Doug Ford repousse le retour en classe à l'automne
Le premier ministre Doug Ford a tenu une réunion avec son Cabinet mercredi matin pour finaliser sa décision (archives).
Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
Le premier ministre de l'Ontario a annoncé mercredi lors d'un point de presse que les écoles de sa province ne rouvriraient pas d'ici l'automne.
Les élèves de l'Ontario poursuivront donc leur apprentissage en ligne d'ici la fin de l'année scolaire, prévue entre le 23 et le 30 juin selon les conseils scolaires.
La Nouvelle-Écosse rouvre aujourd'hui toutes ses écoles, sauf celles des régions d'Halifax et de Sydney, qui rouvriront demain. Les écoles de l'Ontario seront donc les seules à demeurer fermées au pays.
« Nous avons vu clairement dans la modélisation du Dr Brown [le coprésident de la table de consultation scientifique] que le retour des enfants et des enseignants à l'école entraînerait des milliers de nouveaux cas. »
Selon M. Ford, les conditions ne sont pas réunies pour que la fin de l'année scolaire en cours se passe en présentiel à cause du faible pourcentage de personnel enseignant entièrement vacciné, la présence des différents variants du virus de la COVID-19 et le fait que les frontières terrestres avec les États-Unis demeurent ouvertes.
La progression du variant découvert en Inde, le B.1.617, inquiète particulièrement le premier ministre : Ce serait irresponsable de ramener deux millions d'élèves dans une salle de classe huit heures par jour, qui pourraient se contaminer et propager le virus à la maison.
Il a encouragé les enfants et les membres du personnel de l'éducation à aller se faire vacciner, afin de permettre un retour en classe sécuritaire
pour la rentrée de septembre.
Doug Ford à l'encontre de nombreux avis scientifiques à propos des écoles
La semaine dernière, Doug Ford a écrit une lettre à une cinquantaine de destinataires experts et administrateurs de la santé publique, de la pédiatrie et des syndicats de l'éducation ontariens. Il leur demandait leur avis sur une éventuelle réouverture des écoles.
En réponse à sa lettre, la table de consultation scientifique, celle-là même dont le Dr Brown fait partie, avait estimé que l'augmentation totale des cas qui résulteraient de la réouverture des écoles serait faible
.
Le Dr David Williams, médecin hygiéniste en chef de l'Ontario, et les chefs de la santé publique à Ottawa et à Toronto, notamment, prônaient eux aussi une réouverture des écoles avant le déconfinement du secteur du commerce de détail, qui devait commencer à la mi-juin.
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Selon le Groupe pour le consensus en matière de modélisation et de conseils scientifiques, un retour en classe entraînerait une augmentation de 6 % à 11 % des cas de COVID-19.
Ces experts qui conseillent le gouvernement Ford prônent néanmoins une réouverture des écoles, affirmant que la situation serait gérable
.
Le gouvernement n'a pas répondu aux appels à sécuriser les écoles, selon l'opposition et les syndicats
Interrogée par Radio-Canada, la présidente de l'Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO), regrette l'absence d'une réouverture régionale, selon les données sanitaires locales.
Surtout, la présidente Anne Vinet-Roy fait remarquer le manque de cohérence et de transparence
du gouvernement dans ses justifications pour ouvrir ou fermer les écoles depuis plusieurs mois.
Les variants sont présents depuis plusieurs mois, déclare-t-elle. Alors à ce moment là [cet hiver], c’était correct d’ouvrir les écoles, là c’est l’excuse pour les maintenir fermées.
Selon elle, Doug Ford utilise d'autres pare-feu, comme la question de la fermeture des frontières, ou le fait qu'il prétend depuis toujours écouter les experts en santé
.
« Il a toujours dit, et le Dr Williams l’a toujours dit : les écoles devraient être les dernières à fermer et les premières à ouvrir et encore là, c’est pas ce qu’il va se passer. »
Pour la Fédération des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (ETFO), la décision de Doug Ford prise malgré le consensus des acteurs de la santé
, traduit l'incapacité du gouvernement à gérer la pandémie
. Son président, Sam Hammond, l'accuse d'avoir négligé les appels répétés pour des classes plus petites, une meilleure ventilation et un équipement de protection individuelle adéquat pour les éducateurs
, lorsque les écoles étaient ouvertes.
« Une fois de plus, nous exhortons le gouvernement Ford à convoquer immédiatement une table consultative de tous les acteurs de l'éducation pour répondre aux besoins de santé et de sécurité des écoles, et aux défis d'apprentissage et de santé mentale auxquels sont confrontés les élèves en raison de la pandémie. »
Le constat sur la sécurisation des écoles est similaire du côté du chef du Parti vert de l'Ontario, Mike Schreiner, qui note dans un communiqué que les enfants de l'Ontario ont quitté la salle de classe pendant 23 semaines depuis mars 2020 – bien plus longtemps que partout ailleurs au Canada
.
Le maintien de l'enseignement à distance est le résultat des choix de Doug Ford, selon l'opposition officielle.
« La santé mentale, physique et émotionnelle des enfants en souffre. Nos enfants sont en difficulté. Et les parents – souvent des femmes – ont été contraints de rester en dehors du marché du travail ou de jongler de façon surhumaine en aidant les enfants à apprendre à la maison tout en travaillant à domicile. »
L'Association des conseils scolaires de l'Ontario (OPSBA) se dit quant à elle très déçue
par l'annonce du jour et continue de partager le point de vue de nombreux experts en santé publique qui ont déclaré que les écoles devraient être les dernières à fermer et les premières à ouvrir
.
l'OPSBAla contradiction apparente (...) entre la décision de fermer les écoles et la directive du premier ministre d'organiser des remises de diplômes en personne
.
Remise des diplômes
En effet, présent lors du point presse gouvernemental mercredi, le ministre de l'Éducation Stephen Lecce a demandé aux conseils scolaires d'assurer des cérémonies de remise des diplômes aux élèves d'ici la fin de l'année scolaire, en extérieur.
Le gouvernement permettra aux conseils scolaires d'inviter les élèves (...) qui auront obtenu leur diplôme à retourner à l'école en juin pour une courte cérémonie qui se déroulera à l'extérieur, à l'endroit où il sera possible de maintenir la distanciation physique.