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L'Église catholique appelée à s'excuser pour son rôle dans les pensionnats

Les Oblats de Marie Immaculée, la congrégation religieuse qui a administré le pensionnat de Kamloops jusqu'en 1969, a présenté ses excuses en 1991.

Les marches du Palais législatif de Regina, en Saskatchewan, sur les marches duquel 215 paires de souliers ont été déposées.

Les marches du Palais législatif de Regina, en Saskatchewan, avec 215 paires de souliers en l'honneur des des enfants dont les restes ont été retrouvés près du pensionnat autochtone de Kamloops.

Photo : Radio-Canada / Cory Herperger

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Des survivants et des dirigeants autochtones réclament des excuses de l’Église catholique, qui doit reconnaître sa responsabilité pour les atrocités commises envers des enfants et des familles des premiers peuples au Canada, plaident-ils.

La découverte des restes de 215 enfants sur le terrain d’un ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique, témoigne des méfaits perpétrés dans ces établissements coloniaux.

L'Église catholique était responsable de l'exploitation de plus de 70 % des pensionnats, selon la Société des survivants des pensionnats autochtones. Les églises unie, anglicane et presbytérienne ont également géré les pensionnats autochtones, où ont été internés plus de 150 000 enfants autochtones, inuit et métis sur plus de 100 ans.

En 1998, l'Église unie s'est officiellement excusée pour son rôle dans le fonctionnement des pensionnats autochtones au Canada. En tant qu'organisation religieuse, l’Église catholique n’en a jamais fait autant.

Des excuses réclamées

Selon la directrice générale de la Société des survivants des pensionnats autochtones, Angela White, l’Église catholique a causé le plus grand tort et elle doit présenter des excuses officielles.

De plus, ces excuses doivent s’accompagner de ressources pour aider les communautés à surmonter cette épreuve déchirante.

Nous devrions lui demander de rendre des comptes pour fournir des ressources, que ce soit de l'argent ou des conseils, pour les dommages qu'elle a causés, afin que la guérison puisse se poursuivre.

« Nous ne devrions pas avoir à trouver comment nous allons guérir, alors que c'est l'Église qui a fait les dégâts. »

— Une citation de  Angela White, directrice générale de la Société des survivants des pensionnats autochtones
Une femme autochtone se recueille près de souliers d'enfants déposés sur des marches en ciment.

En tout, 215 paires de chaussures d'enfants ont été disposées sur les marches de la Vancouver Art Gallery en souvenir des enfants dont les restes ont été retrouvés enterrés sur le site d'un ancien pensionnat à Kamloops, à Vancouver.

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms / CBC

Appel à la vérité, mais pas d'excuses

L'Église catholique n'a jamais présenté d'excuses pour son rôle dans le système des pensionnats autochtones, affirmant notamment que la responsabilité des pensionnats revient aux diocèses et aux ordres religieux qui les administraient.

Les Oblats de Marie Immaculée, la congrégation religieuse qui a administré le pensionnat de Kamloops de 1890 à 1969, a pour sa part présenté ses excuses en 1991 (Nouvelle fenêtre), notamment pour le rejet de nombreuses richesses de la tradition religieuse autochtone et pour les violences sexuelles et physiques perpétrées dans les pensionnats autochtones.

Nous répétons que la violence la plus fondamentale se situe au niveau de l'existence même des pensionnats, mais nous tenons à reconnaître publiquement qu'il y a eu des cas de violences physiques et d'agressions sexuelles, écrivait à l'époque le président de la Conférence des Oblats du Canada, Doug Crosby.

Dans une déclaration publiée lundi (Nouvelle fenêtre), la Conférence des évêques catholiques du Canada reconnaît que la découverte récente est tout à fait bouleversante, mais ne présente toujours pas d'excuses.

Honorer la dignité de ces petits qui ont perdu la vie exige que la vérité soit mise en lumière, écrit le président de la Conférence, l'archevêque de Winnipeg, Richard Gagnon.

Alors que ces événements ravivent la souffrance d’un passé douloureux, les évêques du Canada s’engagent à poursuivre leur marche côte à côte avec les peuples autochtones dans le présent, à la recherche d’une plus grande guérison et réconciliation pour l’avenir, ajoute-t-il.

Terrifiée par les conséquences

Le prêtre anglican Michael Coren déplore l’absence d’excuses dans la lettre de la Conférence catholique canadienne.

Presque toutes les églises du Canada ont été impliquées dans cette catastrophe, admet-il. Cela ne devrait jamais être nié.

Selon lui, l’Église catholique romaine ne souhaite pas reconnaître son rôle direct dans ces atrocités parce qu’elle est terrifiée par les conséquences financières et juridiques.

Le pape ne s'est jamais excusé

Des excuses de l’Église catholique figurent parmi les appels à l’action cités par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui estime que plus de 4000 enfants sont morts dans les pensionnats autochtones et que plusieurs autres n’ont pas été identifiés ou sont portés disparus.

En 2017, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a demandé au pape François de présenter les excuses officielles de l'Église catholique aux victimes des pensionnats autochtones canadiens, ce qu'il n'a jamais fait.

L'année suivante, la Conférence des évêques catholiques du Canada a expliqué qu'il n'était pas approprié pour le pape de s'excuser en raison de la structure décentralisée de l'Église, affirmait La Presse canadienne.

En 2021, Radio-Canada a révélé que des dissensions parmi les évêques canadiens auraient contribué au refus du pape François de venir au Canada présenter le mea-culpa de l'Église catholique. Dans ce genre de situation, le pape dépend de la recommandation des évêques, qui n'auraient pas été en mesure de trouver un consensus.

Le pensionnat de Kamloops, en 1970.

L'édifice principal du pensionnat autochtone de Kamloops en 1970, après sa conversion en école de jour.

Photo : Radio-Canada / Bibliothèque et Archives Canada

De la colère et de la tristesse

Carmen Lansdowne est membre de la Première Nation Heiltsuk de la Colombie-Britannique, et ses grands-parents faisaient partie de ceux qui ont été enlevés à leur famille il y a des décennies.

Je vis de la colère et de la frustration, combinées à du chagrin et à de la tristesse, raconte-t-elle.

Elle est également pasteure à l'église First United de Vancouver. Je ne pense pas que je pourrais être une ministre de culte de l'Église unie du Canada si nous n'avions pas été honnêtes par rapport à notre rôle.

En tant que pasteure ordonnée autochtone, je suis profondément peinée de voir nos confrères et consoeurs œcuméniques ne pas faire ce travail, dit-elle.

Avec des informations de Jon Hernandez

Aide et soutien

  • Une ligne téléphonique bilingue d'aide aux anciens des pensionnats autochtones et aux personnes touchées par les pensionnats offre du soutien psychologique et fournit des références pour l'obtention d'aides. Elle est disponible 24 heures sur 24, au 1 866 925-4419.
  • La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être (Nouvelle fenêtre) apporte une aide immédiate à tous les membres des peuples autochtones, avec des conseillers sensibilisés aux réalités culturelles, au téléphone (1 855 242-3310) ou par clavardage. De l'aide est également disponible sur demande en cri, en ojibwé ou en inuktitut.
  • La Colombie-Britannique propose également deux services de soutien, en anglais. La ligne téléphonique KUU-US est offerte aux membres des Premières Nations, en tout temps, par téléphone, au 1 800 588-8717, ou sur le web, au kuu-uscrisisline.com (Nouvelle fenêtre). L'Indian Residential School Survivors Society, en Colombie-Britannique, offre également une ligne de crise, au 1 866 925-4419.

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