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Cinq choses à savoir sur Haïti

Un enfant court pour s'éloigner d'un véhicule en flammes derrière lui.

Les manifestations sont denrée courante dans les rues de Port-au-Prince.

Photo : Associated Press / Dieu Nalio Chery

Radio-Canada

Haïti, sous le choc après l'assassinat de son président, est le pays le plus pauvre de l’Amérique. Les problèmes qui affligent ses 11 millions d’habitants ne sont pas nouveaux.

1. Instabilité politique chronique

Depuis le départ du dictateur Jean-Claude Duvalier, en 1986, des gouvernements instables et souvent corrompus se succèdent aux commandes du pays.

Jean-Bertrand Aristide, élu président en 1990, est renversé par un coup d'État militaire. Rétabli au pouvoir par une intervention américaine en 1994, il termine son mandat en 1996. Réélu en 2001, il est chassé en 2004, sous la pression des États-Unis, de la France et du Canada, d'une insurrection armée et d'une révolte populaire.

Pendant deux ans, le pays est placé sous le contrôle de l'ONU qui y déploie 9500 Casques bleus et policiers internationaux. Puis, en 2006, l’ex-président René Préval est reporté au pouvoir.

Jovenel Moïse est assis et parle.

Jovenel Moïse, âgé de 53 ans au moment de sa mort, était controversé depuis son élection.

Photo : Associated Press / Dieu Nalio Chery

Le premier tour de la présidentielle d'octobre 2015, remporté par Jovenel Moïse, est annulé en raison de contestations et de fraudes massives. Celui-ci sera finalement élu en novembre 2016.

Dès son investiture, l’homme d’affaires doit cependant affronter la colère de l'opposition, qui ne reconnaît pas sa victoire.

Le 7 février 2021, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire décrète la fin immédiate du mandat présidentiel, mais Jovenel Moïse s’accroche, maintenant qu'il lui reste un an au pouvoir, compte tenu de l'annulation de l'élection de 2015.

Le même jour, il affirme avoir échappé à une tentative de coup d’État impliquant un juge de la Cour de cassation et une inspectrice générale de la police nationale.

Gouvernant par décret depuis janvier 2020, sans Parlement, le président avait également mis en chantier une réforme institutionnelle dont l’objectif était de renforcer les prérogatives du pouvoir exécutif.

Au cours des derniers mois, ses opposants n'ont cessé de réclamer son départ.

2. Désastres naturels à répétition

Une famille haïtienne désemparée prend la pose parmi les décombres de sa maison, après l'ouragan Matthew en 2016.

L'ouragan Matthew a rasé la maison de Prenille Nord et de sa famille, à Jérémie, en Haïti. « Je n'ai plus rien. Nous sommes maintenant sans abri », dit-il.

Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins

La perle des Antilles est extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles. Cela est dû en partie à sa situation géographique, qui la place souvent sur la trajectoire des ouragans qui se forment dans l’Atlantique Nord, mais aussi à sa topographie et à la déforestation intense qu’a subie l’île (moins de 4 % de couverture forestière).

Selon l’ONU, Haïti est l’un des pays du monde les plus touchés en matière de pertes économiques dues aux catastrophes des 20 dernières années, à hauteur de 17,5 % de son PIB.

L’île est exposée aux tempêtes tropicales, inondations, tremblements de terre, glissements de terrain et sécheresses.

Outre le séisme du 12 janvier 2010, qui a fait plus de 200 000 morts, 1,3 million de déplacés et des dommages matériels incommensurables, Haïti a subi l’assaut de l’ouragan Matthew en 2016. Cette tempête a fait des centaines de victimes et détruit les infrastructures et les récoltes.

3. Situation socioéconomique catastrophique

Cette succession de problèmes politiques et climatiques contribue à maintenir le pays dans la pauvreté.

Haïti est le seul État du continent américain à faire partie du groupe des pays les moins avancés, selon le classement de l’ONU. Quelque 78 % de la population y vit avec moins de 2 $ US par jour et l’insécurité alimentaire y est chronique.

L’inflation (20 %) et le chômage (27 % selon les chiffres officiels) pèsent lourdement sur le quotidien des Haïtiens.

Des manifestants érigent une barricade.

Des manifestants érigent une barricade à Port-au-Prince pour dénoncer le détournement des fonds de PetroCaribe.

Photo : The Associated Press / Dieu Nalio Chery

Depuis l’annonce de la hausse des prix des carburants, en juillet 2018, la population manifeste régulièrement pour dénoncer l'augmentation du coût de la vie.

Quelque 4,4 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, dont 3,5 millions présentent des vulnérabilités multidimensionnelles. (ONU)

Le confinement lié à la pandémie ainsi que la diminution des transferts de fonds des Haïtiens de la diaspora risquent d’aggraver la situation économique.

Haïti n’a pas encore commencé sa campagne de vaccination, alors que les infections et les décès dus à la COVID-19 ont augmenté considérablement depuis le mois de mai après l'arrivée sur son territoire de nouveaux variants. Deux des principaux hôpitaux traitant les patients atteints de COVID-19 à Port-au-Prince ont annoncé qu'ils étaient débordés.

4. Gangstérisation de la vie publique

Les groupes armés ont poussé comme des champignons au cours des dernières années, se disputant la maîtrise du territoire et profitant de l’anarchie ambiante.

Des dizaines de personnes sont assises sur des matelas posés par terre.

Des centaines de familles se sont réfugiées dans un aréna en banlieue de Port-au-Prince à la mi-juin en raison des violences perpétrées par les gangs de rues dans le quartier Martissant.

Photo : afp via getty images / Robenson Geffrard

Ainsi, début juin, des affrontements entre bandes rivales dans l'ouest de Port-au-Prince ont paralysé la circulation entre la moitié sud du pays et la capitale haïtienne. Quelque 10 000 habitants des quartiers pauvres de Martissant, Bas Delmas et Saint-Martin ont été contraints de fuir leur logement pour échapper aux violences.

Au total, près de 14 000 personnes ont été déplacées au cours des neuf derniers mois et au moins 50 ont été tuées, rapporte le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Les autorités sont impuissantes devant ces exactions. La police elle-même est parfois prise pour cible. Au cours de la première semaine de juin, huit postes de police ont été pillés et huit agents ont été tués, souligne encore l’OCHA, qui se dit très préoccupée par l’impact de la violence sur les civils.

5. L’échec de la communauté internationale

Très présentes en Haïti depuis des décennies, les organisations internationales ont accru leur rôle dans la foulée du tremblement de terre.

Cependant, l’aide humanitaire reçue au fil des ans a souvent été désorganisée et mal coordonnée, compromettant son efficacité. Ainsi, dix ans après le séisme, la reconstruction est loin d’être achevée.

Certains critiquent le fait que ces organisations internationales se substituent parfois à l’État. Ainsi, souligne le chercheur Frédéric Thomas, du Centre tricontinental (CETRI), dans une analyse en ligne, Haïti semble avoir sous-traité aux ONG occidentales et aux agences de l’ONU la responsabilité du secteur de la santé, diminuant ses dépenses publiques au fil des ans. Cela crée une dépendance très problématique, note-t-il.

Le rôle de ces institutions doit-il être de pallier les faiblesses institutionnelles de l’État haïtien, de l’accompagner ou de carrément prendre sa place ? La question n’a pas encore été résolue.

Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

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