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Un trou de 936 M$ dans le transport en commun du Grand Montréal

Des réductions de service et une hausse de tarif sont envisagées en raison de la pandémie et de l'arrivée du REM.

Un homme masqué entre dans un métro.

L’achalandage a diminué de 60 % dans le métro de Montréal en 2020, et l’ARTM ne prévoit pas de retour au niveau d’avant la pandémie avant 2035.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Les usagers du transport collectif pourraient payer plus cher pour avoir moins de service, dès 2022. L'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) anticipe un déficit accumulé de près d'un milliard de dollars, a appris Radio-Canada. Elle envisage d'exiger des sacrifices aux sociétés de transport, à moins que le gouvernement du Québec comble le trou.

Il y a urgence d'agir, selon une note interne adressée aux membres du conseil d'administration de l'ARTM, dont font partie les mairesses de Montréal et de Longueuil, ainsi que le maire de Laval.

Le déficit cumulé prévu pourrait atteindre 716 M$ pour la période 2021 à 2024 si aucun effort additionnel n’est demandé aux organismes publics de transport collectif, peut-on lire. Des pertes de revenus additionnelles de 220 M$ pourraient s’ajouter au cours de cette période si la reprise des activités socio-économiques devait suivre le scénario pessimiste.

Le cadre financier fait présentement l’objet de discussions, il est en élaboration, dit le porte-parole de l'ARTM, Simon Charbonneau. Aucune décision n’a été prise par le Conseil d’administration.

La proposition, qui pourrait être soumise au vote du conseil dès jeudi, prévoit d'imposer des réductions de service chaque année durant trois ans à la Société de transports de Montréal (STM), au Réseau de transport de Longueuil (RTL), à la Société de transport de Laval (STL) et au réseau de trains et autobus de banlieue d'exo.

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Une représentation du coronavirus.

Le plan prévoit moins de passages de métro et d’autobus aux heures de pointe. La longueur des trains de banlieue serait réduite.

Les compressions dégageraient des économies de 142 millions de dollars, dont 98 millions de la STM, mais ce sera insuffisant pour sortir l'ARTM du rouge.

C'est pourquoi il est aussi prévu une indexation annuelle moyenne globale des tarifs aux usagers et des contributions municipales de 4 %.

La pandémie et le REM responsables du manque à gagner

Wagons du futur Réseau express métropolitain

La mise en service du Réseau express métropolitain aura un impact à la baisse sur les revenus des sociétés de transport.

Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana

En avril 2021, l’achalandage des services de transport collectif équivalait à 36 % de l’achalandage d’avril 2019.

Le gouvernement du Québec a déjà offert une aide financière de 1,2 milliard aux sociétés de transport pour combler les pertes de revenus causées par la crise sanitaire et maintenir le service presque normal, mais l'ARTM pense que les usagers ne reviendront pas tous aussi nombreux.

Il est anticipé un retour à une nouvelle normale entre décembre 2021 (scénario de base) et décembre 2022 (scénario pessimiste).

Une citation de Note interne de l'Autorité régionale de transport métropolitain

La nouvelle normale, c'est un achalandage à 84 % de ce qu'il était en 2019. L'ARTM estime qu'il faudra attendre encore 10 ans, soit 2032, pour retrouver l'achalandage d'avant la pandémie.

Par ailleurs, l'arrivée du Réseau express métropolitain (REM) affectera directement l’achalandage de certains services existants, peut-on lire dans la note interne.

Le transfert de clientèle vers le REM, comme les passagers du train de Deux-Montagnes, par exemple, aura pour conséquence d'engendrer une baisse de financement dans les calculs de l'ARTM.

Mécontentement des organismes de transport et des syndicats

Le conseil d'administration de la Société de transport de Laval (STL) est fâché de cette perspective. Lundi soir, il a adopté une motion pour s'opposer à toute proposition de baisse de service.

L'objectif de la STL était au contraire de relancer le transport collectif dès 2022 et ramener les clients grâce à l'amélioration du service et à l'ajout de voyages additionnels.

Ce qui est envisagé, ce sont des réductions de service considérables. On est très préoccupés.

Une citation de Philippe Schnobb, président du CA de la Société de transport de Montréal, en entrevue à RDI Matin, mercredi

Les syndicats sont aussi très inquiets. Au Réseau de transport de Longueuil, déjà une centaine de postes ont été abolis durant la crise sanitaire.

C'est complètement illogique de faire des réductions en transport en commun alors qu'on parle de faire une relance économique verte.

Une citation de Marc Gingras, président du syndicat SCFP des chauffeurs d'autobus du Réseau de transport de Longueuil

La mairesse de Montréal s'est aussi dit inquiète en entrevue à l'émission Tout un matin. « J'ai énormément de préoccupations », a réagit Valérie Plante. « Ce n'est pas le temps de baisser l'offre de services »

Aide de l'État réclamée

Chantal Rouleau et François Bonnardel sont séparés par une cloison de plexiglas.

Le ministre des Transports du Québec François Bonnardel était accompagné de la ministre déléguée aux Transports Chantal Rouleau lors d'un récent point de presse sur l'état du pont de l'Île-aux-Tourtes (archives).

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Des discussions sont en cours entre l'ARTM et le ministère des Transports du Québec (MTQ) afin de retrouver l'équilibre budgétaire.

Selon le document interne, le MTQ demande à l'ARTMde tenir compte de la nouvelle réalité de l'achalandage.

Le MTQ ne semble pas vouloir financer l'ensemble du manque à gagner récurrent.

Une citation de Note interne de l'Autorité régionale de transport métropolitain

Il est trop tôt pour se prononcer, prévient la ministre déléguée aux Transports Chantal Rouleau. Elle affirme dialoguer avec l'ARTMpour cerner précisément les enjeux.

La situation était inévitable et prévisible, selon Pierre Barrieau, chargé de cours en planification de transport à l'Université de Montréal et à l'UQAM. Il pense que tout le monde n'aura pas d'autre choix que de mettre la main à la poche.

C'est une situation sans précédent, historique, qui doit voir le fédéral, le provincial, les villes, mais aussi les usagers, contribuer afin de soutenir la relance du transport en commun, qui va se faire sur quelques années.

Une citation de Pierre Barrieau, chargé de cours en planification de transport à l'Université de Montréal et à l'UQAM

Comme Québec, Ottawa a déjà apporté son aide durant la pandémie. Au total, l'ARTM a reçu 1,17 milliard de dollars des gouvernements.

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