La Vérif : les chefs ont-ils réussi à respecter toutes les mesures sanitaires?

Justin Trudeau, dans sa circonscription de Papineau, dimanche soir à Montréal
Photo : Radio-Canada / Louis Blouin
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En temps normal, il n'y a rien d'extraordinaire à prendre des bains de foule durant une campagne électorale. C'est une tradition établie depuis bien longtemps.
Sauf que, cette fois-ci, les élections ont été déclenchées en pleine pandémie. Malgré tout, presque tous les chefs des principaux partis fédéraux ont participé à des rassemblements.
Jusqu'à présent, ont-ils réussi à respecter les directives de la santé publique? La réponse est non, pour au moins deux d'entre eux.
Le jour même du déclenchement des élections, le chef libéral Justin Trudeau a pris un bain de foule dans sa circonscription de Papineau. Masqué, il est allé à la rencontre des électeurs dans la rue, n'hésitant pas à se rapprocher d'eux pour prendre des égoportraits.
Ça a été extrêmement agréable de pouvoir voir les gens. Évidemment, il faut suivre les directives de santé publique
, a-t-il déclaré le lendemain.
Pour les personnes pleinement vaccinées, comme Justin Trudeau, la santé publique fédérale indique que la distanciation physique et le port du masque ne sont pas obligatoires lors de rassemblements en plein air.
Par contre, elle précise qu'il faut suivre les directives mises en place par les autorités locales.
Au Québec, la santé publique demande aux gens qui n'habitent pas dans le même foyer de conserver une distance minimale d'un mètre, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le chef libéral a donc contrevenu à cette règle, tout comme le chef néo-démocrate Jagmeet Singh. Portant un couvre-visage, il s'est lui aussi laissé approcher par des sympathisants lors du défilé de la Fierté tenu dimanche à Montréal.
On fait tout ce qu'on peut, on a des protocoles, comme vous avez vu que je porte mon masque tout le temps quand je suis dehors
, s'est-il défendu.

La Vérif d'Olivier Bachand.
Justin Trudeau a quant à lui été pris en défaut une deuxième fois, lors d'un rassemblement extérieur organisé devant un restaurant de Cobourg, en Ontario.
L'événement a réuni bien plus que 100 personnes, ce qui est la limite établie en vertu de la troisième étape du plan de déconfinement de la province.
Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, tente de garder ses distances avec les électeurs quand il participe à des événements extérieurs. C'est ce qu'on a pu constater lors des premiers jours de la campagne, notamment lors du défilé de la Fierté.
Moi, je ne donne pas le coude, je n'embrasse pas, je ne donne pas la main, je ne fais pas le "ti-poing"; on va éviter les high five
, a-t-il expliqué.
Quant au chef conservateur Erin O'Toole, il était, jusqu'à mardi, resté à l'écart du public depuis le début de la campagne.
Une pratique risquée?
Selon l'immunologiste André Veillette, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal, les politiciens pleinement vaccinés, comme Justin Trudeau et Jagmeet Singh, ont des risques relativement faibles de contracter la COVID-19 lors de rassemblements extérieurs.
Les personnes vaccinées ont une protection de 80 à 90 % plus efficace contre une forme sévère de la maladie qui mènerait à une hospitalisation que les personnes non vaccinées
, explique-t-il.
Le Dr Veillette souligne cependant que les personnes vaccinées peuvent tout de même contracter et transmettre le virus.
Mais il s'inquiète particulièrement pour les gens non vaccinés qui pourraient participer à des rassemblements importants. Ils peuvent se donner la COVID l'un et l'autre s'ils sont porteurs du virus
, poursuit-il.
Les risques sont généralement plus faibles lors d'événements extérieurs, mais il ne sont pas nuls pour autant : Si tu as un bain de foule avec peu d'air qui circule, c'est comme si tu étais à l'intérieur dans un endroit mal ventilé.
Avec la collaboration de Nathalie Lemieux