Un site de prévention des surdoses ouvrira dans quelques jours à Saguenay

En 2020, 15 personnes sont mortes d’une surdose au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada / Maryse Zeidler
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une quinzaine de décès par surdose en 2020 ainsi qu’une augmentation nette de la consommation de drogue à Chicoutimi ont pressé les travailleurs de rue et la direction de la santé publique du Saguenay-Lac-Saint-Jean d'ouvrir un site où les injections seront supervisées à Saguenay.
La pandémie a accentué le problème des surdoses. En 2019, huit personnes ont perdu la vie dans la région, mais le chiffre a doublé en un an. Le directeur régional de la santé publique, Donald Aubin, n’a jamais vu des statistiques aussi alarmantes.
C’est malheureux, mais il y a une augmentation partout au Québec et l’instabilité créée par la pandémie va se poursuivre. On constate depuis plusieurs années qu’il y a un changement dans la consommation.
Dans le contexte d’urgence, la santé publique pourra ouvrir ce site dans les locaux du service de travail de rue de Chicoutimi, de manière temporaire.
Ce site de prévention des surdoses permettra notamment de réduire l’incidence des surdoses, de réduire la transmission du VIH et des hépatites au niveau de la clientèle, d’orienter les personnes vers des services, de réduire les problèmes de sécurité et les seringues jetées de façon inadéquate à l’extérieur.
Notre clientèle aura accès à un lieu sûr cinq heures par jour, sept jours par semaine avec du matériel propre et stérile, ils n’auront pas à consommer ça dans les lieux publics et le laisser traîner ensuite. L’ouverture de ce site va amener une sécurité autant pour les usagers que pour la sécurité publique
, comme l’explique la directrice de l'organisme Service de travail de rue de Chicoutimi, Janick Meunier.
Des chiffres inquiétants
Une trentaine de piqueries à ciel ouvert sont surveillées et régulièrement nettoyées par les travailleurs de rue, dans l’arrondissement de Chicoutimi.
Dans la dernière année, les travailleurs de rue ont été en lien avec 118 personnes qui utilisaient de la drogue injectable. Ils ont effectué 793 interventions auprès d’eux
, a précisé Janick Meunier, en conférence de presse jeudi matin.
Selon le Dr Donald Aubin, la pandémie a accentué la consommation de drogue et elle a aussi modifié les comportements.
L’augmentation des décès, mais aussi la distribution de matériel le prouvent : en 2019/2020, 82 000 seringues ont été données alors que cette année, plus de 95 000 seringues ont été données
, a-t-il indiqué.
Le site de prévention des surdoses et un site d'injection supervisée sont assez similaires, mais pour devenir un service d’injection supervisée, il faut obtenir un permis au fédéral
, précise le Dr Donald Aubin.
Actuellement, l'implantation du site de prévention des surdoses est possible car la santé publique a obtenu une exemption provinciale dans le contexte d’état d’urgence.
Site d’injection supervisée
Un site de consommation supervisée (SCS) est un lieu où les personnes qui consomment de la drogue peuvent apporter leurs substances pour se les administrer dans un espace sûr, en présence de personnel médical et de soutien.
Site de prévention des surdoses (SPS)
Un site de prévention des surdoses (SPS), parfois appelé site pour des besoins urgents de santé publique
, est un site temporaire où les personnes qui consomment des drogues peuvent s’administrer leurs substances en présence d’employé-es formé-es et capables de fournir des soins médicaux d’urgence, au besoin.
Source : Centre de recherche appliquée sur la santé mentale et les toxicomanies (CARMHA), un centre de recherche basé à la Faculté des sciences de la santé de l’Université Simon Fraser, à Vancouver.
Les villes de Montréal et Québec possèdent des sites d’injections supervisées sur leur territoire.