La fête finit dans la violence au parc Victoria
Des centaines de personnes ont évacué le parc après qu'un homme dans la vingtaine eut été agressé à l'arme blanche
Photo : Radio-Canada / Marc-André Turgeon
Le parc Victoria devait être le lieu de toutes les réjouissances, vendredi soir, alors que des milliers de fêtards étaient réunis dans une ambiance de « fin de guerre » pour célébrer la fin du couvre-feu. Tout a basculé peu après 21 h 30, quand un suspect a poignardé un homme dans la vingtaine. Le parc de la basse-ville de Québec, devenu scène de crime, était soudainement évacué sous la lumière des gyrophares.
Les policiers ont été appelés une première fois vers 21 h 37 vendredi. L'homme d'une vingtaine d'années était conscient lors de son transfert au centre hospitalier. Ses jours ne sont pas en danger.
Selon les premiers éléments de l'enquête, la victime et le suspect se connaîtraient
, a précisé David Pelletier, porte-parole au Service de police de la Ville de Québec.
Le parc a été évacué et un périmètre de sécurité a été érigé dans une partie du parc et une rue avoisinante.
On protège la scène de l’agression
, a ajouté le porte-parole. L'identité judiciaire a été mise à contribution.
Aucune arrestation n’a eu lieu pour le moment en lien avec cette affaire.
Presque au même moment, à 21 h 38, les policiers ont dû intervenir pour une agression armée au cours de laquelle une femme a été blessée à la tête. Elle a été transportée à l'hôpital, mais on ne craint pas pour sa vie.
Les deux événements sont distincts
, a souligné David Pelletier.
Le SPVQ
a procédé à l'arrestation de deux personnes vendredi soir.La première provoquait du désordre et refusait de collaborer avec les policiers.
La deuxième personne a commis un méfait en endommageant le pare-brise d'une autopatrouille.
La police a par ailleurs remis six constats d'infraction en lien à différentes règlements municipaux.
Plus tôt vendredi, le maire de Québec, Régis Labeaume avait annoncé que la présence policière serait accrue dans les parcs et les espaces verts de la ville.
Fin de soirée abrupte
La soirée avait pourtant commencé de manière festive au parc Victoria.
Les fêtards, majoritairement des jeunes, venaient célébrer la fin d'un couvre-feu qui avait, pendant 139 jours, fortement limité leur vie sociale.
Sur le coup de 21h30, des feux d'artifice ont illuminé le ciel de la basse-ville, sous les vivats de la foule.
J'étais tranquille chez nous, mais j'ai entendu l'ovation à 21 h 30
, explique un citoyen qui habite aux abords du parc Victoria. C'est comme une ambiance de fin de guerre. On dirait mai 45!
Dans le parc, les fêtards avaient peine à croire que le déconfinement, longtemps espéré, était bel et bien amorcé.
On a de la misère à le croire
, poursuit une jeune femme assise dans l'herbe avec des amies. Le gouvernement a tellement ouvert, fermé, ouvert, fermé que là, une règle impossible qui vient de se terminer, on dirait qu'il faut qu'on se pince! Puis là, avec les feux d'artifice, sérieux c'est quasiment irréel.
Elle ne croyait pas si bien dire.
Quelques minutes plus tard, les policiers ont soudainement envahi le parc Victoria. La lumière des gyrophares a lors remplacé celle des feux d'artifice, jetant une lumière crue sur la fête.
« Il y a quelqu'un qui a été poignardé dans le parc, c'est maintenant une scène de crime. Je vais vous demander de quitter. »
Les fêtards, incrédules, ont majoritairement évacué les lieux dans le calme.
On s'attendait à avoir une bonne soirée, t'sais, que ça finisse bien. Pas que ça finisse comme ça. Ça va prendre un bout avant qu'on revienne brosser au parc Victoria
, expliquait Louis-Ellys Le Bras, déçu de la tournure violente des événements.
C'est quasiment stressant d'être ici
, soulignait son amie Carolane Talbot.
En quittant les lieux, les deux amis déploraient l'état lamentable dans lequel le parc était abandonné.
Il y a beaucoup de dégâts
, observait Louis-Ellys. Il y a plein de déchets, ça n'a pas de bon sens
, a renchéri son amie.
Certains fêtards, en évacuant, tentaient de nettoyer aussi rapidement que possible les poubelles laissées par d'autres.