Pénurie de main-d'œuvre au Québec : « Les entreprises doivent se prendre en main »

Le ministre du Travail Jean Boulet souligne que le niveau de productivité du Québec est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Face à la pénurie de main-d'œuvre, le ministre du Travail du Québec Jean Boulet invite les entreprises à prendre leur part de responsabilité. Le ministre veut leur passer le message que l'immigration n'est pas la seule solution pour répondre à leurs besoins.
On estime que 22 % de nos besoins dans les 10 prochaines années seront comblés par des personnes immigrantes
, précise le ministre.
Il y avait 148 000 postes vacants au Québec au dernier trimestre de 2020, selon Statistique Canada, et la tendance est loin de s'inverser. De 2019 à 2023, on prévoit 600 000 départs à la retraite. Si on additionne ces départs à la création anticipée de 150 000 emplois, cela représente 750 000 postes à combler
, explique Jean Boulet.
On est à une étape où les entreprises doivent se prendre en main.
Le défi n'est pas impossible à relever, mais les entreprises doivent d'abord faire un examen de conscience, juge le ministre. Il y a seulement 25 % des processus d'affaires au Québec qui sont automatisés, contre 55 % aux États-Unis. Malgré ça, un sondage de la Commission des partenaires du marché du travail démontre que 60 % des entreprises considèrent qu'elles sont à niveau en ce qui concerne les technologies
, constate-t-il.
Il estime que ce retard a un impact sur le niveau de productivité du Québec, qui se situe sous la moyenne des 20 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le taux de productivité du Québec est à 64 $ de l'heure travaillée, alors qu'en Ontario, c'est 68 $. Et en moyenne pour les pays de l'OCDE, c'est à peu près à 84 $ de l'heure
, ajoute M. Boulet.
Pour combler le retard, le ministre a mis en place un programme par lequel le gouvernement rembourse, sous forme de subvention salariale, jusqu'à 85 % des dépenses liées à la réorganisation du travail et toute la formation qui découle de l'acquisition de nouvelles technologies.
On va devoir prendre en considération l'immigration, mais il faut d'abord épuiser notre capacité à intégrer les personnes qui sont disponibles ici au Québec.
Intégrer les travailleurs disponibles
Le ministre estime aussi que les patrons ont encore des efforts à faire pour aller chercher les travailleurs qui sont disponibles. Il évoque l'embauche de personnes handicapées qui requièrent certaines adaptations de la part des entreprises.
Et puis, il y a les personnes qui ont un casier judiciaire, pour lesquelles il est souvent difficile de trouver un emploi. Il y a encore de la stigmatisation et des préjugés défavorables par rapport à leur intégration
, dit Jean Boulet.
Le ministre rappelle que le taux de chômage des personnes immigrantes qui habitent au Québec depuis moins de cinq ans est encore de 16,5 %. Depuis que le plan d'action sur la main-d'œuvre du gouvernement a été lancé en 2019, 223 000 personnes ont pu être intégrées au marché de l'emploi grâce à différents programmes, mais c'est insuffisant pour combler le déficit de travailleurs.