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Surchargées par la pandémie, des infirmières en nombre record au-dessus des 100 000 $

C'est de l'argent dont se seraient passées celles qui ont fait du travail supplémentaire contre leur gré.

Des infirmières discutent.

Les infirmières ont multiplié les heures supplémentaires pour lutter contre la COVID-19, parfois contre leur gré.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Près de 14 000 infirmières du Québec ont fait tellement d'heures supplémentaires durant la dernière année qu'elles ont dépassé les 100 000 $ de rémunération, révèlent des données dévoilées par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Même des préposés aux bénéficiaires surchargés par la pandémie ont plus que doublé leur salaire pour atteindre les six chiffres.

Entre avril 2020 et mars 2021, 27 % des infirmières ont gagné plus de 100 000 $. À titre de comparaison, ce sont 3 % des infirmières qui atteignaient ce niveau de rémunération en 2017-2018.

Les données du ministère n'incluent même pas les infirmières d'agences de placement qui sont mieux rémunérées que celles qu'emploie directement le réseau public.

Durant la première année de la pandémie, le gouvernement a versé près de 8 milliards de dollars de rémunération à ses infirmières, infirmières auxiliaires et préposées aux bénéficiaires, dont :

  • 6 milliards $ en salaire
  • 736 millions $ en primes « COVID »
  • 503 millions $ en autres primes
  • 534 millions $ en heures supplémentaires

Une infirmière aurait gagné plus de 300 000 $

Le président du Syndicat des professionnelles en soins de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, Denis Cloutier, affirme qu'une de ses membres infirmières a même gagné plus de 300 000 $ à cause des heures supplémentaires l'an dernier. Elle travaille 16 heures par jour, 7 jours par semaine, raconte-t-il.

C'est un problème qu'on ne veut pas regarder. On ferme les yeux sur le fait que quelqu'un travaille à ce point-là, regrette Denis Cloutier.

« Forcément, ça représente un risque. Quand on parle de 90 heures par semaine, je ne crois pas qu'on peut maintenir la vigilance. »

— Une citation de  Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l'Est-de-l'Île-de-Montréal

Pour certaines infirmières, le travail supplémentaire est volontaire, mais pour un grand nombre, il est obligatoire. Des travailleuses de la santé ont momentanément cessé le travail durant la pandémie pour dénoncer l'épuisement causé par les heures supplémentaires forcées.

Cela démontre toute l’intensité du travail de la dernière année effectué par nos membres pour soigner la population pendant la pandémie, réagit Nancy Bédard, présidente de Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ.

C’est aussi un indice incontestable de la surcharge de travail, qui a trop souvent conduit nos membres à l’épuisement professionnel ou à l’exode pour sauver leur peau, ajoute-t-elle.

Une infirmière sur quatre a gagné plus de 100 000 dollars durant la première année de la pandémie au Québec. C'est un record. Parmi les raisons : les heures supplémentaires, trop souvent obligatoires, qui les épuisent. Reportage de Nancy Caouette

Des préposés doublent leur salaire

Les données du ministère révèlent que 208 préposés aux bénéficiaires ont gagné plus de 100 000 $ l'an dernier, grâce aux primes et aux heures supplémentaires. Avec un salaire de base de 49 000 $, ça signifie que plusieurs ont doublé leur rémunération.

Le président du Syndicat des employés du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) Claude Talbot aurait préféré que deux préposés soient payés 60 000 $ plutôt qu'un seul rémunéré 120 000 $.

« Ces gens-là, ils n'auraient pas fait autant de temps supplémentaire si on avait eu la main-d'œuvre adéquate pour assurer les soins à la population. »

— Une citation de  Claude Talbot, président du Syndicat des employés du CHUM

Le palmarès des régions

On dépasse le tiers d'infirmières payées plus de 100 000 $ à l’Institut de cardiologie de Montréal, au CISSS de la Côte-Nord et au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Avec la collaboration de Daniel Boily

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