Le contrôle vaccinal, d'accord, mais avec quel personnel? s'interrogent les commerçants

Le gouvernement du Québec a annoncé ses intentions d'instituer dès septembre l'utilisation d'une preuve vaccinale par les personnes qui ont reçu deux doses de vaccin.
Photo : Getty Images / Onfokus
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le passeport vaccinal deviendra la clé, à compter de l’automne, pour accéder aux services non essentiels. Les commerçants appuient toute mesure qui leur évitera une énième fermeture forcée, mais se demandent comment ils contrôleront leur clientèle, dans un contexte de pénurie criante de personnel.
Comment voulez-vous qu'on fasse la police, alors qu'on est déjà en train de faire la cuisine et de faire du service?
, s’interroge Henry Coindé, le copropriétaire du restaurant Le graffiti. Il faudra en plus qu'on engage quelqu'un pour faire la police pour les passeports? Ça ne marche pas.
« Je suis contre à 100 %. »
Si le gouvernement Legault compte imposer aux commerçants le contrôle de leurs clients, qu’il fasse en sorte d’élargir le bassin de travailleurs, demande le restaurateur.
S’il faut le faire, on n’a pas le choix, mais qu’il nous donne de la main-d'œuvre. Qu’il rouvre un petit peu pour favoriser l’immigration
, soutient l’homme d’affaires.
Selon Henry Coindé, le passeport vaccinal mettra un fardeau supplémentaire sur les épaules d’un personnel déjà à bout de souffle.
Soupir de soulagement dans les gyms
Au Gym Le Chalet, l’annonce du premier ministre François Legault représente une bonne nouvelle.
C'est un soulagement, pour les gyms, de savoir qu'on considère de nous laisser ouverts, même s'il y a une augmentation des cas
, souligne le propriétaire, Gabriel Hardy.
Durement touchées par la pandémie, notamment en raison de longs mois de fermeture, les salles d’entraînement pourront donc continuer leurs activités malgré une propagation de la COVID-19 qui s’affole au Québec.
Par contre, l’application de la mesure s’annonce déjà comme un casse-tête.
Contrairement à beaucoup d'industries, nous, ce sont des abonnements qu'on vend aux gens
, indique Gabriel Hardy.
« Les clients paient chaque mois, donc refuser l'accès à un membre payeur, on arrive un petit peu dans une zone grise. Présentement, c'est quelque chose qu'on n'a pas le droit de faire, c'est proscrit par l'office de protection du consommateur. »
La venue d’un passeport vaccinal, qui restreint l’accès aux services non essentiels à ceux et celles qui n’auront pas reçu deux doses contre la COVID-19, signifie la fin de l’incertitude, selon Gabriel Hardy.
On espère que le passeport vaccinal va nous ramener un petit peu plus à la normale
, dit le propriétaire du Chalet.
Gabriel Hardy s’attend à perdre une partie de sa clientèle, celle composée de réfractaires qui refusent de se faire vacciner. Il prévoit aussi quelques séances d’obstinage
à l’entrée, mais voit de façon très positive l’instauration d’un plan qui permettra aux gymnases de demeurer ouverts et d’assurer du travail au personnel.
D'accord, mais sans les autres restrictions
Aux cinémas Le Clap, le passeport vaccinal reçoit un accueil mitigé. Le directeur général, Robin Plamondon, acceptera de s’y plier, à condition que la méthode de contrôle soit simple, efficace, et qu’elle ne s’ajoute pas aux autres consignes que les commerçants doivent déjà respecter.
On passe plusieurs milliers de personnes par jour dans nos cinémas, donc il faut être en mesure de faire cette action-là de façon très rapide
, indique Robin Plamondon.
Plusieurs questions demeurent toutefois en suspens. L’imposition du passeport signifie-t-elle la fin des autres règles? Qu’en sera-t-il pour les moins de 12 ans, pour qui la vaccination est toujours inaccessible?
La distanciation, le port du masque, l’entretien préventif des lieux : est-ce qu’il y a des choses qu’on va pouvoir alléger?
, se demande le directeur. À l’instar d’Henry Coindé, Robin Plamondon croit lui aussi que le personnel en a déjà plein les bras avec les précautions en place.
La venue du passeport vaccinal devrait donc signifier l’allègement de toutes les autres règles, à son avis, particulièrement celle qui limite la capacité d’accueil des salles de cinéma. Pourquoi, selon le directeur général du Clap, imposer une distanciation à des gens protégés contre le coronavirus?
« Il faudrait que les limitations soient retirées pour qu’on puisse en profiter. »
Depuis le début de la campagne de vaccination, 83 % des Québécois ont au moins reçu une première dose. La proportion de personnes adéquatement vaccinées s’établit à 67 % dans la province, selon l'INSPQ
.Avec les informations de Pierre-Alexandre Bolduc