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Modification de la Constitution : Justin Trudeau contredit Simon Jolin-Barrette

Le ministre Jolin-Barrette en conférence de presse.

Le ministre Jolin-Barrette estime que la modification constitutionnelle proposée dans le projet de loi 96 sera susceptible d'influencer les décisions des juges à l'avenir.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

La Presse canadienne
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le premier ministre Justin Trudeau ne partage pas l'avis du parrain du projet de loi 96, Simon Jolin-Barrette, et de certains analystes du Canada anglais qui pensent que la modification unilatérale de la Constitution canadienne par le Québec pourrait avoir une portée plus large.

La semaine dernière, M. Trudeau en a surpris plus d'un en déclarant que le Québec avait bien le droit d'inscrire dans la Constitution, de façon unilatérale, qu'il formait une nation et que le français était sa langue officielle. Il disait se baser sur les avis d'experts au ministère de la Justice.

Dans les jours suivants, de nombreux experts, cités dans les médias anglophones surtout, se sont inquiétés de voir ces modifications constitutionnelles empiéter sur les droits des minorités linguistiques au pays, surtout les anglophones du Québec.

Le ministre Jolin-Barrette a semblé leur donner raison dans une entrevue au journal Le Devoir publiée samedi, où il affirmait que l'inscription d'une nation québécoise et francophone dans la Constitution aurait une portée non seulement politique, mais également juridique.

Interrogé à ce sujet, mardi, M. Trudeau a jeté une douche froide sur les ambitions de M. Jolin-Barrette. Je ne partage pas cette interprétation, a-t-il simplement répondu.

Un fleurdelisé et un unifolié battant au vent devant l'édifice Lucien-Saulnier de Montréal.

Québec et Ottawa ne s'entendent pas sur les conséquences juridiques que pourrait avoir le projet de loi 96.

Photo : iStock

M. Trudeau pourrait se buter à l'interprétation du premier ministre du Québec, François Legault, qui a dit lors d'une conférence de presse mardi que ces changements à la constitution ne seraient pas que symboliques.

Nous nous attendons à ce que ces changements accordent une plus grande place au français au Québec, a déclaré M. Legault en réponse à une journaliste qui le questionnait sur les doléances de la presse anglophone.

M. Trudeau a soutenu, de son côté, que son gouvernement allait continuer de protéger les deux langues officielles du Canada à travers le pays, tout en portant une attention particulière au français au Québec et à l'extérieur du Québec ainsi qu'aux anglophones minoritaires au Québec.

Nous allons toujours être là pour défendre ces minorités, a-t-il déclaré.

Sur la question de la nation québécoise, le premier ministre a soutenu que ça fait longtemps qu'il la reconnaît. C'est un fait historique, un fait sociologique, une réalité quotidienne et c'est quelque chose que même le Parlement a reconnu, a-t-il ajouté en anglais.

Une volte-face relativement récente

M. Trudeau n'a pas toujours été de cet avis. En octobre 2006, avant son entrée en politique, il avait critiqué Michael Ignatieff, alors candidat à la direction du Parti libéral du Canada, parce que ce dernier appuyait l'idée que le Québec formait une nation.

Malheureusement, certaines personnes de nos jours s'entortillent dans cette idée d'une nation pour le Québec, ce qui représente tout le contraire de ce en quoi mon père croyait, avait déclaré M. Trudeau, alors âgé de 34 ans, dans une entrevue au réseau de télévision CTV.

Un mois plus tard, la Chambre des communes adoptait la motion du premier ministre Stephen Harper qui reconnaissait que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.

Ce n'est que près d'une décennie plus tard que M. Trudeau, devenu premier ministre, a changé son fusil d'épaule. Il a déclaré lors d'une conférence de presse à Montréal, en 2016, que le Québec formait bel et bien une nation tout en exprimant son exaspération que cette question revienne dans l'actualité.

Je ne peux pas croire qu'on est encore en train de parler de ça, avait-il dit alors qu'il était à la tête d'un gouvernement majoritaire.

Le ton de M. Trudeau à ce sujet s'est adouci maintenant que son gouvernement est minoritaire. L'important, pour moi, c'est de regarder vers l'avant et de s'assurer que les gens soient protégés dans leur langue à travers le pays et c'est exactement ce que je vais faire, a-t-il dit mardi.

La ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, doit déposer sa modernisation tant attendue de la Loi sur les langues officielles cette année.

Déjà, le Bloc québécois s'est inquiété de voir le projet de loi de la ministre Joly empiéter sur l'application de la loi 101 à toutes les entreprises sous juridiction fédérale au Québec inscrite dans le projet de loi 96 de M. Jolin-Barrette. La question a été soulevée en période de questions mardi.

Bien entendu, nous allons protéger le droit de travailler en français, le droit d'être servi en français, mais également le fait de ne pas être discriminé parce qu'on est francophone dans les entreprises fédérales au Québec et partout à travers le pays dans des régions à forte présence francophone, a répondu Mme Joly.

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