Arthur LeBlanc, le virtuose acadien
Le violoniste Arthur LeBlanc à l'émission « L’Heure du concert », le 17 novembre 1955.
Photo : Radio-Canada / Henri Paul
Le musicien Arthur LeBlanc, souvent défini comme le meilleur violoniste canadien de tous les temps, atteint l’apogée de sa carrière dans les années 1940. Une vie artistique prometteuse qui sera assombrie par la maladie mentale. Retour en archives sur le parcours de ce prodige totalement dédié à son instrument.
Arthur LeBlanc naît en 1906 à Dieppe au Nouveau-Brunswick. Son père, Job, est également originaire de l’endroit.
Luthier bien connu dans la région de Moncton, Job LeBlanc enseigne les premières notions de musique à son fils. Il lui fabrique un petit violon alors qu’il n’a que quatre ans. À partir de ce moment, le violon ne quitte plus l’enfant, qui va jusqu’à dormir avec lui. Le jeune Arthur considère l’instrument comme son jouet et son ami.
Déjà à l’âge de 10 ans, Arthur LeBlanc donne son premier récital au Concert Hall de Moncton. La foule est médusée par son talent précoce. Des prêtres, qui souhaitent pousser plus loin le talent de ce jeune génie, se cotisent pour l’envoyer au petit séminaire de Québec en 1919. Il y demeurera jusqu’en 1924. Le clergé appuie le virtuose tout au long de sa carrière.
En 1923, Arthur Leblanc quitte Québec pour Boston. Il poursuit ses études au prestigieux Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre auprès de maîtres autrichiens.
En 1930, une bourse octroyée par le gouvernement québécois de Louis-Alexandre Taschereau lui permet d’aller parfaire son art à l’École normale de musique de Paris. Il donnera de nombreux concerts en Europe, notamment en compagnie de la pianiste française Reine Gianoli avec qui il part en tournée.
La Seconde Guerre mondiale, qui se déclenche en 1939, porte un frein à sa carrière européenne en plein démarrage. De retour en Amérique, Arthur Leblanc joue au Carnegie Hall où il est acclamé. Le New York Times ne tarit pas d’éloges en déclarant que le violoniste acadien joue avec sensibilité et poésie.
C'est le début d’une série de plus de 300 concerts en sol américain et Arthur LeBlanc est même invité par le président Franklin Delano Roosevelt pour donner un concert privé à la Maison-Blanche.
Vers la fin des années 1940, la maladie le force à s’écarter de la scène musicale, au moment même où les plus grands espoirs et les plus grands rêves sont à portée de main
.
En novembre 1955, à L’Heure du concert, Arthur LeBlanc et l’orchestre de Radio-Canada sous la direction du chef Jacques Beaudry, interprètent Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op 77 de Johannes Brahms.

Interprétation musicale de l'Orchestre de Radio-Canada sous la direction duchef d'orchestre Jacques Beaudry , accompagné de Arthur Leblanc, au violon. Réalisation : Noël Gauvin.
Ma religion, mon violon
, telle était la devise d’Arthur LeBlanc. Il n’y avait rien d’autre. De nature très pieuse, Arthur LeBlanc avait l’habitude de terminer ses concerts en jouant L’Ave Maria. Et ceux qui témoignent se souviennent d’un musicien en totale communion avec son instrument.
Arthur LeBlanc était un homme fragile. Il souffrait de maniaco-dépression et a fait plusieurs séjours à l’hôpital Robert-Giffard de Québec où il a subi les traitements psychiatriques de l’époque qui l’ont irrémédiablement affaibli.
Le 17 décembre 1967, L’envers des hommes, rencontre des mécènes et admirateurs qui font partie du groupe les Amis d’Arthur LeBlanc
. Une société de mélomanes qui supportent l'artiste dans son retour à la vie musicale publique. L’émission est aussi ponctuée d’extraits de concert et de morceaux d’entrevue avec le violoniste.

Témoignage des "Amis d'Arthur Leblanc", société de mélomanes qui supportent l'artiste dans son retour à la vie musicale publique. Entrevue avec la violoniste Arthur Leblanc. Réalisation : François Provencher.
L’artiste y parle notamment de son Stradivarius.
« On est assuré que le violon va donner le maximum de ce qu’il peut donner dans tout, la douceur, la puissance, le timbre, la qualité sonore, la chaleur du son. »
Le violon italien, fait à Crémone en 1733 appartenait d’abord à la famille Desrosiers avant d’être acquis par une collecte de fonds des Amis d’Arthur Leblanc en 1946. Le 17 mai 1985, Le Point présente un reportage sur une jeune virtuose alors âgée de 22 ans, Angèle Dubeau.

Reportage de Jean-Pierre Fournier sur l'histoire du violon Stradivarius d'Arthur Leblanc. Le violoniste acadien a légué son violon à la musicienne Angèle Dubeau. Le bulletin de nouvelles est animé par Simon Durivage.
En 1976, alors qu’il ne donne plus de concert, Arthur LeBlanc est ému et fortement impressionné par le talent de la jeune musicienne de 15 ans. Il lui lègue son Stradivarius qu’elle nommera Arthur.
Arthur LeBlanc est décédé le 19 mars 1985, 20 ans après avoir donné son dernier récital.