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Le conflit de travail chez Olymel doit cesser, dit le ministre du Travail

Des employés manifestent devant l'usine.

1 100 employés de l'usine Olymel de Vallée-Jonction sont en grève depuis le 28 avril.

Photo : Radio-Canada / Sebastien Vachon

Même s’il n’interviendra pas directement dans le conflit de travail qui paralyse l’abattoir d’Olymel à Vallée-Jonction depuis trois mois, le ministre du Travail a enjoint aux parties de s’entendre rapidement et de mettre fin à la grève.

Il faut que ça cesse. Un conflit de travail de cette nature-là ne peut pas être toléré au Québec, a déclaré Jean Boulet sur les ondes de RDI.

Le ministre ne donne pas d’échéancier précis aux parties, mais souhaite voir une évolution positive de la situation cette semaine.

Jean Boulet assis à la table de presse parle dans un micro.

Le ministre québécois du Travail Jean Boulet

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Vendredi, le syndicat a quitté la table de négociation après avoir rejeté une proposition faite par les conciliateurs nommés par le ministre. L’offre salariale était toujours insuffisante aux yeux du syndicat. Le ministre a invité les parties à reconsidérer la proposition.

Cette proposition m'apparaissait totalement légitime et respectueuse des critères applicables, affirme Jean Boulet.

L’employeur brandit la menace de fermeture

La direction d’Olymel a durci le ton à l’égard du syndicat, lundi. Le premier vice-président de l’entreprise, Paul Beauchamp, a accusé les travailleurs de mettre la pérennité de l’usine de Vallée-Jonction en péril. En septembre dernier, Olymel a ajouté un nouveau quart de travail dans un nouvel abattoir situé à l’Ange-Gardien. Il affirme que, si le conflit ne se règle pas, les activités de l'usine de Vallée-Jonction pourraient y être transférées.

On le sait, plus le conflit va durer, plus il y a des chances qu'on perde des employés, plus ça menace la pérennité du deuxième quart de travail, évoque Paul Beauchamp.

C'est aux travailleurs de Vallée-Jonction de nous dire si on va opérer un déplacement de notre production ou si on va toujours considérer de faire de la croissance.

Une citation de Paul Beauchamp, premier vice-président d'Olymel

Aux yeux du président du syndicat, Martin Maurice, il s’agit d’une tactique de l’employeur pour faire peur aux employés.

Depuis que je travaille chez Olymel, il y a toujours eu des menaces, affirme-t-il.

Mais cette éventualité inquiète beaucoup le maire de la petite municipalité, Réal Bisson.

D’entendre ça, ça donne un peu une douche [...] froide, a-t-il réagi en entrevue à Radio-Canada. Je n’ose même pas imaginer ce que ça serait si les opérations d’Olymel diminuaient de façon significative ou arrêtaient.

Ça serait un impact majeur, ça serait désastreux quant à moi. Désastreux pour Vallée-Jonction, mais désastreux pour la région aussi.

Une citation de Réal Bisson, maire de Vallée-Jonction
Le maire de Vallée-Jonction, Réal Bisson devant l'hôtel de ville.

Le maire de Vallée-Jonction, Réal Bisson juge que le départ des activités d'Olymel serait catastrophique pour la région.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Le ton monte

Lundi après-midi, le ton est encore monté d'un cran entre les deux parties. Le syndicat a publié un communiqué assurant qu'il tenait à rectifier certains commentaires véhiculés par Olymel dans les médias au cours des derniers jours.

L’employeur s’est récemment ingéré dans les affaires syndicales en contactant des travailleurs pour les influencer, une pratique qui est interdite selon l’article 12 du Code du travail. Et maintenant, il se permet de diffuser des informations partielles et erronées qui peuvent induire la population en erreur, indique Martin Maurice, président du syndicat.

Il soutient ne pas avoir quitté la table brusquement, il a plutôt informé la conciliation qu’il allait faire le point avec ses membres en assemblée pour les informer de la position de chaque partie et que dans les faits, ni le syndicat et ni Olymel n’ont accepté la proposition de règlement du conciliateur.

Ce à quoi la direction de l'entreprise a répondu par voie de communiqué qu'Olymel et ses représentants ont dûment accepté la proposition du conciliateur, même si des éléments de cette proposition représentaient de nouveaux compromis de la part de l’entreprise.

Les porcheries sous pression

À mesure que la grève se prolonge, des centaines de milliers de porcs s’entassent dans les porcheries québécoises, au détriment de la santé physique et mentale de ces animaux. Depuis le début du conflit de travail, quelque 130 000 porcs n’ont pas pu être abattus, du jamais-vu.

Plusieurs cochons vivent à l'étroit dans une porcherie.

À la porcherie de Louis-Philippe Roy, de nombreux porcs sont prêts à être envoyés à l'abattoir, mais ils devront rester entassés dans un enclos en attendant la fin du conflit de travail chez Olymel.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie

Dans la porcherie de Louis-Philippe Roy, à Saint-Michel-de-Bellechasse, plusieurs animaux sont prêts à partir à l'abattoir. En attendant la fin du conflit de travail, ils continuent à grossir et à s’entasser dans leurs enclos, ce qui provoque du stress et parfois de l’agressivité chez les animaux. Bien qu’une entente conclue par Olymel ait permis de vendre quelques milliers de porcs et de porcelets à l’extérieur de la province, les producteurs québécois sont toujours sous pression.

Quand septembre et octobre vont arriver, on sait que les abattoirs américains seront pleins. Avec [le temps frais], les porcs vont grossir. C'est sûr que le bouchon va exploser, c'est sûr, dit Louis-Philippe Roy, deuxième vice-président des Éleveurs de porcs du Québec.

Éviter un gigantesque gaspillage alimentaire

Lundi, le président des Éleveurs de porcs du Québec a de nouveau demandé au ministre Boulet d’intervenir pour éviter l’euthanasie de ces animaux, ce qui provoquerait un énorme gaspillage alimentaire à l’image de celui provoqué par le conflit de travail à l’abattoir de poulets d’Exceldor.

Un porc, ça fait 600 repas. Mille porcs, c'est 600 000 repas qui seraient gaspillés. La pression est énorme sur nous, affirme David Duval.

Le ministre, pour moi, c'est le conciliateur en chef. C'est lui qui doit voir au bon fonctionnement du Québec. [...] Le rôle qu'il doit jouer ce matin, c'est un rôle sociétal.

Une citation de David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec

Jean Boulet assure qu’il suivra le dossier de près, mais qu’il ne peut intervenir directement dans un conflit de travail privé.

Éventuellement, j'aurai à communiquer avec les deux parties, pour m'assurer qu'on connaisse un aboutissement dans les meilleurs délais possibles, a assuré le ministre.

Le syndicat des employés d’Olymel a quant à lui convoqué ses membres à une rencontre mardi matin.

Avec les informations de Colin Côté-Paulette, de Marc-Antoine Lavoie et de Pierre-Alexandre Bolduc

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