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Le Canada célèbre officiellement pour la première fois le Jour de l'émancipation

Une personne noire lève le poing en l'air.

Une femme lève le poing lors d'une marche dans le cadre de la Journée de l'émancipation à Vancouver en 2020.

Photo : The Canadian Press / DARRYL DYCK

Radio-Canada

Le Jour de l'émancipation et ses célébrations, marquant la loi de 1834 sur l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique, sont officiellement reconnus pour la première fois cette année par Ottawa. La date du 1er août était toutefois commémorée par la communauté afro-canadienne depuis des décennies, et ce, bien avant la Confédération.

Le 24 mars 2021, les membres du Parlement ont voté à l'unanimité pour désigner le 1er août comme Jour de l'émancipation au Canada, un rappel du 1er août 1834, date à laquelle l'esclavage a été aboli dans les colonies britanniques, dont le Canada.

Dimanche, le premier ministre a adressé un communiqué à l'occasion de cette nouvelle Fête nationale qui marque une étape importante dans la quête de liberté, de justice et d'égalité, mais qui permet aussi de célébrer les réalisations des Canadiens noirs.

Aujourd'hui, nous reconnaissons et honorons les personnes d'ascendance africaine pour leur courage, leur détermination et leur résilience face aux effets dévastateurs de la traite transatlantique des esclaves sur leurs libertés individuelles, leurs familles et leurs cultures. Pour les Canadiens noirs, cette journée représente le point culminant de décennies d'activisme au sein des communautés noires et alliées.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

La motion a été présentée par le député libéral Majid Jowhari, qui représente la circonscription de Richmond Hill, en Ontario. Celle-ci a été appuyée par le député conservateur Alex Ruff d'Owen Sound, en Ontario, où le Jour de l'émancipation est célébré depuis 1862.

Le reportage de Xavier Savard Fournier

Prise de conscience accrue

Le président du conseil d'administration du festival de l'émancipation, Jeffrey Smith, a déclaré qu'il était important que cette journée soit enfin reconnue à l'échelle nationale, après avoir été célébrée à Owen Sound pendant 159 ans.

Owen Sound était le point d'arrivée le plus au nord du chemin de fer clandestin, un réseau de routes secrètes et de refuges permettant aux Noirs d'échapper à l'esclavage aux États-Unis.

Mes parents sont probablement en train d'applaudir de là-haut, en ce moment, s’est-il réjoui, en mentionnant que les partis politiques semblent s'ouvrir de plus en plus à la reconnaissance des problèmes de société, notamment au racisme et à la pauvreté.

Je pense que l'éducation et Internet ont fait un travail formidable en termes de sensibilisation des gens. Cette prise de conscience a fait évoluer les choses.

Une citation de Jeffrey Smith, Festival de l'émancipation de Owen Sound

Le meurtre de George Floyd par un policier de Minneapolis en mai 2020 et les émeutes qui ont suivi ont notamment conduit à une prise de conscience accrue du racisme, croit M. Smith.

Une parade de fierté noire

Les célébrations du jour de l'émancipation ont amené des dizaines de milliers de Canadiens et d'Américains au parc Jackson à Windsor le 31 juillet 1950.

Photo : Windsor Star, 1950

Il a ajouté que le festival d'Owen Sound a évolué au fil des ans, passant d'un pique-nique rassemblant exclusivement des membres de la communauté noire à des événements incluant des personnes de toutes origines confondues.

Des années 1930 aux années 1960, une célébration du Jour de l'émancipation à Windsor, en Ontario, a entre autres attiré des milliers de participants, dont des célébrités et des leaders des droits civiques de partout aux États-Unis.

En Ontario, le Jour de l'émancipation est reconnu depuis 2008, et la ville de Vancouver lui a emboîté le pas en 2020.

Jeffrey Smith a également tenu à mentionner l’importance de reconnaître le rôle et le soutien des peuples autochtones de la région, qui ont aidé les esclaves qui s'échappaient par le chemin de fer clandestin.

Des personnes lèvent le poing.

Le Jour de l'émancipation était déjà célébré le 1er août dans certaines villes au Canada, comme ici à Vancouver, en 2020.

Photo : The Canadian Press / DARRYL DYCK

Un rappel de ce qu'il reste à faire

La sénatrice Wanda Thomas Bernard, de la Nouvelle-Écosse, demandait depuis des années que ce jour soit reconnu au niveau fédéral. Elle avait d’ailleurs présenté un projet de loi d'initiative parlementaire au Sénat en 2018, mais il n'avait pas dépassé la première lecture.

Lorsque la motion a été adoptée en mars, elle a déclaré qu'elle espérait que ce geste créerait un point d'ancrage pour que le Canada s'oriente vers d'autres réparations.

Pour la sénatrice Thomas Bernard, les Canadiens ont encore beaucoup à apprendre sur l'histoire de l'esclavage dans ce pays.

Il est important pour nous de reconnaître comment l'esclavage est réellement ancré dans le racisme anti-Noirs actuel que nous vivons [et] dans les conditions actuelles de racisme systémique que nous essayons de combattre

Une citation de Wanda Thomas Bernard, sénatrice de la Nouvelle-Écosse
Wanda Thomas Bernard

La sénatrice Wanda Thomas Bernard.

Photo : CBC / Dalhousie News

La cheffe du Parti vert, Annamie Paul, première dirigeante noire d'un grand parti politique au Canada, a pour sa part déclaré que le Jour de l'émancipation avait été ignoré pendant trop longtemps.

Pendant près de 200 ans, le Jour de l'émancipation n'a généralement pas été commémoré ni enseigné, bien que les personnes d'origine africaine vivent au Canada depuis la traite transatlantique des esclaves et que les peuples autochtones de ces territoires soient antérieurs aux colonialistes.

Une citation de Annamie Paul, cheffe du Parti vert du Canada
 Annamie Paul, les mains jointes, sourit.

Annamie Paul, lors d'une conférence de presse le 19 juillet.

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Des propos qui semblent avoir fait écho à Ottawa puisque le premier ministre Trudeau a reconnu dimanche que les Canadiens noirs continuent d'être victimes de préjugés, de discrimination et de disparités de longue date dans l'accès à l'éducation, au logement et à l'emploi, ce qui limite leur participation pleine et égale à la société.

Malgré l'abolition de l'esclavage il y a près de deux siècles, l'héritage du racisme envers les Noirs est toujours présent aujourd'hui, ancré dans nos institutions, nos politiques et nos pratiques.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

L'histoire de l'esclavage, de la ségrégation raciale et de la marginalisation des personnes d'origine africaine au Canada est une partie de l'histoire du pays qui est souvent oubliée, a-t-il poursuivi, en rappelant les effets du racisme systémique sur cette communauté.

Plusieurs rassemblements et célébrations ont lieu dimanche dans plusieurs villes du pays pour commémorer les 187 ans de l’émancipation.

Avec les informations de CBC

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