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Sépultures anonymes de Marieval : Justin Trudeau se dit ouvert à une enquête criminelle

Justin Trudeau donne une conférence de presse à l'extérieur.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Le premier ministre du Canada ne ferme pas la porte à la tenue d'une enquête criminelle en lien avec la découverte « choquante » et « horrifiante » de 751 tombes anonymes près de l’ancien pensionnat pour Autochtones de Marieval, en Saskatchewan.

Justin Trudeau faisait le point sur la pandémie de COVID-19 lors d'une conférence de presse vendredi, qui a été entièrement dominée par des questions sur la découverte de ces sépultures mercredi. Le premier ministre s'était dit attristé jeudi, par communiqué, mais n'avait pas encore réagi devant la presse.

Il a donc présenté ses excuses à la Première Nation de Cowessess, touchée par ce drame, au nom du gouvernement fédéral. Il faut comprendre ce qu'il s'est passé, a-t-il affirmé.

À plusieurs reprises, les journalistes l'ont pressé afin de savoir si une enquête criminelle pourrait être menée en lien avec cette découverte.

On est ouverts à prendre toutes les mesures nécessaires pour en apprendre plus sur la vérité […] et s’assurer qu’il y ait des conséquences sur les systèmes, sur les organismes, sur les institutions et, peut-être dans certains cas, sur les individus.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Beaucoup de survivants ont raconté des histoires de décès tragiques. Certains n’étaient pas criminels, mais d’autres sûrement l’étaient, a-t-il ajouté, se référant aux témoignages lors de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Quand on parle d’abus, quand on parle de négligence... Certainement que, dans ces histoires, on a vu des actes criminels, donc ça fait partie de la réflexion que nous devons avoir.

Il y a certainement eu des actes criminels qui seraient sévèrement réprimés aujourd'hui, a-t-il déclaré.

Une honte pour le pays

Justin Trudeau a aussi qualifié la politique d’assimilation des Autochtones de honteuse et a parlé des erreurs atroces que le Canada a commises par le passé en arrachant des enfants de leur famille.

Il estime cependant que les communautés touchées doivent décider elles-mêmes du chemin à prendre pour réparer ces erreurs, et qu'il ne revient pas au gouvernement fédéral de le faire. Soyons à l'écoute des Autochtones avant tout. Ce sont eux qui ont perdu des êtres chers. [...] Ce sont eux qui doivent être au centre [de la discussion].

Il faut en arriver à une imputabilité, assurément, mais le moteur de nos gestes doit être l'écoute.

M. Trudeau a indiqué que la fête du Canada devait être l'occasion de réfléchir à ces erreurs, dans le contexte où plusieurs villes à travers le pays ont déjà annoncé l'annulation des célébrations en raison des découvertes de Marieval, mais aussi de Kamloops, en Colombie-Britannique.

De 1831 à 1996, le Canada a compté quelque 130 pensionnats pour les Autochtones. Selon la Commission de vérité et réconciliation du Canada, au moins 3201 enfants y ont laissé leur vie.

Ça pourrait bien être le double, a toutefois reconnu le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, en entrevue à Tout un matin vendredi.

Un reportage de Christian Noël.

Des excuses de l'Église en sol canadien?

Après la découverte des sépultures à Kamloops au début du mois, le premier ministre avait déjà appelé l'Église catholique du Canada à adopter une attitude « plus ouverte et responsable » quant à son rôle dans les pensionnats pour les Autochtones.

Je sais que des catholiques à travers le pays, incluant des archevêques et des évêques, sont en train de regarder comment faire pour assurer la vérité et la réconciliation, a assuré M. Trudeau vendredi.

Je pense que c’est extrêmement important que tous les organismes et les institutions qui avaient un rôle à jouer dans cette partie de l’histoire soient là pour aider à la guérison, a-t-il réitéré.

Il a également évoqué une demande spécifique qu'il a personnellement présentée au pape François.

Quand je suis allé voir le pape, il y a quelques années, je lui ai expliqué à quel point c’est important d’avoir des excuses directement aux peuples autochtones du pays, en sol canadien.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Je sais qu’il y a bien des gens à l’intérieur de l’Église qui sont en train de travailler sur ça.

Justin Trudeau a aussi réitéré son souhait de voir le gouvernement canadien bénéficier de la collaboration de l'Église catholique pour avoir accès à ses documents concernant ce chapitre de l'histoire. J'espère et je pense qu'on n'arrivera pas au point où on va devoir utiliser les tribunaux pour forcer le partage de ces [archives].

Déçu par la ministre Bennett

Justin Trudeau a par ailleurs été amené à réagir à un message de la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, envoyé à la députée indépendante Jody Wilson-Raybould.

Mme Bennett a fait parvenir un message texte à Mme Wilson-Raybould avec pour seul contenu le mot Pension? après que cette dernière eut demandé à Justin Trudeau de ne pas déclencher une élection dont personne ne veut dans la foulée des découvertes de sépultures sur les sites d'anciens pensionnats pour les Autochtones.

Mme Bennett suggérait ainsi que Mme Wilson-Raybould se souciait plutôt d'accéder à la pension des élus fédéraux en s'assurant de cotiser au régime pendant au moins six ans, ce qui ne serait pas le cas – comme pour bien des députés élus en 2015, d'ailleurs – si des élections étaient déclenchées avant le 19 octobre.

Le message texte a été qualifié de raciste et de misogyne par Mme Wilson-Raybould.

Ce que la ministre Bennett a fait a été une erreur, a manqué de respect et a fait beaucoup de peine. Oui, je suis déçu par ce qu'elle a fait.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Mme Bennett s'est rapidement excusée à Mme Wilson-Raybould, ce que Justin Trudeau a qualifié d'approprié et d'important.

Il a assuré que sa ministre était à sa place, malgré certains appels à la démission. Je me suis entretenu avec elle ce matin [...] Je connais son cœur, je connais ses efforts, elle travaille depuis des années à faire avancer ses dossiers.

Ligne bilingue d'appui pour les survivants des pensionnats pour Autochtones : 1 866 925-4419

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