Le nombre de plaintes au service 311 d’Ottawa a bondi durant la pandémie

Ce sont les plaintes pour le bruit qui ont le plus augmenté (archives).
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le nombre d’appels et de plaintes adressés au service de la réglementation municipale d’Ottawa a bondi durant la pandémie, selon des données obtenues par CBC.
Entre avril 2020 et mars 2021, les Ottaviens ont adressé 11 000 appels de plus au service 311 qu'à la même date un an plus tôt. Ceci représente une hausse de 20 %. Une majorité de cette augmentation concerne des plaintes relatives au bruit, aux animaux domestiques, à l’entretien de la propriété et aux travaux de construction.
La plupart des plaintes adressées au service 311 d’Ottawa, entre avril 2020 et mars 2021, provenaient des quartiers du centre-ville de Rideau-Vanier et Somerset, qui ont enregistré ensemble près de 30 % des plaintes au sujet de musique forte, des déchets, du bruit et de la construction.
Le conseiller municipal de Rideau-Rockliffe, Rawlson King, ne s'étonne pas de ce qu'il qualifie d' « explosion » de plaintes.
À son avis, le fait que de nombreux résidents font du télétravail depuis le début de la pandémie rend ceux-ci plus susceptibles de se tourner vers le service 311. Il estime que certains ont été plus sensibles qu'à l'habitude.
« Je pense que nous devons être plus aimables les uns envers les autres et travailler à de réelles résolutions de conflits. C’est ce que font les communautés et je pense qu’on est un peu dans un déséquilibre », a-t-il dit en entrevue, insistant sur le fait que l'état d'urgence a été maintenu pendant environ 15 mois dans la ville.
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Des voisins bruyants
Les plaintes pour le bruit sont celles qui ont le plus augmenté. La Ville d’Ottawa a entendu 1500 plaintes de plus pour de la musique trop forte, notamment, entre avril 2020 et mars 2021, qu’au cours de l’année précédente.

Le nombre de plaintes pour le bruit a considérablement augmenté pendant la pandémie à Ottawa (archives).
Photo : iStock
Le nombre de plaintes concernant l’utilisation de feux d'artifice a également presque doublé pendant la pandémie, avec un bilan qui frôle les 300 signalements au cours de la période étudiée.
Les habitants de la capitale fédérale ont également déposé des centaines d'autres plaintes pour des déchets extérieurs, l'entretien des bâtiments et des rues, ainsi que le bruit engendré par les travaux de construction – ce qui n’est pas nécessairement une surprise dans un contexte de boom de la construction alimenté par la pandémie.
Seringues et aiguilles souillées
Reflétant une augmentation de la consommation de drogues pendant la pandémie, les appels concernant des seringues et des aiguilles souillées laissées au sol ont pour leur part augmenté de 54 %.
Une résidente du quartier Côte-de-Sable très impliquée au niveau communautaire, Susan Young, s'inquiète tout particulièrement de cela. Elle estime aussi que les services disponibles sont insuffisants pour les personnes aux prises avec des problèmes de dépendance ou qui se retrouvent en situation d'itinérance.
« Les services sociaux, il faut que ce soit 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. [...] Ces gens-là ont besoin de soutien, surtout pendant la pandémie de COVID-19 », a-t-elle soutenu en entrevue.
Il y a un vrai problème du côté de la Ville.
La plupart des appels au 211, la ligne d’aide en matière de services sociaux et communautaires, provenaient des quartiers Somerset et Rideau-Vanier.
L'intervenant Rob Boyd, directeur du programme Oasis au Centre de santé communautaire Côte-de-Sable, a noté, de son côté, que le nombre de seringues utilisées par les consommateurs a bondi en raison de la circulation du fentanyl dans la rue. L'effet est de plus courte durée et la fréquence des injections a augmenté, a-t-il expliqué.
« Ce qui était auparavant 3 à 4 seringues par jour est maintenant 10 à 15 au quotidien en raison des changements dans l'approvisionnement en drogues », a-t-il dit.

