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Pensionnats autochtones : des traumatismes qui transcendent les générations

Des chaussures déposées devant l'ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops.

Des chaussures déposées devant l'ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops.

Photo : Radio-Canada / Alex Lamic

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les traumatismes sont nombreux et importants chez les membres des communautés autochtones qui ont fréquenté les pensionnats.

C’est la conclusion d’une étude de 2016 menée par la professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et cotitulaire de la chaire de recherche VISAJ sur la vie et la santé des jeunes, Jacinthe Dion, portant sur les traumatismes intergénérationnels liés aux pensionnats autochtones. Elle avait mené ce chantier en compagnie de trois collègues. Elle est revenue sur les résultats de l’étude dans une entrevue accordée à l’émission Place publique, jeudi après-midi.

Au cours des dernières semaines, le pays tout entier a été bouleversé par les découvertes près des sites ayant accueilli des pensionnats dans des provinces de l’Ouest canadien où des corps de centaines d’enfants ont été retrouvés. Le sort tragique de milliers d'enfants autochtones est bien documenté. Entre 1870 et 1990, au pays, plus de 150 000 enfants autochtones ont été envoyés de force dans 139 pensionnats gérés par des organisations religieuses.

Les résultats de l’étude de Jacinthe Dion ont révélé “que la fréquentation des pensionnats est associée à une probabilité plus élevée d’avoir vécu des traumas (agression sexuelle, agression physique, violence conjugale, etc.) dans l’enfance ou à l’âge adulte”. Les chercheuses ont rencontré 301 personnes issues de communautés autochtones pour mener à terme leur projet. Parmi elles, plus du quart ont été amenées dans les pensionnats et près de la moitié ont eu un parent qui les a fréquentés.

« On s’est rendu compte que d’avoir vécu les pensionnats, ça fait en sorte qu’à l’âge adulte, on a plus de détresse psychologique, on a plus de consommation d’alcool et de drogues, mais chez les enfants, maintenant rendus adulte, qui ont un parent qui ont vécu les pensionnats, on remarque aussi qu’il y a plus de détresse chez ces personnes.  »

— Une citation de  Jacinthe Dion, professeure en psychologie à l'UQAC et cotitulaire de la chaire de recherche VISAJ sur la vie et la santé des jeunes

Si dans certains cas, les sévices vécus sont reproduits chez autrui, même des années après avoir vécu dans ces pensionnats, il arrive que ce cycle de détresse soit cassé

Ce n’est pas parce qu’on vit des traumatismes qu’on va les transmettre, sinon, on ne s’en sortirait jamais. Il y en a plusieurs qui guérissent et ce n’est pas parce qu’on a été agressé qu’on devient agresseur, explique la professeure, qui a été impressionnée par la résilience des Autochtones à travers ses recherches malgré toutes les épreuves qu’ils ont traversées.

Avec les macabres découvertes des dernières semaines, le temps est venu de passer à l’action pour permettre aux peuples autochtones de s’épanouir, croit Jacinthe Dion.

On est teinté par notre culture, mais il faut être ouvert qu’il y a des façons différentes qui peuvent être tout aussi bien. Si on veut vraiment s’attaquer aux problèmes, il faut changer les institutions. Ce n'est pas un problème individuel, c'est vraiment plus large.

Avec Catherine Doucet

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