Vaccination obligatoire des fonctionnaires : Trudeau évoque des « conséquences »

Le chef libéral Justin Trudeau réitère que les fonctionnaires fédéraux devront se faire vacciner sous peine de sanctions.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La volonté du Parti libéral du Canada (PLC) de rendre la vaccination obligatoire pour les fonctionnaires fédéraux continue de créer des remous, ce qui force le gouvernement à préciser sa stratégie.
Dans un récent message mis en ligne sur le site du gouvernement canadien, le Secrétariat au Trésor affirmait que les personnes qui ne voudront pas se faire vacciner pourront continuer à travailler pour l'État en subissant régulièrement un test de dépistage de la COVID-19.
Le chef du PLC, Justin Trudeau, a rapidement procédé mardi à une mise au point. Ce que les fonctionnaires au Conseil du Trésor ont dit est erroné. La réalité, c’est que nous sommes très, très clairs : les fonctionnaires fédéraux doivent se faire vacciner
, a-t-il insisté.
La dirigeante principale des ressources humaines de la fonction publique du Canada, Christine Donoghue, indiquait dans un message aux employés de la fonction publique, en date du 13 août, que des accommodements seraient possibles pour ceux qui ne peuvent pas recevoir de vaccin, a rapporté La Presse canadienne.

Justin Trudeau a été interpellé par des manifestants contre le vaccin lors d'un arrêt mardi à Aurora, en Ontario.
Nous sommes conscients que certaines personnes ne peuvent pas être vaccinées. Dans ces cas, nous discuterons des mesures d'accommodement qui pourraient être mises en place. Pour ceux qui refusent de se faire vacciner, nous devrons considérer des mesures de rechange, comme les tests et le dépistage
, écrivait-elle.
Cette position rejoint essentiellement la proposition du Parti conservateur dans ce dossier. La page en question était introuvable sur le site du gouvernement du Canada lundi en fin de soirée. Le Parti libéral a-t-il joué un rôle dans le retrait de la lettre? Justin Trudeau a esquivé la question.
Cette lettre était erronée et ne reflétait pas la politique du gouvernement, donc elle a été retirée par des fonctionnaires.
Il a confirmé qu'il y aura des conséquences
si une personne refuse de se faire vacciner sans raison médicale légitime. Nous allons travailler avec la fonction publique, avec les syndicats et avec nos partenaires dans les secteurs réglementés par le fédéral pour s’assurer qu’il y ait des conséquences pour quiconque ne voudrait pas se faire vacciner et qui n’a pas une bonne raison médicale pour ce faire
, a-t-il précisé.
Le chef libéral s'est défendu d’en faire une question partisane. Je pense que les Canadiens s’attendent à ce que les partis politiques et leur gouvernement agissent pour leur sécurité. Et le meilleur moyen de garder tout le monde en sécurité et de passer à travers cette pandémie, c’est en vaccinant tout le monde
, a-t-il rétorqué.
M. Trudeau a fait remarquer que, dès qu'il se retrouve derrière un micro, il continue de demander aux gens d’aller se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Il estime que tous les chefs politiques devraient faire de même.
Mais les conservateurs refusent même de dire si tous leurs candidats sont vaccinés. C’est ridicule. Et en plus, ils disent qu’ils vont revenir sur notre décision concernant la vaccination obligatoire des fonctionnaires fédéraux
, a-t-il déploré.
Le syndicat refuse toute forme de sanction
Le président national de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Chris Aylward, juge inquiétantes certaines déclarations des chefs de partis politiques au sujet du plan de vaccination obligatoire du gouvernement.
L’AFPC appuie les mesures sur la vaccination obligatoire dans la fonction publique fédérale afin de mieux protéger nos membres et nos collectivités. Cependant, il est inacceptable de recourir à des mesures disciplinaires et au licenciement pour les faire respecter
, a-t-il déclaré.
L'Alliance a fait connaître sa position par voie de communiqué : Il faut prévoir des mesures d’adaptation pour les fonctionnaires qui ne peuvent pas se faire vacciner en raison d’un motif médical valable ou de protections accordées par les lois sur les droits de la personne
.
Le syndicat invoque la possibilité pour le gouvernement de réaffecter temporairement à d’autres tâches des employés qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, se faire vacciner et d'adopter d’autres modalités de travail, comme le télétravail. Il considère de surcroît que le dépistage régulier et rapide
doit être envisagé.
Un plan conservateur
De son côté, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Erin O'Toole, considère que le plan de vaccination libéral de la fonction publique canadienne reflète la position de son parti. Son plan est en fait ce que j'ai proposé
, a-t-il déclaré.
M. O'Toole accuse son rival de cacher des documents, de manquer de transparence, d'agir avec cynisme et de vouloir tromper la population. Selon lui, les Canadiens méritent mieux. On doit mettre fin au camouflage avec le gouvernement Trudeau
, a-t-il décrié.
Il s'est dit déçu
de voir le chef libéral insinuer publiquement qu'il n'est pas en faveur de la vaccination. Il a reconnu que les vaccins sont primordiaux
, sécuritaires et efficaces
, tout en soulignant à plusieurs reprises que ces élections fédérales en pleine pandémie de COVID-19 sont dues uniquement à Justin Trudeau.

