Absence de compétition : la Ville scinde le projet de tramway en deux
L'intégration du tramway dans une des stations de la ville (archives)
Photo : Ville de Québec
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Devant l’échec de l’appel de propositions, où un seul consortium s’est montré intéressé à réaliser le projet de tramway, la Ville de Québec change de stratégie.
Le projet sera scindé en deux. Il est maintenant question de retenir les services d’une entreprise pour la conception du tramway et d’un autre consortium pour tous les travaux de génie civil et d’infrastructures. Le processus d’appel de qualification et d’appel de propositions doit reprendre à zéro et le projet sera retardé d’un an pour une mise en service espérée à l’été 2028.
Selon Régis Labeaume, il s’agissait de la meilleure solution pour obtenir le meilleur projet au meilleur prix
. La présence d’un seul consortium dans l’appel de propositions lancé le 30 avril était trop risquée aux yeux du bureau de projet.
« La Ville refuse la possibilité de négocier de gré à gré un contrat d'une telle ampleur et d'une telle durée. »
Quant aux raisons pour lesquelles les deux autres consortiums qui s’étaient montrés intéressés se sont désistés, Régis Labeaume avance que l’acquisition de Bombardier Transport par Alstom a considérablement changé le marché mondial de la construction de matériel roulant. Selon lui, c’est le principal élément qui a mené à l’échec de l’appel de propositions.
Les nouveaux appels de qualification se feront donc en deux temps. Cet été, le bureau de projet lancera le processus pour trouver l’entreprise qui construira le tramway lui-même. Cette portion du projet est évaluée à 20 % du budget total de 3,3 milliards de dollars.
L’appel de qualification pour sélectionner le consortium qui sera responsable de la conception et de la construction des infrastructures sera lancé quelques mois plus tard, à l’automne 2021.
Plus risqué
Le directeur du bureau de projet, Daniel Genest, admet d’entrée de jeu que cette approche en deux étapes est plus risquée. En cas de litige, le bureau de projet devra en quelque sorte assurer la médiation entre le responsable du matériel roulant et le consortium responsable des infrastructures.
Si un consortium avait été responsable de tout le projet, l’ensemble des problèmes auraient été gérés à l’interne.
Daniel Genest souligne aussi que l’appel de qualification pour la construction des équipements du tramway présente certains risques, puisque la compétition est faible à l’échelle planétaire. La française Alstom, maintenant propriétaire de Bombardier Transport, et l’allemande Siemens apparaissent comme les deux seules entreprises capables de remplir la commande.
Quand on regarde l'ensemble des fabricants de matériel roulant à l'échelle mondiale, on revient rapidement à des gens qui ont livré du tramway dans des milieux nordiques
, explique Daniel Genest.
Plus cher
Le retard dans le projet entraînera des coûts additionnels. En février, le vérificateur général de la Ville de Québec estimait que chaque année de retard ferait gonfler la facture de 100 millions de dollars.
Le maire Régis Labeaume est d’accord avec cette évaluation et il devra négocier avec le gouvernement Legault pour déterminer qui réglera la facture. Ce sont des discussions qu'on devra avoir avec le gouvernement, il n'y a pas de doute, dans les prochains mois. Mais c'est pas ça qui devrait retenir la relance du processus
, analyse-t-il. Il rappelle aussi que les coûts ne seront véritablement connus qu'à la toute fin du processus d'appel d'offres.
Régis Labeaume admet au passage avoir passé une semaine difficile
avec ce nouveau revirement dans le dossier. Il demeure néanmoins persuadé que le projet est assez avancé pour qu’il soit impossible de revenir en arrière, peu importe le résultat des prochaines élections municipales.
Je vous garantis que, peu importe ce qui se passe au niveau municipal, le gouvernement va aller de l'avant avec ce projet-là et aucun autre.