Le train à grande fréquence, le début d'une révolution ferroviaire?

Pierre Barrieau affirme que le train à grande fréquence offrira un service qui sera au moins ce qu’il y avait dans les années 70 dans les pays d’Europe.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le train à grande fréquence (TGF) qui circulera d’ici les 10 prochaines années entre Québec et Toronto n’est que le début d’une « révolution » ferroviaire au Canada et ouvrira la voie à l’avènement d’un train à grande vitesse (TGV) sur le territoire, pense Pierre Barrieau, chargé de cours au Département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM et expert en planification des transports.
D'après M. Barrieau, bien que le TGV soit un rêve
auquel il aurait aimé accéder bientôt, le choix d’un TGF est celui qui devait être fait
pour que s’améliore rapidement le transport ferroviaire entre le Québec et l’Ontario.
Si on veut un projet pas dans 20 ans, mais un projet rapidement, et un projet à 10 milliards et non à 25 milliards, c’était la seule voie à emprunter.
La vitesse moyenne d’un TGV est de 320 km/h. Le TGF circulera plutôt à 200 km/h. Quant aux trains de passagers actuels, ils sont limités à 160 km/h en raison du partage des voies avec les trains de marchandises.
En entrevue à Midi info, M. Barrieau n’a pas pu cacher son enthousiasme devant l’annonce du projet.
On est au début d’une révolution que plusieurs osaient rêver il n’y a pas si longtemps. Je dis à mes étudiants : ''Ne vous inquiétez pas, il y aura du travail pour vous, jusqu’à après votre retraite, car le retard est tellement grand au Canada [au point de vue du transport ferroviaire]''
, remarque-t-il.
Retard il y a, en effet. Tellement que Pierre Barrieau se réjouit du service de qualité
qu’amènera le nouveau corridor ferroviaire, un service qui sera, dit-il, au moins ce qu’il y avait dans les années 70 dans les pays d’Europe
.
Ce n’est pas l’avenir, mais on rattrape du retard.
Tout de même, M. Barrieau est certain que la clientèle sera au rendez-vous, et prévoit déjà que le service offert par VIA Rail sera saturé dans quelques années seulement.
En attendant le TGV
Il y a un très grand marché
, juge-t-il, composé de gens qui, ayant le choix d’un train un peu plus rapide et desservant plus de municipalités, pourraient être poussés à prendre ce moyen de transport plutôt que la voiture ou l’autobus.
Un TGV aurait été plus intéressant pour diminuer l’impact de l’aviation.
Pierre Barrieau est cependant convaincu qu’un TGV roulera un jour au Canada.
Définitivement. Il sera peut-être dans un corridor peu cher à construire, par exemple Calgary-Edmonton. Ou le service sera offert en parallèle avec le TGF. C’est ce qu’on voit en Europe, c’est ce qu’on voit en Chine, c’est ce qu’on voit au Japon. On ne vient pas remplacer le TGF par le TGV. C’est un peu un service de classe affaires versus classe économique
, anticipe-t-il.