Le chef conservateur Erin O’Toole était de passage à Toronto mardi où il a rencontré la presse dans un hôtel.
Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui
Interrogé pour savoir si les employés qui refusent de se faire vacciner devraient subir des conséquences, M. O'Toole a répété que M. Trudeau doit clarifier la situation et dire si le plan rendu public plus tôt est réellement sa stratégie.
On a besoin de rassembler les gens, pas de diviser. On a besoin que les gens se fassent vacciner, mais aussi d'avoir un plan au cas où ils ne le sont pas.
Le chef du PCC s'est également fait demander si le fait de politiser la question de la vaccination obligatoire pour les employés de l'État n'allait pas éroder la confiance de la population envers le vaccin, causer encore plus de confusion et entraîner une baisse du taux de vaccination.
Je veux juste que Justin Trudeau dise la vérité. Ce n'est pas trop demander. Il a provoqué cette élection
, a-t-il répondu, invitant son rival à avouer qu'il a commis une erreur.
Erin O'Toole a déclaré que le gouvernement libéral était constamment plongé dans des opérations de camouflage et de scandales éthiques
. Nous avons devant nous un des gouvernements les plus corrompus, un des gouvernements les plus enclins au camouflage dans l'histoire du Canada
, a-t-il clamé.
Avant la fête du Travail
Pour sa part, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, appuie totalement l'idée d'une vaccination obligatoire pour les employés de la fonction publique. Et il presse le gouvernement libéral d'accélérer la mise en place d'une telle règle pour qu'elle soit en vigueur avant la rentrée de septembre.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a fait un saut à Coquitlam, en Colombie-Britannique.
Photo : Reuters / JENNIFER GAUTHIER
La raison pour laquelle on demande que ce soit fait avant la fête du Travail, c’est parce qu’on pense aux enfants de moins de 12 ans qui ne peuvent pas se faire vacciner. Donc, chaque fois qu’un adulte se fait vacciner, ça signifie que ces enfants-là sont mieux protégés
, a-t-il affirmé.
Jagmeet Singh a expliqué pourquoi il appuyait une telle initiative : Les Canadiens veulent se protéger entre eux. C’est quelque chose de très canadien, le fait de vouloir prendre soin de nos voisins. Quand on se penche sur cette question de la vaccination obligatoire, il s’agit en fait de protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes
.
Le chef du NPD estime que les gens auront toujours le choix de se faire vacciner ou non, mais il insiste sur le fait qu'il y aura des conséquences liées à ce choix. Les gens qui refuseraient d'obéir à cette règle pourraient être renvoyés, a-t-il soutenu.
Nous nous assurerions de respecter les conventions collectives, mais au bout du compte, si quelqu’un choisit de ne pas se faire vacciner dans des lieux de travail où ça mettrait des gens à risque et où il serait donc vital de se faire vacciner, alors il ne pourrait pas continuer d’y travailler
, a-t-il indiqué.
M. Singh s'est dit inquiet quant à la politisation de la question de la vaccination obligatoire. Il dit constater sur le terrain que les Canadiens veulent se protéger les uns les autres. Selon lui, on doit mettre l’accent sur l’éducation, la sensibilisation et la transparence. De plus, il faut fournir les outils nécessaires pour réussir une vaccination globale.
Des limites à respecter
Quant au chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, il pense que des sanctions ne seraient pas applicables et seraient plutôt contraires à la loi. Tu ne peux pas imposer de contrainte suite au non-respect d'une directive que tu n'as pas le droit d'imposer
, a-t-il affirmé.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet
Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana
Il a rappelé que, dans le contexte qui nous préoccupe, le gouvernement fédéral est un employeur et que les directives de santé publique relèvent des provinces.
Il y a des limites à ce que tu peux faire comme employeur.
D'après le chef bloquiste, les libéraux ont empiété sur les compétences provinciales, n'ont pas consulté leurs partenaires qui, eux, estiment que cette politique n'est pas applicable, mais ils ont quand même mis en place leur consigne farfelue
.
C'est une anecdote de début de campagne que les libéraux vont rapidement essayer de faire oublier après quelques tergiversations qui ne les feront pas très bien paraître
, a-t-il opiné.
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