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Caméra d’intervention à Iqaluit : la responsabilité et la confiance remises en question

Un policier portant une caméra d'intervention.

Stephanie Boydell, la directrice générale d’Aide légale Nunavut, souligne que la caméra d'intervention ne capte pas tout ce qui se passe autour du policier.

Photo : CBC / Monty Kruger

Radio-Canada

Les incertitudes sur l'utilisation des caméras d'intervention par les policiers demeurent, même si le projet pilote avec les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’Iqaluit a pris fin il y a quelques semaines.

L’automne dernier, la GRC d’Iqaluit a lancé un projet pilote pour tester l'usage de caméra d’intervention par ses agents. En février dernier, les 53 membres de ce détachement en étaient équipés.

Au cours des six derniers mois, la GRC d'Iqaluit a reçu environ 5000 appels et 3500 vidéos ont été enregistrées. Quatre-vingt-onze d'entre elles ont été utilisées à des fins judiciaires et trois plaintes ont été déposées contre la police.

La GRC a également mené un sondage en ligne demandant au public son avis sur les caméras d’intervention. Sur les 23 répondants, la plupart sont d’accord ou tout à fait d’accord pour dire que la présence du dispositif a permis d’augmenter leur confiance dans la police.

La faible participation au sondage ne semble pas freiner la surintendante de police en chef du Nunavut Amanda Jones dans son idée que, malgré les petits ajustements du début, le programme est un succès.

Ça s’est bien déroulé. Nous avons eu un programme de formation solide dès le début avec tous les officiers ayant quatre heures pour apprendre à utiliser les caméras.

Quand lancer l'enregistrement

Stephanie Boydell, directrice générale d’Aide légale Nunavut, voit les choses d’un autre œil. Son organisme a eu à traiter des cas où un agent de police en service et muni d'une caméra d'intervention n'a lancé l'enregistrement qu'après l'interaction initiale, et dans certains cas, après l’arrestation.

Cela nous montre à quel point il devrait y avoir une surveillance plus stricte des cas dans lesquels un agent est autorisé à garder sa caméra éteinte avant d'interagir avec une personne, souligne-t-elle.

Mme Boydell explique aussi que la caméra ne pointant que dans une direction, elle ne peut pas capturer tout ce qui se passe autour. Elle pense donc que tant que la question du moment où la caméra doit être allumée n’est pas tranchée, les agents de la GRC n’auront pas de compte à rendre de la même façon.

Kevin Walby, professeur agrégé du département de justice criminelle de l’Université de Winnipeg, partage cette opinion. Pour lui, les caméras d’intervention n’ajoutent ni transparence ni responsabilisation, puisque rien ne garantit qu'une image sera rendue publique même s'il s'agit d'une image accablante pour la police.

Les caméras sont également associées à des coûts élevés, comme ceux liés à l'entreposage et aux employés chargés d’extraire les séquences vidéo. De l’argent qui, pense le professeur, aurait pu être investi autrement.

Cela me rend triste que la police et les décideurs politiques aient cédé aux messages envoyés par les entreprises qui vendent ces dispositifs plutôt que d’écouter vraiment les Canadiens, qui leur disent qu’ils veulent régler les conflits et transgressions d’une autre façon, explique-t-il.

Stephanie Boydell affirme que Aide légale Nunavut aimerait que le projet pilote soit mis en place dans tout le territoire, avec des règles plus strictes sur le moment où l'enregistrement doit-être lancé. L’organisme a aussi rédigé un mémo rassemblant ses interactions avec le projet pilote, un document qui pourra être utilisé comme de la rétroaction formelle.

Avec des informations de Meral Jamal et de La Presse canadienne

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