Bois d'œuvre canadien : un recul des États-Unis souhaité

Le prix des matériaux de construction en bois continuent d'augmenter.
Photo : CBC / Brian Higgins
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Au Québec et au Canada, on souhaite que les États-Unis fassent marche arrière dans leur idée de doubler les tarifs imposés sur le bois d'œuvre en provenance du Canada. Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, s’est d’ailleurs dit « déçu » des intentions du département américain du Commerce.
Son attaché de presse a ajouté que « le ministre trouve dommage que les États-Unis n’aient pas profité de l’occasion pour lever les droits compensateurs et antidumping dans le cadre de cette seconde révision administrative ».
Vendredi, les États-Unis ont fait valoir leur désir de faire passer les droits compensateurs et antidumping de 8,99 % à un taux préliminaire de 18,32 %.

Depuis le début de la pandémie, la construction domiciliaire n'a jamais cessé d'être populaire, ce qui a eu des effets notables sur la vente de bois d'œuvre.
Photo : Radio-Canada / Marc Godbout
L’industrie forestière a aussi dénoncé cette imposition alors que la demande atteint des niveaux stratosphériques pour la construction domiciliaire des deux côtés de la frontière. Le vice-président aux communications, au développement durable et aux affaires gouvernementales chez Produits forestiers Résolu, Seth Kursman, a dénoncé cette idée.
Ce n’est certainement pas dans le meilleur intérêt des consommateurs américains, alors qui va en bénéficier? Un petit groupe d’entreprises américaines pour leur propre intérêt personnel.
Quant au professeur de politique forestière à l'Université Laval, Luc Bouthillier, il dit ne pas être surpris de l'intention des Américains. Toutefois, il doute que les États-Unis vont réellement imposer ces droits étant donné que la fièvre de la construction et de la rénovation domiciliaire est encore plus folle aux États-Unis qu’au Canada
. Cela fait en sorte que les prix sont très très hauts et ce n’est pas le temps d’ajouter des taxes pour essayer de diminuer les exportations canadiennes
.
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Inquiétude en Outaouais
Une telle décision aux États-Unis aurait des répercussions en Outaouais, un lieu phare pour l’industrie forestière, a rappelé le maire de Thurso et préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon.
Cela pourrait avoir un impact très néfaste en Outaouais et dans les Laurentides, surtout en pleine crise forestière qui dure depuis plus d’un an et demi. Là, de voir arriver une surtaxation pourrait avoir un impact, surtout pour le bois d'œuvre
, a-t-il expliqué au micro de l’émission Les matins d’ici.
Cependant, si cela se concrétise, cela pourrait avoir des effets intéressants pour les producteurs et consommateurs canadiens, a analysé Luc Bouthillier.
Ce sera plus payant pour les producteurs canadiens de vendre au Canada, il n’y aura pas de taxe de 20 %. [Ils pourront] vendre sur le marché canadien avec 20 % de plus. Bien sûr, le marché n’est pas aussi gros qu’aux États-Unis, [...] mais le réflexe normal serait de servir le marché canadien, donc [il y aura] plus de bois disponible sur le marché domestique et dans les quincailleries
, a-t-il expliqué.
Luc Bouthillier a précisé que, si les tarifs sont imposés, cela ne se fera pas avant décembre 2021 ou janvier 2022 , ce qui coïncide avec une période normalement creuse pour la demande de bois d'œuvre.
Si on augmente l’offre, alors que la demande est un peu à la baisse à cette période de l'année, les prix devraient diminuer.
Benoît Lauzon n’est pas convaincu que les producteurs canadiens puissent tirer profit à long terme de la vente exclusive sur le territoire canadien. Le marché américain est extrêmement important pour nos industries. De faire seulement du commerce à l’intérieur du pays, à mon avis, ça pourrait être une solution à court terme, mais pas à long terme
, a-t-il conclu.
Avec les informations de Rémi Authier