Rob Boyd, directeur du programme Oasis au Centre de santé communautaire Côte-de-Sable
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
Clôtures et pelouses mal entretenues
Des propriétaires d'Ottawa ont aussi visiblement profité du confinement pour construire plus de clôtures. Les demandes d’information à ce sujet, souvent le précurseur d'une plainte, ont plus que doublé.
Les Ottaviens ont également fait plus de 2000 signalements pour des pelouses de voisins mal entretenues. Les habitants des quartiers Barrhaven, Collège et Kanata-Nord seraient les pires contrevenants dans cette catégorie, à en juger les données de la Ville d’Ottawa.

Le service 311 de la Ville d'Ottawa a constaté une hausse des plaintes pour des pelouses mal entretenues au cours de la pandémie (archives).
Photo : Radio-Canada / Fiona Collienne
Explosion des plaintes concernant les ordures
Les appels à la ligne 311 de la Ville d’Ottawa indiquent que les locataires vivant en appartement n'ont pas eu la vie facile pendant la pandémie.
Le confinement à la maison a ainsi généré une plus grande production d'ordures dans les immeubles à logements.

Le nombre de plaintes relatives au ramassage des ordures a aussi bondi (archives).
Photo : Radio-Canada / Jean-François Fortier
Si bien qu’entre avril 2020 et mars 2021, la Ville d’Ottawa a traité près de 4000 plaintes concernant le ramassage des déchets dans les immeubles locatifs, contre 709 un an auparavant. Il s'agit d'une augmentation de 450 %.
Et avec les déchets viennent les parasites... Il y a eu près de 200 appels supplémentaires au sujet de rats à l'intérieur et à l'extérieur des immeubles, principalement dans les quartiers du centre-ville.
Des animaux de compagnie qui dérangent
Les rats n'ont pas été les seules créatures à provoquer des confrontations durant la pandémie.
Alors que les jeunes familles et les nouveaux propriétaires de chiens affluaient dans les parcs publics pour se dégourdir et prendre l’air, les plaintes concernant les chiens dans ces parcs ont grimpé en flèche.

Le nombre de plaintes concernant les chiens dans les parcs à Ottawa a grimpé en flèche (archives).
Photo : Thao Naranin
Les appels pour des chiens sans laisse ou enfreignant les règlements municipaux ont augmenté de 76 %. Ceci représente près de 300 plaintes de plus qu'en 2019-2020. Elles ont principalement été enregistrées dans le quartier ouest du centre-ville de Kitchissippi et dans la région rurale de Rideau-Goulbourn.
Les perturbations causées par les chats ont également augmenté de 28 % et les appels concernant les animaux exotiques ont plus que doublé. Bon nombre de ces appels provenaient du quartier Kanata.
Malgré une augmentation bien documentée du nombre de propriétaires d'animaux de compagnie pendant la pandémie, les appels pour l’enregistrement et les permis animaliers pour les chiens et les chats ont en fait chuté par milliers.
Cette donnée soulève des questions quant au nombre de propriétaires qui possèdent des animaux sans médaille de la ville.
Les appels au sujet d'animaux blessés ont par ailleurs augmenté de 20 %.
COVID-19
La ligne 311 a également répondu à quelque 3200 appels entourant le règlement sur le port obligatoire du masque. Parmi ceux-ci, un peu moins de 140 ont donné lieu à des accusations, a indiqué un porte-parole de la Ville d’Ottawa à CBC.
Au total, près d'un appel sur quatre entre avril 2020 et mars 2021 avait comme objet la COVID-19, la plupart au sujet des restrictions provinciales.
Enfin, avec une grande partie de la population à la maison, il n'y a eu pratiquement aucune plainte concernant les taxis durant la pandémie.
Les appels au sujet des infractions liées au tabac dans les écoles et les établissements de soins de longue durée, ainsi que sur les terrains de la ville ont aussi chuté.
Avec les informations de John Last et de Frédéric Pepin