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Cuba : manifestation antigouvernementale massive et inédite

Des milliers de personnes dans la rue pour une manifestation.

Les manifestations se déroulaient alors que Cuba enregistrait un nouveau record quotidien de contaminations au coronavirus et de morts dues à la COVID.

Photo : AFP / Yamil Lage

Agence France-Presse
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Excédés par la crise économique, des milliers de Cubains ont manifesté dimanche à travers le pays, aux cris de « Liberté! » et « À bas la dictature! », le président Miguel Diaz-Canel appelant de son côté ses partisans à répliquer dans la rue.

L'ordre de combattre a été donné, dans la rue les révolutionnaires!, a lancé, dans une allocution télévisée, le président, qui a accusé la mafia cubano-américaine d'être derrière ce soulèvement.

Nous appelons tous les révolutionnaires du pays, tous les communistes, à sortir dans les rues où vont se produire ces provocations, dès maintenant et les prochains jours. Et à les affronter de manière décidée, ferme et courageuse, a-t-il ajouté.

En fin de journée, plusieurs groupes de partisans étaient réunis en différents endroits de la capitale pour se préparer à défiler, a constaté l'AFP.

Largement diffusées via les réseaux sociaux, les manifestations anti-gouvernement ont commencé de façon spontanée dans la matinée, événement rarissime dans ce pays gouverné par le Parti communiste (PCC, unique), où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du parti.

À bas la dictature!, Qu'ils s'en aillent!, criaient notamment plusieurs milliers de manifestants à San Antonio de los Baños, une petite ville à une trentaine de kilomètres de La Havane.

Liberté!, scandaient quelques centaines d'autres à La Havane en différents rassemblements, où des échauffourées ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.

Au moins dix personnes ont été arrêtées et plusieurs policiers ont utilisé des tuyaux en plastique pour frapper des manifestants, tandis que la ville était placée sous un important déploiement militaire et policier, ont constaté des journalistes de l'AFP.

D'autres manifestations ont aussi été diffusées en direct, via Facebook ou Twitter, depuis plusieurs villes du pays.

Moteur d'un nombre croissant de revendications de la population depuis son arrivée à Cuba fin 2018, l'internet mobile était coupé dans une grande partie du pays dimanche après-midi.

Miguel Diaz-Canel s'est déplacé à la mi-journée à San Antonio de los Baños, accompagné de militants du parti qui ont défilé aux cris de Vive Cuba! et Vive Fidel , tandis que sur son parcours, des habitants de la localité continuaient de protester à voix haute contre la crise économique.

Une habitante, sous couvert d'anonymat, a confié avoir manifesté le matin, excédée par la situation avec le courant et les aliments.

La pandémie de COVID-19 a plongé Cuba dans une grave crise économique, la pire depuis 30 ans, aggravant les pénuries d'aliments et de médicaments et générant un fort malaise social.

Les difficultés économiques ont poussé les autorités à couper l'électricité plusieurs heures par jour.

La situation énergétique semble avoir échauffé certains esprits ici, a reconnu Miguel Diaz-Canel face aux journalistes, accusant les sanctions américaines d'être responsables de la crise.

Si vous voulez que le peuple aille mieux, levez d'abord l'embargo imposé depuis 1962.

Il y a une mafia cubano-américaine qui paie très bien sur les réseaux sociaux [...] Elle a pris le prétexte de la situation de Cuba et a appelé à des manifestations dans toutes les régions du pays, a-t-il affirmé.

Le président a toutefois reconnu que des gens sont venus manifester leur insatisfaction, parlant de révolutionnaires désorientés.

Mais nous sommes beaucoup, et moi le premier, à être prêts à donner la vie pour cette révolution, a-t-il lancé.

Sur Twitter, Julie Chung, secrétaire d'État adjointe des États-Unis pour les Amériques, a appelé au calme : Nous sommes très inquiets par les ''appels au combat'' à Cuba. Nous soutenons le droit du peuple cubain à manifester pacifiquement.

Ces manifestations sont survenues le jour où Cuba a enregistré un nouveau record quotidien de contaminations et de morts dues au coronavirus, avec 6923 cas recensés (pour 238 491 cas au total) et 47 morts en 24 heures (pour 1537 décès au total).

Sous les mots-clés #SOSCuba ou #SOSMatanzas (du nom de la province la plus touchée), les appels au secours se multiplient sur les réseaux sociaux, tout comme les appels au gouvernement pour qu'il facilite l'envoi de dons de l'étranger.

Samedi, un groupe d'opposants a demandé l'instauration d'un couloir humanitaire, une initiative que le gouvernement a écartée, dénonçant une campagne qui cherche à présenter une image de chaos total dans le pays qui ne correspond pas à la situation actuelle.

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