Le gouvernement Higgs trop généreux envers les papetières, dénoncent des syndicats

Le gouvernement a accordé une augmentation de 12,5 % du prix versé pour l'achat de l'électricité produite par les papetières, avec leur biomasse. Ci-dessus : l'usine de pâtes et papiers de la compagnie J.D. Irving à Saint-Jean, au N.-B.
Photo : CBC / Connell Smith
L'aide du gouvernement Higgs aux papetières de la province provoque la colère chez plusieurs employés du secteur public.
La semaine dernière, CBC
a révélé que le gouvernement de Blaine Higgs a accordé une augmentation de 12,5 % du prix versé pour l'achat de l'électricité produite par les papetières, avec leur biomasse, dans le cadre du Programme d'achat d'énergie renouvelable pour la grande industrie. Ce programme avait été mis en place sous le gouvernement conservateur de David Alward.Selon le renouvellement de l'entente, Énergie Nouveau-Brunswick permettra aux six papetières de la province de lui vendre de l'électricité produite par des barrages ou de la biomasse à un prix de 106,91 $ le mégawatt-heure (MWh), pour le revendre ensuite à un prix de 72 $/MWh. Ce tarif est rétroactif au 1er avril 2021. Auparavant, le prix payé était de 95 $/MWh.
Cette augmentation représente plus 5 millions de dollars annuellement de fonds publics qu'Énergie Nouveau-Brunswick versera dans les coffres des papetières de J.D Irving, Twin River Paper et AV Group.
Selon la province, l'objectif du programme est de faire concorder les coûts d’électricité des usines de pâtes et papiers exportatrices du Nouveau-Brunswick avec le coût moyen de l’électricité des provinces où se trouvent les entreprises concurrentielles
.
Une porte-parole du gouvernement, Erin Illsley, souligne que cette augmentation était nécessaire puisque les taux du programme n'avaient pas été ajustés depuis ses débuts, en 2012.
La province a également indiqué que les taux seront ajustés annuellement en tenant compte de l'inflation.
Les syndicats furieux
Les grandes entreprises, elles, vont avoir 12,5 %, et nos travailleurs, M. Higgs dit : "vous allez avoir un gros zéro"
, déplore Simon Ouellette, porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique au Nouveau-Brunswick (SCFP).
À lire aussi :
Les négociations avec des milliers de syndiqués du secteur public sont dans l'impasse, parce que le gouvernement Higgs exige que ceux-ci acceptent un gel de salaire pour au moins un an.
« Nos membres sont extrêmement frustrés. D'une part, ils se disent : pourquoi on priorise les grandes entreprises dans ce temps-ci, alors qu'elles font des profits, plutôt que les gens qui font tout pour servir leur communauté? »
Les syndiqués ont réagi dès la révélation de l'augmentation de l'aide aux papetières, la semaine dernière, comme l'explique M. Ouellette.
Il y a eu toutes sortes de commentaires, d'appels et de vidéos qui ont été faits par nos membres pour faire une sorte d'appel public à M. Higgs, en montrant leur facture d'électricité, en disant : "écoutez, moi, ma facture, on ne me paye pas pour la payer; ce que je demande, ce n'est pas qu'on paye ma facture d'électricité, c'est qu'on me donne les moyens de la payer"
, décrit Simon Ouellette.
Le député libéral de Bathurst-Ouest-Beresford René Legacy croit que l'argent aurait pu être mieux investi dans les services publics.
À ce moment où ce qu'on se fait dire régulièrement toutes les semaines que la province n'a pas les moyens de payer nos infirmières, payer nos infirmières [auxiliaires], payer nos psychologues, payer nos enseignants, il faut travailler à l'intérieur de nos moyens, et de là qu'on peut se permettre un 12,5 % d'augmentation, à la cachette, c'est une incompréhension
, déplore le député.
Selon le SCFP
le gouvernement aurait dû annoncer à l'Assemblée législative son intention d'augmenter l'aide aux papetières.Cette offre-là, que le gouvernement Higgs fait aux grandes entreprises, ça date de 2011, alors que lui-même était ministre des Finances sous David Alward. Cette offre-là a été maintenue, et encore aujourd'hui, il y a une augmentation; on en rajoute une couche
, explique-t-il.
Le syndicat demande une fois de plus au gouvernement Higgs d'accepter de tenir de véritables négociations avec le secteur public.
Avec les informations de Michel Corriveau et de Jacques Poitras, de CBC