•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Assassinat du président haïtien : Washington et Bogota envoient des enquêteurs

De nombreuses questions sur les événements qui ont mené à l'assassinat de Jovenel Moïse restent sans réponse.

Des policiers se tiennent prêts, leurs armes dégaînées.

La police haïtienne est toujours aux trousses de huit membres du commando qui a tué le président Jovenel Moïse mercredi.

Photo : Associated Press / Joseph Odelyn

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les États-Unis et la Colombie ont annoncé vendredi qu'ils enverraient des agents de police et du renseignement en Haïti pour assister les policiers haïtiens dans leur enquête concernant l'assassinat du président Jovenel Moïse.

En réponse à la demande du gouvernement haïtien, nous enverrons de hauts responsables du FBI et du département de la Sécurité intérieure à Port-au-Prince le plus rapidement possible, pour évaluer la situation et voir comment nous pouvons les assister, a déclaré vendredi la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

Selon la police haïtienne, c'est un commando armé composé de 26 Colombiens et de deux Américains d'origine haïtienne qui a assassiné l'homme politique.

Le gouvernement haïtien a par ailleurs demandé aux États-Unis et à l'Organisation des Nations Unies (ONU) d'envoyer des troupes en Haïti afin d'aider à sécuriser des sites stratégiques, de crainte qu'ils ne soient sabotés.

Après l'assassinat du président, nous avons pensé que les mercenaires pourraient détruire quelques infrastructures afin de créer le chaos dans le pays. Au cours d'une conversation avec le secrétaire d'État américain et l'ONU, nous avions fait cette requête, a affirmé à l'AFP Mathias Pierre, ministre chargé des questions électorales.

Les États-Unis n'ont toutefois pas n'ont pas l'intention de fournir une assistance militaire à Haïti pour le moment, selon un haut responsable de l'administration américaine cité par Reuters. Du côté de l'ONU, une source diplomatique avait indiqué plus tôt qu'une résolution du Conseil de sécurité était nécessaire pour donner suite à cette demande.

Enquête sur les gardes de sécurité

Le commissaire du gouvernement haïtien a quant à lui ordonné une enquête sur les agissements des agents chargés de la garde rapprochée du président.

Bed-Ford Claude veut en savoir davantage sur leurs agissements dans la nuit du 7 juillet, alors que l'homme d'État d'Haïti tombait sous les balles d'un groupe armé dans sa résidence privée.

Des policiers, des scientifiques et des membres de l'armée cherchent des indices.

Des membres du corps policier en Haïti étaient à la recherche de preuves près de la résidence présidentielle le 7 juillet 2021.

Photo : AFP / VALERIE BAERISWYL

Ils sont responsables de la sécurité du président. Avec le juge de paix, j'ai passé une journée dans la résidence du président. Je n'ai constaté aucun policier victime, sinon le président et son épouse, a déclaré Bed-Ford Claude, commissaire du gouvernement haïtien, au quotidien Le Nouvelliste.

« Si vous êtes responsables de la sécurité du président, où étiez-vous? Qu'avez-vous fait pour éviter ce sort au président? »

— Une citation de  Bed-Ford Claude, commissaire du gouvernement

La Direction centrale de la police judiciaire est donc responsable d'interroger tous les agents responsables de la sécurité de Jovenel Moïse, dans le but d'obtenir réponse à ces questions. La liste complète des policiers en poste cette nuit-là n'est toujours pas connue, les autorités tardant à la rendre disponible. Je dois l'avoir. Ils doivent me dire où ils étaient, a déclaré le chef du parquet de Port-au-Prince.

L'inspecteur Paul Eddy Amazan, responsable du Cat-Team (la garde rapprochée du président) et le commissaire Léandre Pierre Osman, responsable de l'Unité de sécurité du Palais (USP), doivent être interrogés par la justice mardi prochain.

Le commando dans le pays depuis plusieurs mois

Au moins 17 anciens militaires colombiens sont soupçonnés d'être impliqués dans l'assassinat du président Jovenel Moïse, ont annoncé vendredi les hauts commandements colombiens de la police et de l'armée.

