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Une femme vêtue d'un habit traditionnel se fait injecter le vaccin.

Vaccination avec le vaccin chinois Sinopharm à Desaguadero, à la frontière entre le Pérou et la Bolivie, le 21 mai 2021.

Photo : Associated Press / Juan Karita

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Près de 1 milliard de personnes dans le monde ont reçu au moins une première dose du vaccin contre la COVID-19, ce qui correspond à 11,62 % de la population mondiale.

Cette moyenne mondiale cache toutefois bien des disparités. Alors que dans certains pays, plus de la moitié de la population a été au moins partiellement vaccinée, dans d’autres, il n’y a qu’une poignée d’élus.

En dehors des micro-États, Israël est le pays dont la campagne de vaccination est la plus avancée, avec près de 60 % de la population qui a déjà reçu deux doses.

À l’autre extrémité, la majorité des pays africains ont vacciné moins de 1 % de leur population.

Ces disparités ne surprennent pas Christina Zarowsky, directrice du Département de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Il y a une grande inégalité dans la disponibilité des vaccins entre les pays plus riches et les plus pauvres, et même parmi les pays les plus riches, constate-t-elle.

En moyenne, dans les pays à haut revenu, une personne sur quatre a été vaccinée, comparativement à 1 sur 500 dans les pays à faible revenu, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La situation en Europe

Près de 20 % de la population européenne a été complètement vaccinée.

Si les campagnes de vaccination ont connu des débuts difficiles, notamment en raison d'obstacles logistiques et d’approvisionnement, le rythme s’est accéléré depuis et plusieurs pays européens sont maintenant parmi les plus vaccinés au monde.

L’Amérique

En nombres absolus, l’Amérique est en tête avec 475 millions de doses de vaccin administrées. Les différences sont toutefois énormes d’un endroit à l’autre.

Alors que les États-Unis ont immunisé 41,5 % de leur population, le Pérou (qui détient le triste record du plus haut taux de mortalité), en a vacciné dix fois moins, soit à peine 3,98 % des Péruviens.

L’Organisation panaméricaine de la santé a lancé le 2 juin un cri d’alarme concernant Haïti, face à l’augmentation rapide des contaminations et des décès, alors que le pays n’attend ses premières doses de vaccin qu’à la fin du mois de juin.

L’Asie et l’Océanie

Plusieurs pays et territoires asiatiques, qui avaient plutôt bien géré la pandémie au cours de la dernière année, peinent maintenant à vacciner leur population alors que le nombre des cas de coronavirus est en augmentation. C’est notamment la situation à Taïwan, mais aussi de la Thaïlande et du Vietnam. Ce dernier a lancé un appel aux dons du public afin de recueillir des fonds pour acheter des vaccins.

Dans certains pays, comme le Japon et la Corée du Sud, le retard s’explique également par la décision des autorités d’obliger les fabricants de vaccins à réaliser des tests sur les populations locales avant leur approbation, ce qui, ajouté aux difficultés d’approvisionnement, a considérablement ralenti le processus. De plus, la santé publique a du mal à convaincre une partie de la population plutôt méfiante relativement au vaccin.

L’Australie, pour sa part, traîne la patte comparativement aux autres pays riches, notamment parce qu’elle comptait sur le vaccin d’AstraZeneca, fabriqué localement. Mais après la découverte de cas de thrombose qui seraient liés à ce vaccin, il a été déconseillé pour les personnes âgées de moins de 50 ans, forçant le gouvernement australien à revoir ses cibles de vaccination. À peine 2 % de la population a reçu les deux doses.

L’Afrique

Dans l’ensemble, c’est l’Afrique qui affiche le pire taux de vaccination, avec seulement 2 % de sa population ayant reçu au moins une dose et quelques pays qui n’ont pas encore commencé leur campagne.

Cela inquiète l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui craint une flambée dans des pays mal outillés pour faire face à une urgence sanitaire. Dans de nombreux pays africains, les équipements, dont le nombre de lits en soins intensifs, ainsi que le personnel de santé essentiel sont largement insuffisants, soutient l’OMS.

Pourquoi ces disparités?

Les pays riches ont accaparé un grand nombre de doses il y a plusieurs mois en passant des précommandes auprès des laboratoires avant même l'approbation des vaccins, explique Krishna Udayakumar, directeur du Centre d’innovation de santé globale, à l’Université Duke, en Caroline du Nord.

La majorité de l'approvisionnement à court terme a été bloquée par les pays à revenu élevé et une poignée de pays à revenu intermédiaire, précise-t-il, grâce à leur position dominante sur le marché, d’une part, et au fait que les installations de production des vaccins se trouvent surtout aux États-Unis et en Europe.

Puisqu’il y a encore des difficultés d’approvisionnement, il reste moins de vaccins disponibles pour les pays à revenu intermédiaire et faible.

À ce rythme, il faudra plusieurs années avant que tout le monde soit vacciné.

