La semaine de 4 jours dans la mire des jeunes libéraux
Ils proposent de réduire la semaine de travail, sans toucher au salaire des travailleurs, pour favoriser la conciliation travail-famille.

Travailler 4 jours par semaine au même salaire? Un rêve de plusieurs employés que la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec aimerait voir devenir réalité.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Commission jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) propose de modifier la loi sur les normes du travail afin de réduire la durée normale de la semaine de travail des Québécois sans pour autant diminuer leur salaire.
L'idée est d'implanter une semaine de 4 jours sans allonger la journée de travail.
Le nombre d'heures maximum à travailler par semaine passerait de 40 à 32, mais les employés n'auraient pas à se priver d'une portion de leur rémunération, explique Frédérique Gamache-Lavoie, la présidente de la commission jeunesse du PLQ.
L'employeur devrait payer 4 des 8 heures manquantes et le gouvernement assumerait le reste.
On veut proposer une journée de congé pour les employés, pas changer le rythme de travail de 8 heures par jour.
Pour financer la mesure, les jeunes libéraux comptent sur les bénéfices que la mesure va apporter.
On considère qu'une bonne santé familiale améliore la santé mentale des employés
, précise la jeune militante libérale. Des employés heureux, ce sont des employés qui ne partent pas en congé maladie [...] Ça vient réduire les coûts à ce niveau-là pour le gouvernement.

Frédérique Gamache-Lavoie, présidente de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec
Photo : Radio-Canada
C'est l'une des résolutions sur lesquelles les jeunes libéraux seront appelés à se prononcer lors de leur congrès du 14 août prochain à Trois-Rivières. La résolution prévoit que les modifications seront applicables à tous les secteurs couverts par la loi, à l’exception de ceux dont une étude indépendante aura souligné la non-viabilité économique d’une telle mesure
, peut-on lire dans le cahier de propositions qui sera présenté aux membres.

Reportage de Valérie Gamache.
L'exemple de l'Islande
Cette idée que les jeunes libéraux débattront est en voie de devenir réalité en Islande.
Le pays a mené deux projets pilotes entre 2015 et 2019. Ainsi, 2500 fonctionnaires municipaux y travaillaient de 35 à 36 heures par semaine au lieu 40, sans incidence sur sur leur salaire.
L'expérience a été couronnée de succès, selon l'analyse des chercheurs islandais de l’Association pour la démocratie durable (Alda) et du groupe britannique Autonomy.
Dans leur rapport publié en juin dernier, ils concluent que le bien-être des travailleurs augmente de façon significative, tout comme l'équilibre travail-famille, sans impact sur la productivité, qui s'est maintenue et même améliorée dans certains cas.
Contexte de pénurie de main-d'œuvre
En contexte de pénurie de main-d'œuvre, il est toutefois peu réaliste de prendre un tel virage au Québec.
Quand les employeurs sont déjà en train de s'arracher les cheveux à savoir comment ils vont réussir à se doter d'assez de personnel pour livrer le travail qu'ils ont à faire, il est difficile de penser comment ils pourraient se permettre de perdre une journée par semaine
, explique Marianne Plamondon, avocate spécialisée en droit du travail et ancienne présidente de l'Ordre des conseillers en ressources humaines.
Je ne vois pas comment c'est possible dans le contexte actuel.
Un argument que réfutent les jeunes libéraux.
On a constaté une augmentation de la productivité des employés. Donc, en augmentant la productivité, on est capable de faire en sorte que les employés vont rentrer en 4 jours ce qu'ils font normalement en 5 jours
, réplique la présidente de la commission jeunesse du PLQ.
Mais pour l'instant, les employeurs misent sur la flexibilité pour améliorer le bien-être de leur personnel.
À partir du moment que le travail se fait bien à distance, on voit que des employeurs qui donnent une flexibilité aux employés, aux jeunes parents pour leur permettre de concilier et, veut, veut pas, le fait de perdre le temps de déplacement et de l'avoir en famille, c'est une valeur ajoutée pour l'employé
, souligne Me Plamondon.
Une vérité semble quand même s'imposer dans le débat : les employeurs doivent en faire davantage pour répondre aux attentes de la nouvelle génération de travailleurs et assurer un meilleur équilibre travail-famille.
Les jeunes se soucient beaucoup plus de la santé mentale, se soucient aussi du bien-être et ils veulent voir des changements à ce niveau-là
, conclut Frédérique Gamache-Lavoie.
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