Université de l’Ontario français : 75 % des étudiants ne sont pas ontariens

Le campus de l'Université de l'Ontario français sera situé rue Lower Jarvis, dans un immeuble neuf du centre-ville de Toronto.
Photo : Capture d'écran - Google Street View
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Malgré une campagne exhaustive de recrutement sur les médias sociaux et des publicités placardées sur des immeubles un peu partout au centre-ville de Toronto, les élèves des écoles secondaires de l'Ontario auront vraisemblablement boudé l'Université de l'Ontario français (UOF) pour la première rentrée.
À un peu plus d'un mois du début des cours, l'UOF
compte 117 étudiants inscrits à temps plein, qui proviennent principalement d'autres provinces et de l'international, ou alors qui sont des adultes.L'UOFla répartition ne peut pas être représentative à ce stade-ci
du démarrage de l'université.
Des données publiées par la province révèlent cependant que les élèves du secondaire représentaient moins de 5 % des demandes d'admission en date du 14 juillet.
Seuls deux élèves ontariens ont choisi un programme de l’UOF
comme premier choix.L'Université de l'Ontario français et son nouveau recteur, Pierre Ouellette, ont maintes fois blâmé l’approbation tardive des programmes par le gouvernement Ford en octobre 2020, ainsi que le contexte particulier de la pandémie, pour expliquer le petit nombre d'inscriptions.
L'objectif, déjà révisé à la baisse (la cible était de 300 au départ), était de 200 étudiants.
La vice-rectrice adjointe au recrutement et aux communications pour l'UOF
, Carole Nkoa, dit que l'Université a effectivement misé sur le recrutement des étudiants étrangers, en provenance par exemple du Cameroun, du Maroc et d'Haïti.Au moment où nous avons débuté la promotion des programmes, le cycle d’admission en Ontario et au Canada était alors déjà bien avancé
, explique-t-elle.
L'UOFce n’est pas une donnée normalement véhiculée par les universités
, bien que d'autres universités divulguent ce type de données.
Par et pour qui?
Les taux d'inscriptions initiaux corroborent toutefois les conclusions de l'étude Malatest, commandée par la province en 2017 pour appuyer la création de l'université.
Elle prédisait qu’entre 75 % et 90 % de la demande d'une université francophone à Toronto proviendrait des apprenants adultes et étrangers.
En février, la présidente du conseil des gouverneurs de l’Université, Dyane Adam, confiait d'ailleurs à Radio-Canada que les adultes, les immigrants qui ont besoin de mise à niveau, qui ont besoin d'expériences canadiennes, c'est ça notre marché, nous, à Toronto!
L'ancien président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), Pablo Mhanna-Sandoval, a longtemps milité en faveur du projet de l'Université de l'Ontario français.
Il dit aujourd'hui sentir une grande déception
par rapport au faible intérêt suscité jusqu'ici chez les élèves du secondaire de l'Ontario.
Je peux maintenant avouer deux, trois ans plus tard que je n'étais pas inspiré par les programmes annoncés par l'Université de l'Ontario français lors de sa conception. Bien sûr, j'ai gardé mon silence, mais l'état de la situation me pousse à me prononcer aujourd'hui
, confie l'ancien leader étudiant.
Les programmes tels le baccalauréat en études de la pluralité humaine, dit-il, inspirent difficilement les étudiants de sa génération, qui sortent du secondaire dans une ère très instable économiquement
.
« La chair sur l'os de l'expérience postsecondaire est malheureusement absente de cette institution. »
M. Mhanna-Sandoval dit d'ailleurs être d'accord avec l'un des plus virulents critiques de l'UOF
, le professeur à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa François Charbonneau.Ce dernier argue qu'il aurait fallu y rapatrier les sections francophones des universités Laurentienne et d’Ottawa.
Une enquête de Radio-Canada révélait plus tôt cette année cependant que le contexte politique se prêtait très mal à cette option, puisque des dirigeants des universités bilingues ont milité pour que l'UOF ne voie jamais le jour.
L'AFO inébranlable dans son appui
Aucun porte-parole de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) ou de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) n'était disponible jeudi pour commenter.
Le président de l'AFOont cosignée (Nouvelle fenêtre) plus tôt cette année en appui au projet.
, Carol Jolin, a redirigé Radio-Canada vers la lettre ouverte que les groupesBâtissons ensemble l’Université de l’Ontario français et ils viendront! Nous le croyons toujours. Donnons-nous lui chance de bien s’établir, elle nous rendra fiers pour les années à venir!
, écrivaient-ils.
De son côté, le directeur général du Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO) rappelle que c'est une nouvelle université qui doit encore bâtir sa notoriété. On s'attend à une croissance des étudiants de la province.
François Hastir demeure pragmatique : il est important que l'UOF
attire des étudiants étrangers, mais ses programmes doivent aussi répondre aux besoins des jeunes Franco-Ontariens et les intéresser.« Même si on n'est pas inquiets pour cette année, si on continue de voir ces chiffres-là dans un, deux ou trois ans, il y aura lieu de se poser des questions. »
Pour la rentrée de 2022, l'UOF
mise sur un nouveau programme de baccalauréat en éducation.En plus de viser à répondre au besoin criant d'enseignants francophones en Ontario, le programme plus conventionnel
, qui est en cours d'approbation, aura le potentiel d'attirer davantage d'étudiants ontariens, souligne-t-il.
C'est certain que les programmes principaux, tels qu'ils ont été annoncés, la population avait de la difficulté à les comprendre.
Le nombre d'étudiants inscrits à l'UOF
pourrait fluctuer dans les prochaines semaines, prévient aussi l'Université, puisqu'ils ont jusqu’au 30 septembre 2021 pour confirmer leur inscription ou se désister.