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Ottawa injectera près de 6 milliards $ dans le système de garderies québécois

Trudeau et Legault dans un parc avec des enfants pour une annonce.

Justin Trudeau et François Legault s'étaient rendus dans un parc de Montréal pour dévoiler l'entente.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Une entente a été conclue entre Québec et Ottawa sur le financement du système de garderies subventionnées de la province. Jusqu'à 6 milliards de dollars seront injectés d'ici cinq ans pour créer « des dizaines de milliers de places », ont annoncé les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, jeudi.

Le gouvernement Legault s'engage à utiliser une partie de cet argent pour augmenter le nombre de places disponibles en service de garde, mais aussi pour améliorer les conditions de travail des éducatrices.

Justin Trudeau a qualifié l'annonce de grande nouvelle qui va faire une grande différence dans la vie des Québécois, surtout après la pandémie.

Surtout pour les mères, a-t-il dit, qui ont trop souvent à faire le choix entre leur famille et leur carrière.

On ne laissera pas la pandémie faire reculer tout le progrès qu'ont fait les femmes au cours des dernières années.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

L'entente survient près de quatre mois après le dernier budget du gouvernement Trudeau, qui prévoit la création d'un système pancanadien de garderies à 10 $ par jour s'inspirant grandement du modèle des CPE du Québec.

Le Québec est un leader mondial, et vous avez raison d'en être fiers. Le temps est venu pour le reste du Canada de prendre exemple sur le Québec, a dit Justin Trudeau. François Legault a fait écho à ces propos lorsqu'il s'est dit très fier que le Québec serve de modèle pour le reste du Canada.

L'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) a dit se réjouir de cette entente. Cette annonce nous donne des ailes! L'argent maintenant disponible et l'affirmation par le premier ministre Legault à l'effet que l'éducation à la petite enfance est une priorité nous permettent maintenant d'espérer que nous pourrons compléter le réseau des CPE, a affirmé sa directrice, Geneviève Bélisle.

Cette dernière a souligné qu'une part de ces sommes doivent servir à mieux rémunérer les éducatrices en petite enfance. Les CPE ne sont plus concurrentiels dans le marché du travail actuel en raison d'une détérioration des conditions de travail dans ce milieu depuis certaines compressions dans les dernières années, a-t-elle noté en entrevue au 15-18.

À sa première année de travail, une éducatrice ayant en main une technique gagne 19 $ de l'heure. Après 10 ans, elle gagnera au maximum aux alentours de 25 $ de l'heure, a expliqué Mme Bélisle.

« S'engager sur la voie du rattrapage »

En entrevue à l'émission Midi info après l'annonce, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a affirmé que la première offre déposée par le Conseil du Trésor au syndicat qui représente les éducatrices faisait état d'une augmentation de salaire de 12 %. Mon souhait, c'est qu'on s'engage sur la voie d'un rattrapage, a affirmé le ministre.

On veut offrir [aux éducatrices] de meilleures augmentations de salaire qu'à l'ensemble des employés. Ces personnes travaillent pour ce qu'il y a de plus important, nos enfants.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

Selon lui, il manque en ce moment 37 000 places en service de garde au Québec. Le gouvernement provincial espère pouvoir combler l'ensemble de ces besoins et prévoit le dévoilement d'un plan plus précis à ce sujet d'ici la rentrée. On a une annonce [à ce propos] qui arrive incessamment, au courant de l'été, a-t-il promis.

On va s'assurer qu'il va y avoir une place disponible pour chaque parent qui veut utiliser les services de garde. On est en train de le faire municipalité par municipalité, a dit François Legault.

Le reportage de Valérie Gamache

Québec décidera où investir les sommes

Cette nouvelle entente est asymétrique et sans condition, ont dit les premiers ministres, réunis pour une conférence de presse dans un parc à Montréal. Cela signifie que le fédéral n'imposera aucune exigence à Québec sur la façon dont ces sommes seront investies.

M. Legault a déjà annoncé son intention d'utiliser une partie de ces sommes pour éponger une partie des 2,7 milliards de dollars que Québec investit annuellement dans le réseau des CPE. Les autres provinces canadiennes n'investissent pas ces sommes, a affirmé François Legault.

Ni François Legault ni son ministre de la Famille n'ont pour l'instant précisé quel pourcentage des 6 milliards de dollars promis par Ottawa servira à financer des services déjà existants.

On ne sait pas non plus si une partie de cette somme sera investie ailleurs dans le budget du gouvernement du Québec, ce qui ne serait pas interdit par l'entente.

Ce flou entretenu autour des montants exacts qui seront investis dans le réseau des garderies a fait réagir Marc Tanguay, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de famille. Le gouvernement du Québec a la liberté et la responsabilité de choisir comment il dépensera les sommes annoncées aujourd'hui par le gouvernement fédéral, mais, pour nous, il est clair que cet argent doit aller aux familles, écrit-il dans un communiqué.

Il invite par ailleurs François Legault et son ministre de la Famille à reconnaître la crise du manque de places qui frappe dans toutes les régions du Québec et à s'engager dès maintenant auprès des Québécoises et des Québécois à ce que les sommes servent à la création des places supplémentaires nécessaires pour combler toute la liste d'attente.

La liste d'attente pour obtenir une place en garderie dépasse les 50 000 noms.

En troisième année de son mandat et assuré de recevoir des milliards de dollars d'Ottawa, le gouvernement caquiste n'a vraiment plus aucune excuse pour ne pas garantir à chaque parent qui le souhaite une place subventionnée et de qualité pour son enfant, a renchéri la députée péquiste Véronique Hivon.

Le ministre Lacombe est censé faire le point sur son plan d'expansion du réseau des services de garde dès la rentrée parlementaire de l'automne.

Fédéralisme asymétrique

Pour l'ancien ministre des Affaires intergouvernementales Benoît Pelletier, cette forme d'accord correspond à une conception asymétrique du fédéralisme et du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral dans des champs de compétence provinciaux.

Le Québec négocie des ententes qui n'ont pas les mêmes conditions que celles qu'acceptent les autres provinces. C'est une structure souple, qui s'adapte aux besoins de la province, mais aussi à ceux des autres provinces canadiennes.

Une citation de Benoît Pelletier, ancien ministre des Affaires intergouvernementales

Alors que des élections fédérales se font de plus en plus probables, il est d'avis que le Québec avait le gros bout du bâton dans sa négociation avec Ottawa. Le gouvernement Legault était en bonne posture pour exiger une absence de conditions.

C'est le Québec qui va choisir où vont aller ces sommes-là, a résumé François Legault lors de la période de questions, en soulignant à grands traits que l'éducation à l'enfance est une compétence provinciale.

Le Québec devient ainsi la cinquième province canadienne à s'entendre avec le fédéral à ce sujet. L'Île-du-Prince-Édouard, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse ainsi que Terre-Neuve-et-Labrador ont déjà réglé ce dossier. Le Yukon a également conclu une entente.

Avec les informations de La Presse canadienne

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