L’immeuble du CLSC de Quyon à vendre : le CISSS de l’Outaouais montré du doigt

La pancarte à vendre en a surpris plus d'un dans la région.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
La pancarte « À vendre » installée dans la fenêtre de l’immeuble qui héberge le CLSC de Quyon, en Outaouais, fait craindre le pire dans la communauté. Des résidents accusent la gestion du Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de l’Outaouais d’être au cœur du problème.
La docteure Ruth Élaine Vander Stelt, qui y travaille depuis 27 ans, dit elle-même avoir été estomaquée
.
On n’a eu aucun avis préalable, et depuis que [la pancarte] est affichée, on n’a eu aucune nouvelle de nos gestionnaires. Je ne sais pas où je vais pratiquer dans un mois
, a-t-elle déploré.
Je suis la seule médecin qui reste ici sur le territoire, et j’arrive devant une pancarte qui me dit que je n’aurai pas de place où pratiquer dans un mois?
, s'étonne-t-elle.
« S’il n’y a pas de place pour pratiquer, je vais mettre un kiosque dans le stationnement en face. Moi, je vais être là pour la population, même si le CISSS de l’Outaouais n’est pas là. C’est épouvantable ce qui se passe. »
La Dre Vander Stelt demande que le CLSCIci, ce n’est pas juste de la médecine. Il y a de la dépendance, des soins à domicile, des travailleurs sociaux pour les enfants. La DPJ et la police viennent ici. C’est un noyau.
Il n’y a pas que la docteure qui soit complètement outrée par la nouvelle et les répercussions de celle-ci. La population a elle aussi rapidement convergé vers le bureau de la professionnelle de la santé.
Les gens pleurent dans mon bureau. On me demande où ils vont aller pour leurs soins. La moitié du village vient ici. Jeudi, j’ai ajouté neuf patients à ma liste pour ne pas qu’ils se rendent à la salle d’urgence en milieu urbain.
La propriétaire de l’immeuble, Johanne Marcotte, précise qu’elle le met à vendre étant donné qu’elle désire augmenter le loyer depuis 2019 et que le CISSS
de l’Outaouais n’a jamais répondu à sa demande.Les coûts n’ont pas changé depuis 20 ans. Je ne veux pas que [le CLSC déménage], il faut s’adapter au changement. Je leur ai envoyé une note en 2019 et j’ai eu une réponse huit mois plus tard. Mon dernier contact avec [le CISSS de l’Outaouais] a été du 2 mars
, explique-t-elle.
La femme d’affaires aurait préféré que la situation ne se règle pas sur la place publique et ne prenne pas de telles proportions. Je n’ai jamais vu cela
, dit celle qui gère plusieurs autres immeubles en toute simplicité.
De son côté, le CISSS
de l’Outaouais assure qu’il n’a jamais été question de déménager ni de fermer le CLSC .Par courriel, un porte-parole de l’établissement soutient qu’un processus de renouvellement est en cours et qu’une rencontre avec la propriétaire est prévue la semaine prochaine.
D'après la porte-parole de la Voix du Pontiac, Josey Bouchard, cette crainte de perdre un CLSCdévitalisée
est inadmissible
.
« Personne ne veut prendre de responsabilité, personne ne veut faire ce qu’il a à faire, c’est vraiment désolant. »
Le député Fortin appuie la cause
Natif de la région, le député libéral de Pontiac, André Fortin, était sur place, vendredi, pour appuyer la cause. À ses yeux, ce CLSCJe venais ici à l’âge de 2 ou 3 ans. Mon grand-père a contribué à amener le CLSC ici.
De brefs contacts avec des concitoyens de Quyon lui ont permis de dresser le même constat que la Dre Vander Stelt. Cette situation crée de l’incertitude, et il n’y a pas de raison pour la créer. Malheureusement, on parle de dysfonctionnements du CISSS de l’Outaouais, qui n’a pas retourné les appels.
Ce n’est pas une question budgétaire, ce n’est pas une question d’allocation de ressources. C’est une question d’organisation et de respect dans la façon que le CISSS de l’Outaouais traite ses partenaires
, dit celui qui déplore une absence de leadership.
Le député demande de mettre fin à l’incertitude et qu’un bail soit signé en bonne et due forme, afin de rassurer la population et les employés.
Avec les informations de Frédéric Pepin