The Economist Intelligence Unit (EIU) estime que la majeure partie de la population adulte des économies avancées sera vaccinée d'ici à la mi-2022. Par contre, plus de 85 pays en développement, dont la majorité de l’Afrique, n’atteindront une couverture supérieure à 60 % qu’après 2023.

Grâce à COVAX, un mécanisme destiné à soutenir l'accès aux vaccins pour les pays à revenu faible et intermédiaire, plusieurs pays ont pu commencer leur campagne de vaccination.

Mais ce n’est pas assez, souligne Krishna Udayakumar. On est encore loin de nos aspirations en ce qui concerne l'accès aux doses et les délais dans lesquels ces doses peuvent atteindre la plupart des régions du monde, affirme le chercheur.

« Il reste encore beaucoup de travail à faire pour consolider COVAX et le rendre aussi efficace que possible. »

— Une citation de  Krishna Udayakumar, directeur du Centre d’innovation de santé globale, à l’Université Duke.

De plus en plus de voix se font entendre pour demander aux pays riches de partager leurs doses excédentaires. Certains pays, comme le Canada, en ont acheté un nombre qui dépasse plusieurs fois les besoins de leur population.

Les pays membres du G7 se réuniront cette semaine en Angleterre et la question sera à l’ordre du jour.

Nous travaillerons pour essayer d'atteindre l'objectif de permettre que le vaccin soit disponible dans le monde entier, a promis le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock.

L'OMS, mais aussi la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), demande une accélération de la vaccination dans les pays pauvres. Il en va de l’intérêt de tous, affirment-ils, puisque plus la pandémie s’étirera, plus l’ensemble de l’économie tardera à se remettre en branle.

Dans un monde où, à cause du modèle économique, on dépend tellement du commerce international, ce n'est pas une bonne chose de laisser fleurir les variants dans d'autres pays, croit Christina Zarowsky.

« Ce n'est pas dans notre intérêt que le Brésil, par exemple, soit un laboratoire pour créer des variants, l'un après l'autre. »

— Une citation de  Christina Zarowsky, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Des personnes intubées sont couchées sur des lits dans un hôpital.

Des patients sur respirateur artificiel à l'hôpital Nossa Senhora da Conceição, surpeuplé, à Porto Alegre au Brésil. Le Brésil est menacé d'une troisième vague en raison, notamment, de la lenteur de la vaccination, du relâchement des restrictions et de la circulation des variants.

Photo : Reuters / DIEGO VARA

C’est pourquoi plusieurs estiment qu’on doit agir sur plusieurs fronts.

Au-delà des dons, il faut tenter d'améliorer les capacités de production des vaccins, croit notamment David Wilson, directeur de programme en santé, nutrition et population à la Banque mondiale (BM). L’institution travaille avec des banques privées en vue d’accroître la production du vaccin de Johnson & Johnson en Afrique du Sud, un pays où il existe déjà des infrastructures pharmaceutiques développées, avec l’objectif de doubler cette production et pouvoir approvisionner les pays en développement, souligne-t-il.

En ce qui concerne les dons, même s’il y a eu des promesses en ce sens, elles vont encore tarder à se concrétiser.

Il faut aussi savoir qu’une grande partie des surplus de vaccins n'existent que sur papier, précise M. Wilson. Quand ils seront produits, nous verrons plus de dons.

Un chargement de vaccins sur lequel est écrit COVAX.

Les États-Unis ont annoncé un investissement de 4 milliards de dollars dans l'initiative internationale COVAX, qui vise à fournir des vaccins à certains pays qui y ont peu accès.

Photo : afp via getty images / NIPAH DENNIS

Ce sont les délais de production qui expliquent que le Canada, même s’il a acheté des millions de doses, n’a encore réussi à vacciner pleinement que 8 % de sa population. Plus de 62 % des Canadiens ont toutefois reçu une première dose, ce qui place le pays dans le peloton de tête des pays ayant immunisé partiellement leur population.

Il s'agit d'une stratégie gagnante, croit M. Wilson. C’est la bonne approche de santé publique, note-t-il, et d'autres pays devraient la suivre. C’est un exemple impressionnant de la façon d’atteindre l'équité en matière de vaccins au niveau national pour vacciner autant de personnes que possible.

COVID-19                         : ce qu'il faut savoir

Le partage s'impose

Il ne faut pas tomber dans le piège de la complaisance et, puisque la situation s'améliore ici, perdre l’intérêt pour ce qui arrive en dehors de nos frontières, croit Krishna Udayakumar.

Alors que nous célébrons, à juste titre, l'ouverture de certaines parties de notre économie et le relâchement de certaines mesures de santé publique, cela devrait nous faire redoubler d'efforts pour nous assurer que nous sommes des partenaires plus forts pour aider le reste du monde, note-t-il.

« Qu’on le voie à travers le prisme d'une crise humanitaire ou de l'intérêt personnel, la solution reste de garantir un accès mondial plus large aux vaccins. »

— Une citation de  Krishna Udayakumar, directeur du Centre d’innovation de santé globale, à l’Université Duke.
Avec les informations de Agence France-Presse

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