Frontière canado-américaine : Ottawa fait une grave erreur, selon Chuck Schumer

Chuck Schumer est le chef de la majorité démocrate au Sénat américain.
Photo : Getty Images / Chip Somodevilla
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des élus américains expriment de plus en plus ouvertement leur colère à l'égard du gouvernement canadien qui a, encore une fois, prolongé d'un mois la fermeture de la frontière avec les États-Unis pour les voyages non essentiels.
Parmi eux, le chef de la majorité démocrate au Sénat Chuck Schumer a affirmé au journal Buffalo News avoir appelé l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, pour lui dire que son gouvernement faisait une grave erreur.
Il était, dit-il, vraiment en colère
lorsqu’il a appris la prolongation de la fermeture de la frontière vendredi. Je lui ai dit qu’on devait travailler ensemble, que les États-Unis et le Canada devaient rouvrir la frontière immédiatement. Je lui ai dit qu’il fallait un plan permettant aux Canadiens et aux Américains vaccinés de traverser.
Et il est loin d’être le seul. Brian Higgins, membre démocrate du Congrès américain, est d’ordinaire un ami du Canada : il parle souvent de ses liens avec son voisin du nord, a tenu tête à l’administration Trump qui envisageait de signer un nouvel ALENA sans le Canada et a exhorté son président actuel, Joe Biden, à y envoyer davantage de vaccins.
Cependant, 15 mois après la fermeture de la frontière, le représentant du district de Buffalo dans l’État de New York, où passent la plupart des voyageurs transfrontaliers, en a assez. C’est arbitraire. Ça ne se base ni sur la science, ni sur les faits, ni sur les données
, peste-t-il.
J’aimerais qu’il y ait une manière plus polie de le dire, mais ce sont des conneries.
Des décisions « réciproques », assure Ottawa
Malgré la pression interne, le gouvernement américain ne semble pas particulièrement pressé. À Ottawa, un porte-parole a assuré vendredi que l’administration Biden n’exerçait pas de pression sur le gouvernement Trudeau pour une réouverture immédiate.
Le ministre canadien de la Sécurité publique, Bill Blair, a quant à lui affirmé dimanche que « les mesures ont généralement été prises de manière symétrique et réciproque » entre le Canada et les États-Unis.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Nous travaillons étroitement avec le gouvernement américain, et la communication est très claire à propos des mesures que nous prenons l’un et l’autre
, a-t-il ajouté en entrevue avec Rosemary Barton, de CBC.
Une révélation décevante pour Elise Stefanik, représentante républicaine de l'État de New York, qui aimerait que son président durcisse le ton avec son homologue canadien.
[Biden] a manqué une occasion au Sommet du G7 de défendre les intérêts américains et de présenter un plan sécuritaire pour la réouverture. Il a plutôt cédé au premier ministre Trudeau.
Les représentants de la Maison-Blanche ont refusé de commenter la décision du Canada annoncée vendredi de prolonger la fermeture jusqu’au 21 juillet. Ils assurent cependant que des groupes de travail discutent présentement de la réouverture des frontières avec, entre autres, le Canada.
Une question de vaccination et non de date
Vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a expliqué attendre que 75 % des Canadiens aient reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19 et que 20 % aient été complètement vaccinés avant d’assouplir les mesures sanitaires.
Le 18 juin, plus de 65 % des Canadiens avaient reçu au moins une dose, et 17,83 % en avaient reçu deux.
« Nous comprenons qu’il y a des impacts économiques et sociaux importants, surtout pour les communautés vivant près de la frontière, mais nous suivons les recommandations de la santé publique du Canada », a indiqué le ministre Bill Blair à CBC.
Le Canada se maintient sous la barre des 2000 nouveaux cas quotidiens de COVID-19 depuis le 6 juin. Lors de la troisième vague, en avril, le Canada recensait régulièrement plus de 8000 infections par jour.
Les nouveaux cas de COVID-19 aux États-Unis sont sous la barre des 20 000 depuis une semaine. Au plus fort de la crise, en janvier, les autorités confirmaient plus de 200 000 nouvelles infections quotidiennes.
L’État de New York, avec près de 20 millions d’habitants, se maintient sous la barre des 1000 cas depuis la fin du mois de mai et les autorités assurent qu’au moins 70 % des adultes y ont reçu une première dose de vaccin.
Avec des informations du Buffalo News et d'Alexander Panetta, de CBC News