Vaccination obligatoire : des universités de l'Ontario espèrent créer un effet domino

L'Université de Toronto.
Photo : Radio-Canada / (Evan Mitsui/CBC)
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La décision de plusieurs universités de premier plan de l'Ontario de rendre la vaccination contre la COVID-19 obligatoire pour retourner sur les campus exerce une pression supplémentaire sur les établissements qui ne l'ont pas encore fait.
Des professeurs espèrent que cette décision marquera un changement important dans la lutte contre la pandémie dans l'enseignement supérieur.
Au moins cinq des établissements postsecondaires de l'Ontario qui demandent des vaccins sont membres du regroupement U15 des grandes universités de recherche canadiennes, soit l'Université de Toronto, l'Université d'Ottawa, l'Université Western de London, l'Université Queen's à Kingston et l'Université de Waterloo.
L'Université de Windsor leur a emboîté le pas vendredi, tandis que l'Université Carleton d'Ottawa, l'Université de Guelph, l'Université Ontario Tech à Oshawa et l'Université Brock à St. Catharines ont lancé des mandats d'immunisation jeudi.
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À l'extérieur de l'Ontario, le président de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) a exprimé son soutien à la vaccination obligatoire vendredi, et a déclaré que l'école est en pourparlers avec le gouvernement provincial à cet effet.
De nombreux universitaires ont applaudi ce changement de politique réclamé depuis quelque temps, tandis que d'autres se sont inquiétés du fait que les protocoles de certaines écoles n'allaient pas assez loin dans la protection contre le variant Delta.
Pression
sur les universités
Les défenseurs de la vaccination reconnaissent que ces mesures peuvent créer des complications pour les étudiants qui retourneront en classe cet automne, mais ils affirment que les établissements qui n'exigent pas la vaccination risquent de compromettre la sécurité des communautés de leur campus ainsi que leur réputation.
Il s'agissait clairement d'attendre que le premier domino tombe
, déclare Scott Forbes, président de la Fédération des associations des professeurs universitaires du Manitoba (FAPUM).
Les petites universités vont maintenant ressentir la pression, et je pense que ce n'est qu'une question de temps pour la plupart des universités canadiennes.
Le professeur de biologie de l'Université de Winnipeg dit que les membres du corps professoral favorables à l'obligation vaccinale se sont heurtés à la résistance des administrateurs du milieu scolaire, qui affirment que de telles mesures seraient trop difficiles à mettre en œuvre.

Le Collège Seneca est devenu le premier établissement d'enseignement à rendre le vaccin obligatoire au Canada.
Photo : Google Street View
Le Collège Seneca de Toronto est sorti du lot plus tôt cet été en faisant de la vaccination une condition préalable à l'enseignement en personne, tout en offrant aux étudiants la possibilité de suivre des cours en ligne.
La semaine dernière, le Conseil des universités et collèges de l'Ontario a demandé l'adoption d'une politique provinciale exigeant la vaccination des étudiants, du personnel et du corps enseignant des établissements postsecondaires.
Plus tôt cette semaine, l'Université d'Ottawa a approuvé une politique similaire pour son campus. Et avec une école U15 à bord, il n'a pas fallu longtemps pour que d'autres institutions s'alignent, souligne Scott Forbes.
Je pense qu'il s'agissait simplement d'attendre que quelqu'un d'autre le fasse en premier
, déclare-t-il. Je pense que le paysage sera très différent la semaine prochaine.
Quelle politique mettre en place?
Mais tous les membres de la communauté universitaire ne sont pas aussi optimistes. Les critiques disent que le défi sera de mettre en œuvre une telle politique correctement.
Alors que certaines universités exigent une preuve de vaccination pour accéder à leurs installations, d'autres prévoient s'en remettre largement à la bonne foi de leurs étudiants.
Par exemple, l'Université de Toronto a déclaré que tous les membres de la communauté scolaire doivent divulguer eux-mêmes leur statut vaccinal pour venir sur le campus cet automne. Une preuve de vaccination ne sera exigée que dans les situations à haut risque
, comme la vie dans les résidences pour étudiants, les sports universitaires et les cours de musique.
Ceux qui ne pourront pas satisfaire ces exigences devront participer à un programme de dépistage rapide et seront soumis à des mesures sanitaires supplémentaires.
Les règles trompeuses
de l'Université de Toronto
Dans une lettre ouverte publiée jeudi, la présidente de l'association des professeurs de l'Université de Toronto a critiqué les règles de vaccination de l'école, les qualifiant de trompeuses et inadéquates
et considérant les changements comme un reconditionnement
de protocoles antérieurs non conformes aux normes.
Pour nous, il s'agit d'une politique axée sur les relations publiques, et non sur la santé et la sécurité
, analyse Terezia Zorić dans une entrevue vendredi.

