Une première école de sciences pharmaceutiques en français hors Québec à Ottawa

L’Université d’Ottawa formera des pharmaciens pour la population francophone en milieu minoritaire (Archives).
Photo : Radio-Canada / Marc-André Hamelin
L’Université d’Ottawa formera des pharmaciens pour la population francophone en milieu minoritaire.
L’Université d’Ottawa annonce, vendredi, qu'elle mettra sur pied cette école avec un objectif très clair : former des pharmaciens pour desservir la population francophone en milieu minoritaire.
Il s'agit d'un mandat que lui a confié le gouvernement ontarien, dit l'Université, afin d'aider les communautés durement affectées par l’accès difficile aux soins de santé dans leur langue.
La docteure Manon Denis-LeBlanc, médecin de famille et vice-doyenne aux affaires francophones à la Faculté de médecine de l'Université d'Ottawa, explique que le rôle du pharmacien a considérablement évolué au fil des ans.
Depuis dix ans, il est beaucoup plus près du patient, et fait partie inhérente des soins de santé.
« Ce n’est pas rare qu’un patient revienne de chez son spécialiste et qu'il n'a pas tout compris ou ne sait pas ce qu’il doit faire… C’est important pour lui de pouvoir retourner à la pharmacie et d'avoir un professionnel capable de faire le lien, d'être un trait d’union avec son médecin. »
La Dre Denis-LeBlanc insiste sur l’importance et la nécessité pour l’école de sciences pharmaceutiques de former des professionnels qui pourront comprendre et saisir les besoins des francophones.
Ils doivent vraiment bien s’exprimer en français pour être capables de bien servir la clientèle
, dit-elle, en entrevue avec ICI Ottawa-Gatineau.
Il s’agit d’un programme de doctorat de premier cycle en pharmacie, d’une durée de quatre ans, qui fera partie de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.
À l’heure actuelle, sur les 10 programmes de premier cycle en pharmacie offerts par les universités canadiennes, il n’y en a que deux, au Québec, qui sont en français.
Un fort besoin de pharmaciens francophones
Pourtant, la demande est forte et les besoins, immenses, selon la Dre Denis-LeBlanc. L’université estime que d’ici 2026, il faudra 750 pharmaciens francophones de plus pour répondre aux besoins de clients hors Québec et pallier la pénurie.
La vice-doyenne aux affaires francophones à la Faculté de médecine observe déjà un déséquilibre prononcé dans les services de pharmacie offerts aux communautés francophones en milieu minoritaire.
« Alors qu’environ 4 % de la population ontarienne est de langue française, à peine 2,75 % des pharmaciens de la province peuvent servir adéquatement leur clientèle dans cette langue. Il s’agit, en fait, de l’une des professions de la santé où la pénurie de francophones est la plus criante. »
La Dre Denis-LeBlanc ajoute que l’Université d’Ottawa cherche à s’attaquer à ce problème depuis le début des années 90. Toutefois, pour de multiples raisons, la création d’un tel programme s’est avérée complexe au point où les trois premières tentatives se sont soldées par un échec. Elle se réjouit : Cette fois-ci, c’est la bonne
, lance-t-elle.
L’École des sciences pharmaceutiques de la Faculté de médecine accueillera ses 50 premiers étudiants à l’automne 2023. Ils seront formés pour faire carrière au sein de la communauté, mais aussi dans les milieux hospitalier, universitaire ou de l’industrie pharmaceutique. Leur diplôme leur permettra d’exercer leur profession partout au pays.
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L’École offrira éventuellement un programme d’études supérieures en français en sciences pharmaceutiques pour former des scientifiques dans ce domaine.
Les dirigeants de l’École de sciences pharmaceutiques de l’Université d’Ottawa espèrent recevoir l’appui financier du gouvernement fédéral pour former cette nouvelle génération de pharmaciens francophones appelés à travailler dans les communautés minoritaires hors Québec.
Avec les informations de Benjamin Vachet