Johnson & Johnson va cesser de vendre des opiacés aux États-Unis
Cet accord permettra à la pharmaceutique d'éviter un procès qui devait commencer lundi.

Johnson & Johnson et d'autres laboratoires sont accusés d'avoir encouragé les médecins à surprescrire des opiacés alors qu'ils savaient qu'ils généraient de graves dépendances.
Photo : Reuters / Mike Blake
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Johnson & Johnson, un des laboratoires américains accusés d'avoir alimenté la crise des opiacés aux États-Unis, qui a fait plus d'un demi-million de morts depuis 1999, va arrêter la production et la vente de ces substances dans le cadre d'un règlement de 230 millions de dollars avec l'État de New York.
Le groupe étalera le paiement sur neuf ans, a affirmé la procureure générale de New York, Letitia James, par voie de communiqué. Cet accord permettra à la pharmaceutique d'éviter un procès qui devait commencer lundi, a aussi spécifié J&J par communiqué.
Le règlement annoncé samedi ne constitue pas un aveu de responsabilité ou d'acte répréhensible de la part de la Société
, a toutefois souligné le groupe, alors que d'autres procédures judiciaires à l'échelle nationale sont en cours, dont un procès en Californie.
L'épidémie d'opiacés a fait des ravages dans d'innombrables communautés de l'État de New York et du reste du pays, laissant des millions de personnes toujours dépendantes aux opiacés qui sont dangereux et mortels.
Le laboratoire pourrait également payer 30 millions de dollars de plus la première année si la chambre exécutive de l'État de New York promulguait une nouvelle législation créant un fonds de règlement des opiacés, a indiqué la justice américaine.
De graves dépendances
Johnson & Johnson a contribué à alimenter cette crise, mais aujourd'hui il s'engage à quitter le secteur des opiacés, non seulement à New York, mais dans tout le pays
, a-t-elle ajouté. J&J ne fabriquera et ne vendra ainsi plus d'opiacés aux États-Unis.
Les 230 millions de dollars doivent permettre de financer les efforts de prévention, de traitement et d'éducation aux dangers que présentent ces substances dans l'État de New York.
Johnson & Johnson, Purdue et d'autres laboratoires et distributeurs pharmaceutiques sont accusés d'avoir encouragé les médecins à surprescrire ces médicaments – initialement réservés aux patients atteints de cancers particulièrement graves – alors mêmequ'ils savaient qu'ils généraient de graves dépendances.
Depuis 1999, cette dépendance a poussé de nombreux consommateurs de ces médicaments vers des doses de plus en plus fortes et vers des drogues illicites comme l'héroïne ou le fentanyl, un opiacé de synthèse extrêmement puissant et donc à fort risque d'overdose fatale.
Les centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence de santé publique du pays, estiment qu'environ 90 000 personnes sont mortes de surdoses de drogues en 2020, dont les trois quarts impliquaient encore des opiacés.
Une urgence nationale de santé publique
Le ministère de la Santé américain estime que cette crise a été responsable de quatre années de baisse de l'espérance de vie en 2014, 2015, 2016 et 2017. La crise s'était emballée au point que Donald Trump l'avait décrétée d'urgence nationale de santé publique
en octobre 2017.
Les CDC avaient estimé en 2019 à quelque 78,5 milliards de dollars par an le fardeau économique
de la crise, incluant les frais de santé, la perte de productivité et les coûts pour le système pénal. Une étude publiée par la Société américaine des Actuaires avait, elle, évalué à 631 milliards de dollars le coût pour les quatre années de 2015 à 2018.
La crise semblait s'atténuer avant la pandémie, à la faveur des contrôles renforcés des prescriptions notamment, mais les CDC ont récemment indiqué une accélération des décès par surdoses de médicaments dont des morts par opiacés.
Alors que les procédures judiciaires se sont multipliées dans le pays, de nombreuses entreprises tentent de trouver des accords.
En février, le prestigieux cabinet de conseil McKinsey avait ainsi annoncé avoir accepté de verser 573 millions de dollars pour solder des poursuites judiciaires lancées par une quarantaine d'États américains, qui l'accusaient d'avoir contribué à la crise des opiacés en prodiguant ses conseils aux groupes pharmaceutiques, dont Purdue Pharma, le fabricant de l'Oxycontin.