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Drogues et armes livrées aux fenêtres du pénitencier de Donnacona

Un drone dans le ciel

Les drones sont maintenant en mesure de livrer de la drogue, des armes ou des cellulaires directement aux fenêtres des détenus, prévient le syndicat des agents correctionnels de la prison de Donnacona

Photo : iStock

Il est de plus en plus facile de livrer des objets par drone à la prison de Donnacona, prévient le syndicat des agents correctionnels. Les agents repèrent entre « un et trois drones par semaine » aux abords du pénitencier, un nombre qui ne reflète pas l'ampleur de ce trafic aérien de plus en plus présent en milieu carcéral.

Depuis environ cinq ans, les agents des services correctionnels de Donnacona interceptent plus d'une centaine de drones par année, indique Frederick Lebeau, président de la région du Québec du syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN.

Ces drones, utilisés principalement par les membres du crime organisé, livrent notamment de la drogue et des armes. On saisit souvent des téléphones cellulaires, précise M. Lebeau. Certains sont très modernes et ont Internet, ce qui facilite le contact des détenus avec le monde extérieur.

Le pénitencier de Donnacona

Le pénitencier de Donnacona

Photo : Radio-Canada / Radio-Canada/Marc-Antoine Lavoie

Le problème n'est pas nouveau, mais il est difficilement quantifiable.

On est capable d'en capter un à deux par semaine, des fois trois. Mais ceux qui nous font peur, ce sont ceux qu'on n’est pas capable d'intercepter ni de voir. Il y en a peut-être 5, 6, on ne le sait pas. Ça, ça devient problématique, prévient M. Lebeau.

Livraison à la fenêtre

Les agents correctionnels remarquent depuis peu des livraisons directement aux fenêtres de l'établissement de Donnacona.

Les détenus ont trouvé comment enlever les fenêtres de leur mastic et enlever toute la structure de la fenêtre. On a des livraisons qui se font directement à la cellule. Même Uber Eats n’est pas capable de faire ça, lance Frédérick Lebeau.

La prison de Donnacona possède un radar capable de détecter les drones. Or, une fois repérés, ces derniers demeurent difficiles à neutraliser, déplore le syndicat.

Malheureusement, on peut avoir 100 % en matière de détection, mais il faudrait avoir aussi comme objectif 100 % en interception. C'est là que le bât blesse. On est encore à la recherche d'outils.

Une citation de Frederick Lebeau, président de la région du Québec du syndicat des agents correctionnels du Canada-CSN

Ajoutons que les agents correctionnels n'ont pas le pouvoir de demander une fouille dans les cavités corporelles.

Seul un médecin peut ordonner ce type de fouilles là. Aussitôt que le drone a fait sa livraison, ce n’est vraiment pas long et on n'a plus accès à la marchandise, malheureusement, déplore l'agent correctionnel.

Scanneur corporel

Le syndicat estime que l'utilisation de scanneurs corporels à l'intérieur des pénitenciers permettrait une plus grande efficacité.

Pour l'instant, seulement deux établissements situés à l'extérieur du Québec en sont équipés dans le cadre d'un projet pilote.

Dans le projet de loi C-83, le gouvernement a mis la notion de scanneur corporel. Malheureusement, il n'y a aucun budget qui est venu avec ce changement législatif là, déplore M. Lebeau.

Efforts

De son côté, Service correctionnel Canada affirme travailler pour freiner la présence de marchandises illicites dans ses établissements, dont celles acheminées à l'aide de drones.

Nous procédons notamment à des fouilles des délinquants, des visiteurs, des membres du personnel, des cellules, des véhicules et des bâtiments au moyen d'instruments de fouille discrets, ce qui comprend des détecteurs ioniques et des chiens détecteurs. Le SCC poursuit ses recherches et continue de mettre en place de nouvelles technologies dès qu'elles sont disponibles pour faciliter la détection des objets interdits, y compris les drones, précise Esther Mailhot, porte-parole de Service correctionnel Canada.

Cette dernière ajoute que 6 M$ seront investis, au cours des prochaines années, dans un projet pilote de détection des drones.

Service correctionnel Canada constate que malgré l'augmentation du nombre de drones au-dessus des pénitenciers, des analyses ont révélé que l'observation de drones n'a aucune incidence perceptible sur la présence de drogues dans les établissements correctionnels.

Impossible à freiner?

Ces nouvelles méthodes de livraison montrent que le crime organisé sait profiter des technologies modernes, selon Michel Doré, policier retraité de la Sûreté du Québec (SQ).

C'est depuis que les prisons existent. J'ai vu au départ des gens lancer des balles de tennis dans lesquelles se trouvaient de la drogue, des téléphones. Aujourd'hui, on utilise des moyens plus poussés.

Une citation de Michel Doré, policier retraité de la Sûreté du Québec

Le drone est facile d'accès et facile à faire voler pour ceux qui ont suivi un cours, ajoute M. Doré. Évidemment, les criminels vont s'adapter.

Il estime qu'il est seulement possible de limiter le phénomène, sans complètement l'enrayer.

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