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Archives

Quand il est devenu interdit de fumer dans les bars et restaurants

Dans un studio de télévision, l'invité Jean-Paul Desbiens (Frère Untel) parle, alors que l'animateur Guy Boucher l'écoute attentivement. Tous les deux ont une cigarette à la main. Entre les deux, on aperçoit le caméraman derrière sa caméra qui capte la scène.

Le 31 mai 2006 marque la fin d’une époque. Aux lieux de travail, où il est déjà interdit de fumer depuis 1998, s’ajoutent les lieux publics comme les bars et restaurants. Sur notre photo, animateur et invité fument en studio en 1967 dans le cadre de l’émission « Jeunesse oblige ».

Photo : Radio-Canada / André Le Coz

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Il y a 15 ans, le 31 mai 2006, entrait en vigueur la loi interdisant de fumer dans les bars et les restaurants au Québec. Nos archives témoignent de la contestation qu’a soulevée cette étape de la lutte contre le tabagisme.

De tout temps, fumée de cigarette et bars ont toujours été intimement liés, déclare le chef d’antenne Bernard Derome en ouverture du Téléjournal du 30 mai 2006.

Cette réalité va changer une fois pour toutes avec l'entrée en vigueur, ce soir à minuit, au Québec de même qu’en Ontario, de lois interdisant de fumer dans les lieux publics.

Reportage d'Anne-Louise Despatie sur l'entrée en vigueur des dispositions de la Loi antitabac qui interdit de fumer dans les bars et restaurants. Le bulletin de nouvelles est présenté par Bernard Derome.

L'objectif de la Loi sur le tabac est de réduire le tabagisme et de protéger les non-fumeurs de l'exposition à la fumée secondaire.

À partir du 31 mai 2006, elle interdit l’usage du tabac à l’intérieur des restaurants, bars, brasseries et tavernes autant que dans les salles de quilles et de bingo.

Pour certains, c’est la fin d’une époque, mais pour d’autres, c’est un virage trop abrupt. En 2005, les fumeurs représentent 24 % de la population québécoise.

S’ils nous empêchent de fumer, c'est quoi qu'on va faire? Où qu'on va relaxer?, exprime un fumeur dans ce reportage de la journaliste Anne-Louise Despatie.

Dans les bars du Québec, ce sont trois clients sur quatre qui fument en prenant une bière. Pour plusieurs, les dangers du tabagisme pèsent moins lourd dans la balance que la liberté de fumer.

En plus de perdre une bonne partie de leur clientèle, les propriétaires de ces commerces craignent de devoir jouer à la police pour faire appliquer la loi.

Sous peine d’amende, tous doivent néanmoins afficher la nouvelle consigne et la faire respecter.

La journaliste Martine Defoy revient sur l'époque révolue où fumer était synonyme de liberté et les différentes étapes de la Loi antitabac.

Dans cet autre reportage daté du 30 mai 2006, la journaliste Martine Defoy revient sur l’époque plus glorieuse du tabagisme.

En 1965, la moitié des Québécois fument. À travers les années, ils demeureront les plus gros fumeurs au Canada.

Sur les ondes de Radio-Canada, en plus des publicités, les émissions de télévision les plus en vogue sont commanditées par des compagnies de tabac.

En studio, les journalistes et animateurs grillent une cigarette sur l’autre. Ils n’hésitent pas à s’afficher comme fumeurs dans le cadre de leur émission.

En 1996, les Québécoises sont les femmes qui fument le plus au monde, presque une sur deux.

Durant cette période, Ottawa et Québec y vont de lois qui changent le visage du tabagisme.

Finies les publicités style de vie qui présente la cigarette sous un jour flatteur auprès des consommateurs. Des avertissements morbides apparaissent aussi sur les paquets de cigarettes.

La première mouture de la Loi sur le tabac en 1998 interdit aux Québécois de fumer au travail et dans certains établissements publics. Des restrictions qui font chuter de 20 % la proportion de fumeurs dans la province.

En 2006, le ministère de la Santé espère ainsi que les nouvelles dispositions de la Loi — qui élargissent cette interdiction aux bars et restaurants — inciteront plus de fumeurs encore à cesser de fumer.

Reportage de Davide Gentile sur la situation dans les bars et restaurants six semaines après l'entrée en vigueur de la Loi antitabac. Le bulletin de nouvelles est présenté par Geneviève Asselin.

Six semaines après l’entrée en vigueur de l’interdiction de l'usage du tabac dans les bars et les restaurants, les contrevenants sont peu nombreux au Québec, annonce l’animatrice Geneviève Asselin au Téléjournal du 16 juillet 2006.

Certains tenanciers de bars notent une baisse de leur clientèle. D’autres affirment que la disparition de la cigarette augmente leurs ventes de nourriture et leur amène de nouveaux clients.

Les fumeurs ont surtout adopté en masse les terrasses, observe le journaliste Davide Gentile dans son reportage.

Moi, je boycotte systématiquement tout restaurant sans terrasse où je ne peux pas fumer, déclare une fumeuse au journaliste.

« Je suis complètement estomaquée de voir qu'on ne peut même pas avoir de restaurants fumeurs seulement ou si on choisit de se tuer à petit feu, on ne peut pas le faire. »

— Une citation de  Une fumeuse sur une terrasse

En plein été, rares sont ceux qui défient la loi. Lorsque le temps se rafraîchira, les fumeurs risquent cependant d’être moins à l’aise et moins nombreux à fréquenter les bars et les restaurants, suggère Davide Gentile.

Je ne m'empêcherai pas d'aller dans les bars, affirme un fumeur à ce sujet. La loi va sûrement changer un moment donné. Il va falloir qu'ils l'assouplissent, la loi.

C’est bien ce qu’espère l’Union des tenanciers de bars du Québec, qui réclame la suspension de la Loi sur le tabac.

Reportage de Nancy Audet sur le mouvement de contestation contre la Loi antitabac dans les bars et restaurants. Le bulletin de nouvelles est présenté par Céline Galipeau.

Comme le montre ce reportage au Téléjournal du 13 novembre 2006, une demande d’injonction est déposée à la Cour supérieure du Québec cinq mois après l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions de la Loi sur le tabac.

Liberté, liberté, scandent une centaine de propriétaires et d’employés de bars qui manifestent leur colère devant le palais de justice de Montréal.

« On vient défendre nos droits. On travaille dans des bars et puis ça baisse. On veut que ça fume. »

— Une citation de  Une employée de bar

À l’intérieur, l’avocat Julius Grey représente l’Union des tenanciers de bars du Québec. Il plaide que la loi antitabac a eu un impact financier catastrophique pour plusieurs bars depuis son entrée en vigueur.

Me Grey demande sa suspension le temps de juger si elle est constitutionnelle.

Le président de l’Union des tenanciers de bars du Québec, Peter Sergakis, parle d’une baisse de revenus de 20 % à 60 % pour les bars.

Des données alarmantes contestées par d’autres groupes, comme la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec et l’Association pour les droits des non-fumeurs.

La Loi sur le tabac ne sera finalement pas suspendue ni assouplie à la suite de cette requête.

En 2016, elle a plutôt été resserrée avec l’interdiction de fumer sur les terrasses des bars et des restaurants, en plus des terrains de jeux pour enfants, des garderies, des CPE et des écoles.

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