Des maillages pour assurer la pérennité des entreprises agricoles en Estrie

Emilie Windsor et Edison Ariel Machuca Padilla sont devenus propriétaires d'une bleuetière grâce à ARTERRE.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
Le service de maillage l’ARTERRE porte fruit en Estrie. Ce programme a permis à 21 projets de la relève agricole de se concrétiser depuis son implantation en 2017.
Carmen et Gérald Auger exploitent depuis 20 ans une bleuetière située en plein cœur du village de Saint-Adrien. Ils ont toutefois dû se résigner à passer le flambeau. On n’avait plus le choix, témoignage Mme Auger, en faisant référence à leur condition physique. On a été obligé de laisser la relève continuer.
Ils ont donc amorcé les recherches pour céder leur terre, mais non sans crainte. C’est sûr que quand tu as travaillé sur quelque chose comme la terre, tu ne peux pas faire autrement que d’essayer d’avoir une relève pour continuer ton œuvre
, ajoute Gérald Auger.
« On ne voulait pas se ramasser avec un client qui revire cela [la bleuetière] en quelque chose qui n’a rien à voir avec la bleuetière. »
Ils ont bénéficié de l’ARTERRE, un service de maillage qui a pour objectif d’assurer la pérennité des exploitations agricoles.
Un jeune couple prend la relève!
L’agente de maillage de l’ARTERRE les a mis en relation avec un jeune couple qui cherchait à prendre les rênes d’un projet agricole. Emilie Windsor et son conjoint, Edison Ariel Machuca Padilla, ont commencé par louer une bleuetière avant d’envisager de devenir propriétaires.
C’est facile quand on est jeune et qu’on a de grands rêves de se lancer dans n’importe quel projet, témoigne Emilie Windsor. Mais ils [l’équipe de l’ARTERRE] sont vraiment bons pour trouver le bon projet pour nous. Ils ne peuvent pas nous assurer la réussite, mais qu’ils savent qu’on va apprécier et réussir à mener à terme
, explique-t-elle.
Ils sont finalement devenus propriétaires de la bleuetière de Saint-Adrien en mars 2021.
« Le cas ici de cette ferme, c’est qu’on maintient un service alimentaire, une offre alimentaire très locale. »
L’agente de maillage pour l’ARTERRE, Émilie Lapointe, explique que le succès des transferts agricoles nécessite du temps et de la ténacité. On peut faire plusieurs visites chez les cédants, témoigne-t-elle. Il faut avoir une vision commune, des valeurs communes, pour que ce soit durable comme entente.
Des retombées concrètes
Le maire de Saint-Adrien, Pierre Therrien, se réjouit de voir les retombées de l’ARTERRE dans la région alors que 21 projets se sont concrétisés depuis 2017.
« Depuis que je suis en politique à Saint-Adrien, on est passé de 27-28 fermes à 6 fermes. »
Une manière, selon lui, de freiner la dévitalisation des campagnes. On était en recherche de solution et graduellement, on en est venu à l’ARTERRE, se souvient-il. Je pense qu’on commence à ressentir les retombées et c’est vraiment intéressant.
Il y a quelque chose qui est colporté puis qui, selon moi, est utopique, c’est de dire que ça prend une méga ferme pour être capable d’en vivre
, ajoute-t-il.
Il croit qu’il faut miser sur les projets agricoles à échelle humaine. On a l’exemple ici avec la bleuetière. Il est possible de vivre de l’agriculture sans que ce soit de masse. En même temps cela amène une vitalité dans nos municipalités qui est essentielle à la survie de nos services de proximité.
Transmission des connaissances
Mais il ne faut pas s’en cacher, devenir propriétaire d’une entreprise agricole n’est pas de tout repos, même avec beaucoup de préparation. Mais faut se lancer quand même puis on s’adapte du mieux qu’on peut
, s’exclame Emilie Windsor.
Heureusement pour les nouveaux propriétaires de la bleuetière, ils pourront compter sur l’appui des cédants qui résident de l’autre côté de la rue. Officiellement, on leur a donné un an [d’aide technique], mais officieusement, on est là
, conclut Gérald Auger.