•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Première nuit en prison pour l'ex-président sud-africain Jacob Zuma

Après s'être ardemment défendu, il s'est lui-même constitué prisonnier, à la surprise générale.

Jacob Zuma, assis dans un tribunal, un masque sous le menton.

L'ex-président sud-africain Jacob Zuma, lors de son procès pour corruption, le 26 mai dernier, à Pietermaritzburg.

Photo : Reuters / POOL/Phill Magakoe

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'ex-président sud-africain Jacob Zuma, englué dans des scandales de corruption, a passé sa première nuit en prison, fait inédit en Afrique du Sud et test d'ampleur pour les institutions de cette jeune démocratie.

Le sulfureux et charismatique dirigeant, qui a gagné ses lettres de noblesse en passant 10 ans incarcéré aux côtés de l'icône Nelson Mandela avant de diriger en exil le renseignement du Congrès national africain (ANC), son parti, sous l'apartheid, a mis fin au suspense et s'est rendu. À la sidération quasi générale.

Le Freedom fighter (combattant de la liberté) déchu, autrefois surnommé Teflon en raison de son talent pour échapper à la justice, a tenu le pays en haleine jusqu'après minuit mercredi, ultimatum pour son incarcération.

Un convoi de voitures a fendu la nuit devant sa résidence de Nkandla, en pays zoulou (Est), pour filer vers la prison moderne d'Escourt à quelque 200 km.

Entrée du centre correctionnel.

À l'entrée du centre correctionnel d'Estcourt, où l'ancien président sud-africain Jacob Zuma est détenu et purge une peine de 15 mois pour outrage à la cour.

Photo : Reuters / Siyabonga Sishi

La semaine dernière, la plus haute cour du pays l'avait condamné à 15 mois de prison ferme pour son refus de témoigner devant la commission anticorruption. Cette instance créée en 2018 face à l'ampleur des scandales entourant le président Zuma a déjà recueilli une quarantaine de témoignages le mettant en cause.

Après plusieurs recours ces derniers jours, M. Zuma, 79 ans, a fini par se constituer prisonnier. Pas un aveu de culpabilité, a immédiatement réagi son porte-parole Mzwanele Manyi, prévenant qu'il resterait injoignable le temps de digérer cette tragédie.

Des partisans de Jacob Zuma réunis devant son domicile.

Des partisans de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma se sont rassemblés devant son domicile à Nkandla, en Afrique du Sud.

Photo : Reuters / Rogan Ward

Réactions partagées

De nombreux Sud-Africains ont salué l'incarcération de M. Zuma, respectueuse des règles démocratiques. Personne n'est au-dessus de la loi, ont répété témoins et acteurs ces derniers jours.

L'ancienne médiatrice de la République Thuli Madonsela a salué un jour de gloire qui montre la primauté de l'État de droit. Mais sur le plan humain, a-t-elle nuancé auprès de l'AFP, c'est désolant d'avoir à envoyer un vieux monsieur et un combattant anti-apartheid en prison simplement parce qu'il refuse de rendre des comptes.

Elle avait détaillé dans un rapport accablant en 2016 comment une fratrie d'hommes d'affaires d'origine indienne, les Gupta, avait pillé les ressources publiques sous sa présidence (2009-2018).

L'inoxydable Zuma, dont le deuxième prénom signifie en zoulou celui qui rit en broyant ses ennemis, a bien tenté de plaider son âge avancé et l'iniquité – comparable selon lui aux méthodes de l'apartheid – de l'emprisonner sans jugement. Mais ces arguments, comme les menaces de chaos dans le pays si l'on osait venir le chercher, n'ont pas mobilisé.

Le ministre de la Police Bheki Cele, qui s'était montré plus qu'hésitant à l'arrêter, a finalement fait volte-face, se disant obligé de respecter la loi.

« On ne peut pas défier la loi en toute impunité. »

— Une citation de  Un porte-parole de l'Alliance démocratique (parti de l'opposition)

M. Zuma et ses partisans doivent être tenus pour responsables de leurs actes, a insisté la Fondation Mandela, affirmant que sa stratégie juridique a consisté à brouiller les pistes et à retarder le travail de la justice.

Autre procès impliquant Thalès

L'ANC au pouvoir a salué une victoire pour l'indépendance de la justice. Mais sans aucun doute, l'épisode est difficile à vivre, a reconnu le parti, appelant au calme et au respect des règles.

Reste fort. Météo orageuse mais il ne peut pas pleuvoir indéfiniment, a twitté Ace Magashule, secrétaire général récemment écarté de l'ANC pour corruption.

Le ministre de la Justice a précisé que comme tout détenu, Zuma pouvait espérer une libération conditionnelle au bout d'un quart de sa peine, soit un peu plus de trois mois.

On s'occupe de lui, il est d'humeur joviale, comme on le connaît, a commenté Ronald Lamola.

Lundi, la plus haute cour réexaminera sa sentence. Et un autre rendez-vous judiciaire devrait l'occuper dès le 19 juillet : la reprise du procès pour corruption dans une affaire de pots-de-vin de plus de 20 ans impliquant le groupe français Thalès.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...