Le non-respect du couvre-feu aura coûté plus de 30 M$ aux récalcitrants

De nombreux manifestants se sont rendus dans le Vieux-Port de Montréal pour protester contre le couvre-feu (archives).
Photo : La Presse canadienne / Giuseppe Valiante
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le dernier couvre-feu imposé en raison de la pandémie s'est officiellement terminé à 5 h, vendredi. En près de quatre mois de cette mesure unique au Canada, les différents corps policiers du Québec ont remis plus de 20 000 constats d’infractions à ceux qui circulaient sans motif essentiel pendant les heures d’interdiction.
Selon les données fournies par le ministère de la Sécurité publique, 20 958 contraventions ont été distribuées entre le 9 janvier et le 23 mai.
Chaque amende totalisant 1550 $, en incluant les frais, le couvre-feu aura donc coûté plus de 31 millions de dollars aux contrevenants. Cette somme ne prend toutefois pas en compte les amendes qui seront contestées avec succès.
Bien qu’aucune preuve scientifique ne permettait de garantir l’efficacité de la mesure pour limiter la propagation de la COVID-19, le gouvernement Legault l’a régulièrement associée au succès qu’a connu le Québec dans la maîtrise de la troisième vague de la pandémie.
Avec le couvre-feu, on a réduit le nombre de cas
, affirmait le premier ministre François Legault à la fin janvier en tenant pour acquis que la mesure réduisait nécessairement les contacts sociaux et les possibilités de rassemblements à l’intérieur.
Parmi les effets mesurables, le couvre-feu a contribué à réduire de 35 % le nombre d’accidents sur les routes. Les bénéfices se sont fait sentir dans les hôpitaux, qui avaient moins de blessés à soigner, ce qui a permis aux équipes de se consacrer aux patients atteints de la COVID-19.
Les automobilistes y trouveront aussi leur compte, car ils n’auront que 23 $ à débourser pour le renouvellement de leur permis de conduire en 2022, puisque les réclamations d’assurances ont été beaucoup moins nombreuses.
Manifestations
Le couvre-feu aura donné lieu aux manifestations les plus mouvementées liées aux mesures sanitaires. L’exigence de rentrer à la maison pour 20 h plutôt que 21 h 30 à Montréal le 11 avril a mené à une violente manifestation où plusieurs commerces ont été vandalisés dans le Vieux-Montréal.
Plusieurs autres manifestations ont aussi eu lieu dans les jours suivants, mais sans débordements majeurs.
Lutte juridique
Dans ses premières semaines d’application, le couvre-feu a aussi mené à des contestations légales pour que les personnes en situation d’itinérance soient exemptées de la mesure.
N’ayant pas de résidence, les personnes sans-abri devaient obligatoirement se rendre dans un refuge lorsque l’heure du couvre-feu sonnait. Le 26 janvier, la Cour supérieure a tranché que la mesure avait un effet discriminatoire et disproportionné sur les itinérants
et suspendait l’application du décret dans leur cas.
Le gouvernement du Québec n’a jamais contesté cette décision.