Les règles de vaccination de l'Université de Toronto seraient trompeuses et inadéquates selon la présidente du corps enseignant de l'établissement.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
S'appuyer sur l'autodivulgation laisse trop de place à l'erreur pour assurer la sécurité du campus, croit-elle, notant que l'Université dispose d'un système pour vérifier si les étudiants en résidence ont leurs vaccins.
Elle a également reproché à l'administration universitaire de ne pas suivre les conseils des experts de renommée mondiale au sein de sa faculté.
Richard Gold, professeur de droit et de science politique à l'Université McGill, soutient que les écoles devront faire face à plusieurs défis logistiques dans les semaines à venir, notamment sur la manière de déterminer ce qui constitue une preuve de vaccination.
À l'approche du début de l'année scolaire, M. Gold soutient que les politiques mises en place cette semaine ont donné aux étudiants peu de temps pour réserver leurs deux doses de vaccin contre la COVID-19, et que les étudiants étrangers pourraient rencontrer d'autres obstacles pour répondre aux normes d'immunisation des établissements.

L’Université McGill, à Montréal.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Malgré tout, ce dernier pense que l'obligation de se faire vacciner sur tout le campus est non seulement faisable, mais nécessaire.
Le gouvernement de l'Alberta réticent
Il note que ces changements de politique ont été concentrés dans un groupe d'écoles du sud de l'Ontario, et il reste à voir si le changement s'étendra à d'autres parties du pays.
Vendredi, les universités de Regina et de la Saskatchewan ont ainsi emboîté le pas en optant pour la vaccination obligatoire sur leurs campus.
Une porte-parole du ministre de l'Enseignement supérieur de l'Alberta affirme en revanche que les établissements postsecondaires de la province n'exigeront pas la vaccination.
Le statut vaccinal d'un étudiant ne devrait pas avoir à être divulgué pour déterminer s'il peut ou non assister à des cours en personne
, explique l'attachée de presse Taylor Hides dans un courriel.
Un porte-parole de l'Université de Colombie-Britannique a déclaré jeudi que le gouvernement provincial avait découragé les établissements postsecondaires d'imposer la vaccination.
Vendredi, le président et vice-chancelier de l'UBC, Santa Ono, a toutefois indiqué qu'il avait informé les responsables provinciaux qu'il se rangeait du côté du mouvement croissant d'étudiants et de professeurs réclamant le port obligatoire de masques et la vaccination.
Je tiens à vous assurer que nous comprenons vos préoccupations
, a déclaré M. Ono dans un communiqué. Nous nous engageons auprès du gouvernement provincial sur ces questions.
Si les marées changeantes ne poussent pas les administrateurs réticents à agir, M. Gold pense que les questions de responsabilité pourraient les convaincre
Pour lui, des critiques pourraient essayer de prétendre que ceux qui résistent ne remplissent pas leur devoir de protéger les étudiants et le personnel de la COVID-19.
Je pense qu'ils doivent bouger
, a-t-il déclaré. Ils n'ont pas le choix
.