Théâtre : comment sauver les décors du dépotoir?

L’entreprise Écoscéno a commencé ses activités en octobre 2019. Elle a maintenant remis en circulation 168 tonnes de matériaux qui ont été utilisés dans des décors à Québec, à Montréal et dans les environs.
Photo : Avec la gracieuseté d'Écoscéno / Photo : Yanick Macdonald
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Que deviennent les décors d’une pièce de théâtre une fois le rideau retombé? Trop souvent, ces matériaux prennent le chemin de l’enfouissement. S’il existe à Montréal une entreprise favorisant leur remise en circulation, les artisans d’Ottawa-Gatineau récupèrent déjà les leurs de façon informelle – mais une initiative semblable serait bienvenue, disent certains.
Anne-Catherine Lebeau est la fondatrice d'Écoscéno, une entreprise d’économie sociale qui récupère des décors de théâtre, de télévision et de cinéma et les remet en circulation. Depuis octobre 2019, l’organisation montréalaise est parvenue à détourner du dépotoir 168 tonnes de matériaux qui avaient été utilisés à Québec, à Montréal et dans les environs.
Il n’y a pas de données exactes sur la quantité de décors qui sont jetés chaque année, mais une chose est certaine, soulève-t-elle au micro des Matins d’ici : on a constaté de nos yeux qu’il y a un problème
.
Des données calculées dans le milieu du cinéma en France indiquent qu’un seul tournage peut produire 15 tonnes de déchets. Au Québec, grosso modo, on peut généralement se dire qu’un spectacle dans une assez grande salle, ça va produire l’équivalent d’un grand conteneur de déchets pour une production qui va durer environ trois semaines, en général
, explique Mme Lebeau.

Il n’y a pas de données exactes sur l’empreinte écologique de la production culturelle au Québec, mais selon Anne-Catherine Lebeau, une pièce de théâtre ou une seule journée de tournage pour une publicité peuvent toutes deux remplir l’équivalent d’un conteneur à déchets.
Photo : Avec la gracieuseté d'Écoscéno / Photo : Yanick Macdonald
Et dans la région?
Il n’existe pas d’organisation semblable dans la région d’Ottawa-Gatineau. Mais selon Danielle Le Saux-Farmer, directrice artistique et générale du Théâtre Catapulte, la récupération se fait déjà.
L'avantage à Ottawa, c'est que c'est tellement petit [en comparaison avec Montréal et Québec] que souvent [les gens] avec qui on travaille savent à peu près ce qui s'est joué dans les dernières années, ce qu'il y a dans [nos] entrepôts
, ce qui leur facilite la tâche pour ensuite s’en servir, détaille-t-elle.
En revanche, ajoute-t-elle, il pourrait être utile de mettre sur pied une structure permettant de faciliter les échanges entre les compagnies de la région – un projet qui a déjà été tenté, mais qui n’a jamais abouti.
Par ailleurs, il conviendrait de sensibiliser le public à questionner la surproduction culturelle et la surconsommation promue dans les films et les productions, croient toutes deux Danielle Le Saux-Farmer et Anne-Catherine Lebeau.
Avec les informations de Marika Bellavance