atelier 2.0 qui forme le tout premier FabLab autochtone du Canada.
Le FabLab, j’adore, parce que je sens que c’est une deuxième maison pour moi. Étant une artiste, toutes les machines qu’il y a ici sont vraiment le fun à utiliser. Ça m’inspire pour créer de nouvelles choses
, partage Naömie Perrier-Francoeur.
C’est au FabLab Onaki que la passionnée de couture a appris à travailler avec des brodeuses numériques. Aujourd’hui, elle laisse aller sa créativité dans un métissage de techniques ancestrales et de technologie pour confectionner des étuis de tambours traditionnels ou encore des pièces pour décorer des vêtements ou des sacs à dos.

Naömie Perrier-Francoeur laisse aller sa créativité dans un métissage de techniques ancestrales et de technologie.
Photo : Radio-Canada
Compétences et fierté identitaire en harmonie
L'expression FabLab désigne un laboratoire de fabrication
. Ce concept a vu le jour à la fin des années 1990 et repose sur le partage d’un espace, de machinerie, de compétences et de savoir.
Mais au FabLab Onaki, on lui a ajouté un volet social et culturel. L’initiative s’adresse aux jeunes Autochtones de 15 à 30 ans, décrocheurs ou à risque de décrocher du réseau scolaire classique.
Développé en 2018 par le Centre d’innovation des Premiers Peuples, le FabLab Onaki offre un programme de formation de cinq mois ayant pour but de pousser les jeunes Autochtones à perfectionner leurs compétences technologiques, mais aussi à cultiver une fierté identitaire à l’égard de leur culture autochtone.
Les participants s’initient à une gamme d’outils technologiques et numériques opérés par des ordinateurs, comme des imprimantes 3D et des outils de découpe au laser, tout en travaillant avec des matériaux traditionnels tels le textile, le bois, les perles et des os, de sorte à ne pas dénaturer les traditions autochtones.

Quelques projets des étudiants créés grâce à une imprimante 3D.
Photo : Centre d’innovation des Premiers peuples
On voulait faire la preuve que ces jeunes avaient du potentiel. [...] Quand on peut aller chercher le potentiel de ces jeunes et leur donner des outils, ils se réalisent et le font aussi pour le bien de la communauté
, explique Céline Auclair, directrice du Centre d’innovation des Premiers Peuples.
Pour Naömie Perrier-Francoeur, l'expérience lui a ouvert une fenêtre, jusque-là fermée, sur sa culture, le tout dans un contexte de création et de perfectionnement de ses compétences. Le processus s’avère enrichissant et thérapeutique, fait-elle valoir.
[Le FabLab] m’a permis d’en apprendre plus sur ma culture. C’est quelque chose que je n’ai pas pu vivre en grandissant. [...] Ça m’a vraiment ouvert l’esprit et j’ai commencé à me sentir mieux dans ma peau
, raconte l’artiste.
Je ne connaissais pas vraiment ma culture avant d’entrer au FabLab. Donc, je ne peux pas vraiment dire si, à l’époque, j’étais fière de ma culture ou pas. Mais aujourd’hui, je suis fière de dire que je suis Algonquine et c’est qui je suis.
L’idée fait du chemin
Le FabLab Onaki fait des petits. Le Centre d’innovation des Premiers Peuples est en train de travailler au développement du premier FabLab autochtone fixe en Ontario, à l’image de celui de Gatineau. Des discussions sont aussi en cours avec des partenaires au Nouveau-Brunswick pour qu’un FabLab autochtone fixe y soit aussi développé.
Retrouvez le reportage complet sur le FabLab Onaki sur le site de l'émission Tout inclus.