La police de Winnipeg poursuivie par la conjointe d’un homme mort après son arrestation

La femme poursuit les trois policiers présents lors de l'intervention ainsi que le chef du service de police de Winnipeg, Danny Smyth. (archives)
Photo : Radio-Canada / Trevor Brine
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La conjointe d’un homme qui est mort après une arrestation musclée de la part de policiers de Winnipeg, en août 2019, a lancé une poursuite judiciaire contre le Service de police de la Ville.
La femme allègue que la police savait que l’homme n’était pas armé et qu’il souffrait de maladie mentale.
Viengxay Chommany, 42 ans, est mort le 4 août 2019, soit deux jours après avoir été atteint par une arme à impulsion électrique et frappé à la tête plusieurs fois par des policiers, explique la poursuite. On retrouve également ces informations dans un rapport de l’Unité d’enquête indépendante du Manitoba.
La police avait été appelée sur les lieux pour répondre à une alerte de violence conjugale.
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Dans sa déclaration, la femme de la victime, Ratsamy Chommany, dit que son mari souffrait de trouble bipolaire et de schizophrénie, mais qu’il n’était jamais violent avec elle, notamment le soir de son arrestation.
Que s'est-il passé le 2 août 2019?
Une semaine avant la mort de Viengxay Chommany, Mme Chommany avait appelé le 911 afin de demander à la police de transporter son mari à l’hôpital parce qu’il ne prenait pas ses médicaments. Il faisait alors preuve de violence verbale envers elle, selon les documents de la cour.
Un agent lui avait alors dit que la police ne pouvait pas forcer son mari à se rendre à l’hôpital contre son gré. La police avait tout de même réussi à désamorcer la situation.
À la fin de l’intervention, M. Chommany et l’agent de police chantaient ensemble
, indique la poursuite.
Au petit matin du 2 août, Mme Chommany a à nouveau appelé le 911 parce que son mari ne prenait pas ses médicaments. Il se comportait alors de manière étrange, menaçant d’appeler le patron de sa conjointe.
Ce jour-là, Viengxay Chommany n’a pas frappé sa femme, mais il a tenté de bloquer la porte d'entrée lorsque la police est arrivée. Il aurait possiblement attrapé la main de sa conjointe, selon les documents de la cour.
L’un des agents a alors défoncé la porte et s’est mis à crier de façon agressive contre Viengxay Chommany.
Selon la poursuite, ce dernier aurait demandé aux agents si leurs armes à feu étaient réelles avant de s’enfuir dans la rue, pieds nus, les policiers à ses trousses.
C’est à ce moment qu’il a reçu au moins cinq coups de poing au visage et a été atteint plus d'une fois par une arme à impulsion électrique, explique la poursuite ainsi qu'un rapport de l’Unité d’enquête indépendante du Manitoba.
La poursuite soutient que les policiers savaient que l’homme n’était pas armé et qu’ils savaient ou auraient dû savoir qu’il souffrait de maladie mentale en raison de l’appel au 911 une semaine plus tôt.
Déterminer la cause du décès
Le rapport de l’Unité d’enquête indépendante du Manitoba indique que l’un des policiers a écrit dans ses notes qu’il a vu Viengxay Chommany agresser sa femme par la fenêtre et que c’est cela qui a mené les agents à forcer la porte.
Peu après l’intervention des policiers, M. Chommany a perdu conscience. Bien qu'il ait repris connaissance entre-temps, il est mort deux jours plus tard à l’Hôpital Saint-Boniface.
Selon l'autopsie, la cause de sa mort a vraisemblablement été un manque d’oxygène au cerveau en raison d’un problème cardiaque provoqué par un délire agité.
La poursuite soutient cependant que M. Chommany est mort en raison d'un usage excessif de la force de la part des policiers.
Vouloir changer l'approche des policiers
L’avocat de Ratsamy Chommany, Kris Saxberg, dit que la poursuite n’est pas motivée par le gain financier. Elle chercherait plutôt à changer l’approche des policiers vis-à-vis des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
M. Saxberg dit que cette affaire est un cas extrême où la police a traité une personne non menaçante souffrant d'un problème de santé mentale comme s'il s'agissait d'une personne commettant un acte criminel.
Mme Chommany poursuit les trois agents ayant participé à l’intervention ainsi que le chef du Service de police de Winnipeg, Danny Smyth.
Un porte-parole de la police n’a pas souhaité commenter cette affaire, puisque celle-ci se trouve actuellement devant les tribunaux.
Avec les informations de Sarah Petz