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Le volet résidentiel de Royalmount encore loin d'être approuvé

Une maquette du projet

Le reportage de Jérôme Labbé

Photo : Carbonleo

À l'arrêt depuis plus d'un an, l'immense chantier de Royalmount a repris vie cette semaine avec les travaux de la phase 1 qui gravite surtout autour des fonctions commerciales du projet. Sa vocation résidentielle, par contre, n'a pas encore été autorisée. Et tout indique qu'elle ne le sera pas d'ici les élections municipales.

La Ville de Mont-Royal devrait-elle ou non demander au conseil d'agglomération de modifier son Schéma d'aménagement pour permettre la construction de condos sur l'emplacement de Royalmount?

La question fait débat depuis quelque temps à l'Hôtel de Ville, si bien que le maire Philippe Roy, qui quittera la politique à la fin de son mandat, a décidé de ne plus s'en mêler d'ici le scrutin du 7 novembre.

Non, il n'y aura pas de changement de zonage qui peut être fait dans une si courte période, a-t-il admis à la dernière séance du conseil municipal, le 12 juillet dernier.

Michelle Setlakwe aimerait lui succéder. Cette conseillère a été exclue du caucus le printemps dernier en raison de ses réserves envers le volet résidentiel de Royalmount. Elle promet, si elle est élue, de tenir un référendum sur la question.

C’est notre territoire, donc c’est à Ville Mont-Royal à ouvrir la porte ou à ne pas l’ouvrir.

Une citation de Michelle Setlakwe, candidate à la mairie de Mont-Royal

Son adversaire Peter Malouf, un homme d'affaires connu pour avoir participé activement au débat entourant la construction du futur centre sportif de Mont-Royal, croit pour sa part qu'il est trop tôt pour penser à un référendum.

Mais il est sceptique lui aussi par rapport à la dernière mouture du projet Royalmount et à ses répercussions sur les finances de la Municipalité.

On va bâtir des écoles, on va bâtir un autre centre sportif, mais ça ne va pas être à eux autres, ça va être la responsabilité de la Ville de payer pour ces infrastructures, de les supporter et d'employer des personnes pour être là, pour desservir les citoyens de Ville Mont-Royal, explique-t-il.

Les deux candidats vont ces jours-ci à la rencontre des électeurs, qui se demandent bien quoi penser de tout ça.

Protéger la Cité-Jardin

Ville Mont-Royal est une Cité-Jardin, un patrimoine urbain unique, explique Françoise Le Gris, membre d'Alliance Mont-Royal. Donc, il faut le protéger.

Le mouvement citoyen dont fait partie Mme Le Gris se questionne sur les avantages de la vocation résidentielle de Royalmount pour les citoyens actuels de Mont-Royal. Ça ne répond à aucun besoin immédiat réel qu'on a pu identifier, dit-elle.

Nous n’avons pas l’information de base sur les impacts négatifs et positifs du développement résidentiel au Royalmount. Il nous manque un tas d’informations pour se faire une idée juste des impacts.

Une citation de Françoise Le Gris, membre d'Alliance Mont-Royal

Les promoteurs évoquent pour leur part d'importantes retombées économiques.

On parle de près de 40 millions de dollars par année, récurrents, qui vont être versés dans les coffres des autorités municipales, souligne Claude Marcotte, associé chez Carbonleo. Les revenus fiscaux pour Québec et Ottawa pourraient quant à eux atteindre près de 800 millions dans une dizaine d'années, dit-il.

Claude Marcotte dans les locaux de Carbonleo.

Claude Marcotte travaille sur le projet Royalmount depuis de nombreuses années.

Photo : Radio-Canada / Nancy Lambert

Le projet Royalmount comporte une vocation résidentielle depuis que la Ville de Montréal en a fait la demande, il y a trois ans. Carbonleo s'est aussitôt montrée disposée à modifier son projet.

C'est clair que l'ajout de la vocation résidentielle, en plus de faire de Royalmount un meilleur projet, est évidemment intéressant au niveau financier, reconnaît M. Marcotte.

Une maquette du projet.

Le projet Royalmount prévoit « une trame verte et riche, autant au sol qu'en hauteur, à travers l'architecture des bâtiments ».

Photo : Carbonleo

Ce qu'il est désormais convenu d'appeler le « Royalmount 2.0 » prévoit actuellement la construction de 3250 condos haut de gamme.

Un pôle civique – qui comprendra entre autres une école, une bibliothèque et un centre communautaire – doit également être construit pour permettre aux futurs résidents de vivre dans un quartier qu'on promet autosuffisant, convivial et carboneutre, où tout sera accessible dans un rayon de 15 minutes de marche.

Royalmount, ça va être l'endroit pour y travailler, pour y vivre, pour s'amuser, pour magasiner, résume Claude Marcotte. [On y retrouvera] l'ensemble des fonctions qu'on retrouve dans une ville.

Une maquette du projet.

Les résidents et les visiteurs du quartier Royalmount auront accès à « une ferme urbaine et un marché local », dit-on.

Photo : Carbonleo

Michelle Setlakwe, qui siège au conseil municipal de Mont-Royal depuis 2016, convient que le secteur où se trouve Royalmount a été identifié au sein de l’agglomération pour une densification éventuelle.

Mais il faut que ça se fasse de façon intelligente et réfléchie, nuance-t-elle. Or, à ce stade-ci, il y a des éléments incertains [qui font en sorte que] je ne peux pas me prononcer en faveur.

Peter Malouf se désole de la situation. Naturellement, j’ai de la peine pour le développeur, dit-il. Ça fait six ans, huit ans qu’il travaille là-dessus!

La faute, cela dit, revient selon lui à l'administration du maire Roy. C'était la responsabilité du conseil, affirme M. Malouf, de ne pas laisser pourrir le débat.

Un pas de recul salutaire

L'avenir du volet résidentiel de Royalmount sera donc à l'ordre du jour de la campagne électorale qui s'amorce dans la Cité-Jardin. Mais une chose est certaine pour tout le monde : le projet ira de l'avant, avec ou sans condos. La phase 1 doit être inaugurée en août 2023.

Le chantier a été relancé en début de semaine, la COVID-19 ayant forcé les promoteurs à interrompre les travaux de construction en mars 2020 et à prendre un pas de recul par rapport à leur projet.

On a mandaté à nouveau nos architectes, nos ingénieurs, nos économistes, nos banquiers, etc., de façon à redéfinir – peut-être – le projet pour l'adapter aux conditions de la pandémie, explique Claude Marcotte.

En fin de compte, les promoteurs ont choisi de maintenir le cap en relançant le chantier de la phase 1, où seront concentrées les activités commerciales de Royalmount.

L’engouement pour le projet a été extraordinaire, assure Nicolas Désourdy, lui aussi associé chez Carbonleo. Même à travers la période de la COVID, on a réussi à signer plus de 200 000 pieds carrés avec divers détaillants.

La reprise dans les magasins physiques en ce moment aux États-Unis est extraordinaire. Les clients sont là, la réponse est très, très bonne. Ça fait qu'on pense que ça va revenir de façon assez forte.

Une citation de Nicolas Désourdy, associé chez Carbonleo

En ce qui a trait au volet résidentiel du projet, les promoteurs se font philosophes. On ne perd pas patience, pas du tout, assure Claude Marcotte. On est bien conscients que c’est une décision importante. En même temps, c’est la décision à prendre : on est convaincus.

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