La preuve vaccinale demandée pour plusieurs activités sociales dès septembre au Québec

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, annonce qu'une application de passeport vaccinal, avec un code QR, sera testée à Québec et Laval dans les prochains jours.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
À partir du 1er septembre, le passeport vaccinal s'appliquera à certaines activités jugées non essentielles et à haut risque de propagation de la COVID-19, et ce, dans toutes les régions du Québec.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, accompagné de représentants de la santé publique du Québec, en a fait l'annonce en point de presse mardi.
Notre objectif est que le passeport vaccinal permette aux personnes qui sont adéquatement vaccinées d’avoir accès aux événements publics à fort achalandage et aux activités à haut taux de contacts de socialisation.
Il s'agira d'activités et de services non essentiels. Les événements publics à fort achalandage
incluront notamment les festivals et les lieux intérieurs de grande capacité, a précisé le ministre. Les activités à haut taux de contacts
comprennent, entre autres, les bars, les restaurants et les gyms.
Pour le moment, le passeport vaccinal ne s’appliquera pas aux commerces de détail
, a précisé le ministre de la Santé. Les rassemblements religieux ne seront pas non plus visés au départ, mais des discussions auront lieu avec le milieu dans les prochains jours, a-t-il ajouté.
Le gouvernement souhaite ainsi éviter de procéder à un autre confinement généralisé, l’approche privilégiée lors des trois premières vagues.
Par ailleurs, le point de presse a été brièvement interrompu, peu avant 14 h, par un manifestant antivaccin. Ce dernier a notamment accusé les autorités sanitaires de procéder à un génocide
et les médias sur place d'être complaisants.

Le reportage de Véronique Prince
Des projets pilotes d’abord
Le passeport vaccinal prendra la forme d’une application pour téléphones intelligents qui sera disponible gratuitement sur toutes les plateformes. Les clients auront une version leur permettant de montrer un code QR prouvant leur statut de vaccination, que les commerçants pourront lire.
Questionné à ce sujet, le ministre Dubé a précisé que la première version de l'application ne pourra pas tenir compte des personnes qui ne peuvent recevoir de vaccin en raison d'un problème médical. On vise à ce que la deuxième version puisse en tenir compte plus tard en septembre
, a-t-il assuré.
Des projets pilotes sont prévus afin de nous permettre de faire des ajustements dans la mécanique d’application
du passeport, a indiqué le ministre Dubé. Les établissements participants sont la brasserie sportive La Cage du Centre Lebourgneuf, à Québec, et le gym Éconofitness de Vimont, à Laval.
Les projets pilotes auront lieu les 11 et 12 août à La Cage, et les 17 et 18 août à l'Éconofitness. Le ministre a également suggéré qu’un bar pourrait faire l’objet d’un troisième projet pilote d’ici le 1er septembre.
Pas d’exigence pour les employés
Questionné sur le sujet, le ministre Dubé a précisé que les employés des lieux visés par le passeport vaccinal ne seront pas tenus d'être eux-mêmes vaccinés, pour l’instant
.
Il a évoqué, pour justifier cette décision, des enjeux liés au Code du travail, à la pénurie de main-d'œuvre et au fait que la clientèle, elle-même vaccinée, serait donc moins vulnérable. De plus, le ministre a souligné que les employés doivent déjà suivre des mesures sanitaires telles que le port du masque au travail.

Les employés de restaurant qui n'ont pas encore reçu le vaccin pourraient être tentés de le recevoir pour être admis dans d'autres établissements.
Photo : Radio-Canada
Le ministre Dubé dit cependant considérer la possibilité d’imposer la vaccination aux travailleurs de la santé, qui sont déjà vaccinés à plus de 90 %. Une décision sera prise dans les prochains jours
, a-t-il assuré.
En ce qui a trait aux voyageurs des autres provinces et de l'extérieur du pays, le ministre Dubé a indiqué être en discussion avec le gouvernement fédéral pour harmoniser le passeport vaccinal avec l'application ArriveCan.
Des réactions plutôt favorables
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué l’annonce sur Twitter, parlant d’une bonne nouvelle pour assurer que nos restaurateurs, nos bars, nos festivals ne revivent pas les difficultés de la dernière année
.
Le vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent, a réagi par communiqué. Il estime qu’il est rassurant d’entendre l’objectif du gouvernement d’éviter à tout prix un nouveau confinement
. La FCEI indique sonder actuellement ses membres au sujet du passeport vaccinal.
Quant à savoir quel sera l'impact d'une telle mesure sur la vaccination, Kim Lavoie, codirectrice du Centre de médecine comportementale de Montréal (CMCM), reste prudente.
C'est une autre façon de convaincre ceux qui hésitent, mais ça ne convaincra pas ceux qui ont peur ou les purs et durs qui sont opposés à la vaccination.
En entrevue à l'émission 24.60 sur RDI, elle a d'ailleurs souligné que le passeport vaccinal devrait être présenté comme une mesure pour protéger les populations non vaccinées ou à risque plutôt que comme une mesure coercitive.
Le Dr André Veillette, immunologue à l’Institut de recherches cliniques de Montréal et membre du Groupe de travail sur la vaccination contre la COVID-19 du Canada, pense en outre qu’il ne faudra pas compter uniquement sur cette mesure.

L'immunologiste André Veillette
Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Michaud
Je pense qu’il faut combiner plusieurs mesures pour être capables de freiner ce virus et le variant Delta
, a-t-il soutenu en entrevue à RDI mardi, avant le point de presse des autorités. Il ne faut pas miser uniquement sur le vaccin ou le passeport vaccinal, il y a aussi les masques, la ventilation et les tests rapides qu’on ne fait toujours pas.
D'autres, comme l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC), ont auparavant exprimé des inquiétudes d'ordres éthique et juridique sur les circonstances dans lesquelles le passeport sera appliqué.

Entrevue avec le Dr Karl Weiss