Deux […] qui ont péri dans l'opération de la police [haïtienne] et 15 Colombiens dont nous sommes en train de vérifier l'activité […] auraient appartenu à l'armée nationale et se sont désengagés entre 2018 et 2020, a déclaré le général Jorge Luis Vargas, le chef de la police colombienne, lors d'une conférence de presse à Bogota.

Il a précisé que les Colombiens impliqués ont été recrutés par quatre entreprises et se sont rendus dans le pays en deux groupes via la République dominicaine.

Huit suspects seraient toujours recherchés par les forces de l'ordre.

Les suspects de l'assassinat sont assis par terre, menotés.

Des membres présumés du commando responsable de la mort du président Jovenel Moïse, présentés aux médias hier en conférence de presse.

Photo : Reuters / STRINGER

Fait toujours inexpliqué, 11 des prévenus ont été arrêtés hier dans l'ambassade de Taïwan, en Haïti. Les policiers ont obtenu le feu vert des autorités consulaires taïwanaises avant d'entrer dans l'ambassade et de procéder aux arrestations.

On ne sait toujours pas pour quelle raison les assaillants se sont retrouvés dans le bâtiment.

Les deux Américains d'origine haïtienne arrêtés, James Solages et Joseph Vincent, auraient été embauchés comme traducteurs. Interrogé par le juge de paix Clément Noël, James Solages aurait affirmé que, à sa connaissance, la mission n'était pas d'abattre Jovenel Moïse, mais bien de le capturer.

La Presse révélait jeudi que M. Solages avait déjà travaillé comme garde du corps pour l'ambassade canadienne en Haïti.

L'interrogatoire de James Solages ajoute des pièces au casse-tête. Selon lui, le commando était en Haïti depuis plusieurs mois déjà. Lui-même serait entré au pays il y a un mois.

Quant à savoir s'il connaissait les commanditaires de l'attaque, M. Solages a affirmé qu'il avait déniché son affectation sur Internet.

En entrevue à 24/60 jeudi, l'ancien premier ministre d'Haïti Laurent Lamothe a émis des doutes sur le fait que les commanditaires de l'attaque soient des résidents du pays, et a demandé à la communauté internationale de s'investir dans l'enquête pour retrouver les responsables.

Comment doit-on redéfinir le pouvoir en Haïti? Est-ce qu'il y a des solutions? La lutte est-elle commencée? Entrevue avec Laurent Lamothe, ancien premier ministre d'Haïti, de 2012 à 2014.

« Engager 28 mercenaires étrangers pour venir assassiner le président, c'est une opération qui coûte très cher. Il y a très peu de gens dans le pays qui auraient les moyens de financer une opération pareille. C'est pour cela que j'ai demandé une investigation internationale. »

— Une citation de  Laurent Lamothe, ancien premier ministre d'Haïti

Crise politique

Le Sénat haïtien, qui ne compte actuellement qu'un tiers de ses 30 sénateurs habituels, a désigné vendredi son chef Joseph Lambert comme président par intérim.

Cette décision plonge Haïti plus profondément dans la crise politique, alors que sa constitution n'indique pas clairement qui doit prendre les rênes du pouvoir dans ce genre de situation et que les factions politiques rivales sont en désaccord.

Sur une table, des armes, des masses, des cellulaires et des passeports.

La police a saisi des armes, des cellulaires, de l'argent ainsi que des passeports colombiens.

Photo : Reuters

La Constitution haïtienne, modifiée en 2012, prévoit qu'en cas de vacance de la présidence, la direction du pays serait assurée par le premier ministre en fonction.

L'un des derniers gestes politiques du président Jovenel Moïse a été de nommer lundi un énième premier ministre, Ariel Henry.

Mais quelques heures après le drame, c'est le premier ministre de transition Claude Joseph qui a décrété l'état de siège pour quinze jours, octroyant des pouvoirs renforcés à l'exécutif.

Si l'opposition a accusé M. Joseph d'accaparer le pouvoir, l'émissaire de l'ONU en Haïti a estimé qu'il représentait l'autorité responsable, car Ariel Henry n'avait pas encore prêté serment au moment de l'assassinat.

Avec des informations du quotidien Le Nouvelliste

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...