Une campagne ambitieuse pour recruter des infirmières à Windsor

La gestion d'un lit de soins intensifs nécessite plusieurs employés spécialisés. (Archives)
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L’Hôpital régional de Windsor prend les grands moyens pour favoriser le recrutement de personnel infirmier autorisé en offrant des primes à la signature pouvant atteindre 75 000 $.
Appuyé par le gouvernement ontarien, cette campagne vise à attirer du personnel qui pratique actuellement tant au Canada qu'à l'étranger, notamment aux États-Unis.
Selon Steve Erwin, le directeur des communications de l’établissement de santé, il y a actuellement une trentaine de postes à pourvoir dans différents départements, notamment les soins intensifs et les soins chirurgicaux et postopératoires.
Ces derniers sont autant des postes à temps complet qu’à temps partiel, et ce, de manière permanente ou temporaire.
Jusqu'à 75 000 $ en bonus
Pour assurer le succès de ce recrutement, des primes à la signature de 10 000 $ pour une infirmière en soins généraux à 75 000 $ pour une praticienne en soins intensifs sont par exemple prévues.
« Les incitatifs visent à attirer et à ramener à Windsor les gens qui travaillent ailleurs. »
Selon le portail de recrutement en ligne, les incitatifs financiers varient selon le département de soins ciblés, la formation et les qualifications du candidat, et son occupation actuelle, notamment si la personne est actuellement retraitée ou sans-emploi.
Nous espérons pourvoir ces postes d’ici l’automne prochain, mais nous prévoyons également que d’autres postes s’ouvriront plus tard
, explique M. Erwin. En raison de départs à la retraite et de la volonté du ministère de la Santé d'augmenter la capacité des soins intensifs en Ontario.
Il précise que ces incitatifs financiers s’adressent uniquement aux infirmières qui exercent leur profession à l’extérieur de la province ou du pays. Les candidatures internes sont acceptées, mais non admissibles aux bonus à la signature.
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Une rare opportunité pour les hôpitaux ontariens
Selon M. Erwin, ce programme gouvernemental de recrutement offre une rare opportunité de pouvoir rivaliser avec les hôpitaux américains qui offrent des incitatifs financiers généreux depuis plusieurs années.
La raison pour laquelle nos infirmières canadiennes sont nombreuses à travailler aux États-Unis, notamment au Michigan, c'est parce qu'il y a un manque de personnel là-bas et qu'ils dépensent beaucoup d'argent pour attirer les gens chez eux
, justifie Steve Erwin.
Dans un communiqué, l'Hôpital régional de Windsor dit miser en plus des primes sur la flexibilité des horaires proposés, les possibilités de formation et d'avancement ainsi que l'innovation dans les services infirmiers pour attirer des candidates.
Les atouts notamment pour les familles qu'offre la région de Windsor-Esses sont aussi mis de l'avant.
Un goût amer
pour les infirmières épuisées
déjà en poste
Les mesures incitatives au recrutement dans le milieu de la santé ne sont pas nouveaux en Ontario. Il existe depuis plusieurs années des primes accordées pour encourager les travailleurs de la santé à s’installer dans des régions éloignées du nord de la province. Toutefois, selon la présidente de l'Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, Vicki McKenna, une telle campagne ne s'était encore jamais vu dans une région comme le Sud-Ouest de l’Ontario.
La présidente s’est dite déçue que le gouvernement ontarien souhaite récompenser de manière importante des infirmières qui proviendraient de l’extérieur de la province, sans pour autant bonifier la rémunération des infirmières ontariennes épuisées et sur la ligne de front depuis les touts débuts de la pandémie.
C’est triste qu’il n’y ait pas plus d’attention ou de soutien de la part du gouvernement ou même davantage de financement pour ces infirmières
, déplore Mme McKenna.
Selon elle, les infirmières actuellement en poste en Ontario devraient elles aussi recevoir des incitatifs financiers simplement pour les encourager à rester en poste et à ne pas devancer leur retraite, après avoir travaillé sans relâche durant la pandémie de COVID-19.
Nos 70 000 infirmières ont travaillé d’arrache-pied depuis plus d’un an et elles ne reçoivent aucune compensation notable. Ce que le gouvernement avait qualifié de "prime" en début de pandémie était minime et n’est d’ailleurs plus effectif. Il n’y a plus rien pour nos infirmières depuis des mois
, explique la présidente. Le gouvernement ne porte aucune attention — ou très peu — à son personnel infirmier actuellement en poste.
Ce que les infirmières me disent c’est qu’elles sont fatiguées et épuisées et elles sont aussi frustrées qu’elles ne soient prises en compte dans l'initiative de recrutement que le gouvernement met en place actuellement
, ajoute Mme McKenna.
« Elles sentent qu’elles sont tenues pour acquises […] Tout ça laisse un goût amer pour les infirmières [ontariennes], et ça n’aide en rien leur moral. »
Imaginez une infirmière travaillant actuellement en soins intensifs [depuis des mois], et une nouvelle infirmière de l'extérieur de la province ou du pays. La nouvelle reçoit une généreuse prime, et l’autre — déjà en poste — ne reçoit rien du tout. […] Je crois qu’il s’agit là d’une grosse erreur,
conclut la présidente de l’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario.