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Bayer amorce un retrait du glyphosate aux États-Unis, mais pas au Canada

En 2023, le pesticide ne sera plus vendu aux Américains pour une utilisation sur les jardins et les pelouses.

Une bouteille de Roundup placée sur une pelouse.

Le Roundup est l'herbicide qui contient l'ingrédient actif glyphosate.

Photo : Getty Images / NoDerog

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La multinationale agrochimique Bayer va retirer l'herbicide Roundup du marché domestique américain en 2023, par crainte de voir les poursuites se multiplier et de payer des milliards de dollars de dédommagement à des victimes présumées.

L'entreprise indique toutefois à Radio-Canada qu'elle maintient les ventes de glyphosate au Canada.

L'annonce est spécifique aux États-Unis et n'a pas d'impact sur les produits pour les pelouses et jardins au Canada, précise la compagnie dans un courriel.

La grande différence entre les deux pays, c'est que Bayer se prépare à l’éventualité d’une défaite devant la Cour suprême des États-Unis en 2022.

Le groupe allemand Bayer, propriétaire de Monsanto, a annoncé la semaine dernière qu'il allait mettre de côté une provision supplémentaire de 5,6 milliards de dollars, pour faire face aux conséquences potentielles des poursuites liées au glyphosate aux États-Unis.

« C’est important pour la compagnie, nos actionnaires et nos clients que nous allions de l’avant et que nous mettions derrière nous l'incertitude et l’ambiguïté associées au litige du glyphosate. »

— Une citation de  Werner Baumann, PDG de Bayer, le 29 juillet

Bayer a perdu plusieurs procès très médiatisés aux États-Unis. L'entreprise a été condamnée à verser des fortunes à des personnes atteintes d'un cancer qui imputent leur maladie à l'exposition à l'herbicide.

La multinationale a reçu plus de 125 000 réclamations devant la justice américaine, mais elle a finalement conclu, l'an dernier, une entente à l’amiable de plus de 12 milliards de dollars qui a mis fin à environ 75 % des poursuites.

Dewayne Johnson

Aux États-Unis, Dewayne Johnson, atteint d'un cancer, s'est alors vu accorder 20 millions de dollars de compensation par Monsanto (Bayer).

Photo : Reuters

Moins de poursuites au Canada

Le retrait du glyphosate du marché américain des pelouses et jardins constitue de bonnes nouvelles pour nos voisins, mais j'aimerais bien voir la même chose chez nous, lance Lisa Gue, responsable, politique nationale, à la Fondation David Suzuki.

Peut-être qu'au Canada, il n'y a pas suffisamment de poursuites, dit pour sa part Thibault Rehn, Coordonnateur de Vigilance OGM.

« Si le produit est considéré comme toxique aux États-Unis, il devrait l'être aussi au Canada, c'est le même type de population. »

— Une citation de  Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM

Bayer n'envisage pas de conclure une entente avec les plaignants canadiens, comme elle l'a fait aux États-Unis.

Au Canada, au moins cinq demandes de recours collectif ont été déposées en lien avec le Roundup. L'une d'elles, lancée par des avocats de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, couvre l'ensemble du Canada, mais d'autres procédures ont été entreprises au Québec, en Saskatchewan, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse.

Au Québec, l'action collective a été amorcée par une résidente de L'Assomption, Liliane Paquette, qui a été exposée au Roundup de 1997 à 2005 sur sa ferme laitière.

Le dossier québécois est suspendu dans l'attente de la décision sur la demande d'autorisation du dossier de portée nationale. La prochaine audition de ce dernier est prévue en avril 2022.

Des pouvoirs aux provinces et aux municipalités

Bayer dément que le glyphosate soit cancérigène et met en avant des décennies d'études et d'autorisations réglementaires dans différents pays qui prouvent, selon elle, l'innocuité du Roundup pour l'humain.

En janvier 2019, Santé Canada a maintenu son approbation du produit. Ce serait le moment pour le Canada de réévaluer le produit, selon Lisa Gue.

Elle conseille aussi aux élus provinciaux et municipaux de restreindre l'usage du pesticide, sans attendre que le fédéral le fasse.

En Ontario, un règlement interdit l'usage esthétique de certains pesticides sur les jardins et pelouses et le glyphosate en fait partie. La seule exception permise est pour lutter contre les plantes toxiques.

Près de 150 municipalités québécoises ont déjà interdit l’usage de pesticides sur les jardins et les pelouses, avec des exceptions. La Ville de Laval est allée plus loin en interdisant le glyphosate sans condition.

En 2020, la Cour supérieure du Québec a reconnu à la petite municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs le droit d'interdire les fertilisants et les pesticides, malgré la poursuite du géant de l'entretien de pelouse Weed Man.

Au Québec, les ventes de pesticides en milieu urbain représentent 10 % des ventes totales.

C'est en agriculture que le marché des produits phytosanitaires est le plus lucratif. D'ailleurs, Bayer continuera de vendre son produit vedette pour le marché agricole, des deux côtés de la frontière.

Le Roundup est le pesticide le plus vendu dans le monde. Bayer a acquis le fabricant Monsanto, en juin 2018, pour 86 milliards de dollars.

Deux mois plus tard, la justice américaine rendait un verdict historique en concluant qu’il y avait un lien entre le cancer d’un jardinier américain et l'herbicide à base de glyphosate fabriqués par Monsanto. La victime, Dewayne Lee Johnson, s'était alors vue accorder 20 millions de dollars de compensation.

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