La crise du logement pour les Ontariens avec un trouble du développement

Faute de logement adapté, des adultes avec un trouble du développement sont hébergés dans des hôpitaux.
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Ontariens adultes ayant un trouble du développement peinent à trouver un logement adapté à leurs besoins. Une attente pouvant aller jusqu’à dix ans et des conséquences graves sur l’adulte et sa famille sont preuves, pour plusieurs, de l’ampleur de cette crise.
Malgré le programme d’action établi par Autisme Ontario en 2013, la crise n’a fait qu’empirer. En cinq ans, la liste d’attente pour un logement adapté est passée de 12 000 à 18 200 personnes.
France Gélinas, députée provinciale néo-démocrate de Nickel Belt et porte-parole de l’opposition en matière de santé, affirme que la liste d'attente a continué de s'allonger depuis 2018.
Le nombre exact d'adultes avec un trouble du développement en attente d'un logement adapté en 2021 n'est toutefois pas connu.
Selon Autisme Ontario, cette augmentation ne cessera pas dans les prochaines années, et de plus en plus de personnes se trouveront sans logement et sans l’option de quitter le nid familial.
La représentante francophone d’Autisme Ontario, Mélanie Laurin, dit que les besoins sont pourtant évidents. Ces personnes ont besoin de maisons stables et sécuritaires avec des personnes formées qui peuvent travailler avec elles.
Mme Laurin souligne aussi que, faute d’avoir trouvé un logement qui réponde à leurs besoins, certaines personnes se retrouvent dans les hôpitaux.
Ceux-ci ne sont pourtant pas conçus pour s’occuper des troubles du développement et encore moins pour être un milieu de vie.
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Des centaines de parents et autres tuteurs n’ont d’autre choix que de s’occuper de leur enfant pendant plusieurs années même après leur retraite. Cette réalité entraîne des conséquences du point de vue familial, fait remarquer France Gélinas.
C'est très difficile, il y a bien des familles qui voudraient garder leur enfant qui a un handicap du développement avec eux, mais il y a tellement peu de ressources. Les parents font des burnouts. […] Tout ce qu’on a, c’est des listes d’attentes.
Le programme d’action de 2013 dresse une liste des difficultés auxquelles font face les personnes atteintes d’un trouble du développement : pauvreté généralisée, besoin de soutien et d’adaptation supplémentaire, discrimination, etc.
Autisme Ontario rappelle dans son programme d’action que la non-accessibilité à un logement a de facto pour conséquence une exclusion sociale.
France Gélinas est d’avis que l’inclusion de ces personnes est pourtant cruciale au développement de la société.
Ça change tellement une communauté quand il y a un programme d’inclusion des personnes ayant un trouble du développement. D'apprendre à les connaître, à vivre avec eux, c’est important pour tout le monde par rapport à l'empathie, à l’inclusion et à la création de liens.

Une sandwicherie à Toronto forme et emploie des jeunes adultes vivant sous le spectre de l'autisme et d'autres handicaps pour les aider à s'émanciper.
Photo : Radio-Canada / Marguerite Gallorini
En ce moment, on ne voit pas ces 18 200 personnes qui tentent de survivre et il y a un prix à payer du côté sociétal
, ajoute Mme Gélinas.
Pour la suite des choses, le ministère des Services à l'enfance et des Services sociaux et communautaires affirme que le gouvernement investira 1,85 milliard de dollars cette année pour fournir des services résidentiels aux personnes ayant une déficience intellectuelle.