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Archives

CKSB, le porte-voix des francophones de l’Ouest canadien

Courrier reçu par un animateur de la station de radio CKSB

Courrier reçu par un animateur de la station de radio CKSB.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Il y a 50 ans, au printemps 1973, la station de radio CKSB Saint-Boniface devenait officiellement une antenne du réseau français de Radio-Canada. Nos archives nous rappellent l’avènement de cette radio communautaire, qui a été le premier poste de radio français à l’ouest de l’Ontario.

Le 27 mai 1946 est une date marquante dans l’histoire des francophones du Manitoba et de l’Ouest canadien.

Après une dizaine d’années de collecte de fonds et de pourparlers avec différents ordres de gouvernement, les Franco-Manitobains obtiennent le droit et la possibilité d’entendre la radio dans leur langue maternelle.

Situé à Saint-Boniface, le poste CKSB diffuse des émissions de radio en français à partir d’une station qui appartient à sa communauté.

Son objectif? Lutter contre l’américanisation de la radio, faire rayonner la culture canadienne-française et,surtout, assurer sa survie dans l’Ouest canadien.

Figure emblématique de la radio français au Manitoba, l'animateur Henri Bergeron.

Figure emblématique de la radio français au Manitoba, l'animateur Henri Bergeron.

Photo : Société historique de Saint-Boniface

Cet extrait radiophonique témoigne des premières minutes d’inauguration de la station CKSB.

Sur le coup de 6 heures, parfaitement entendues dans un rayon de 120 km autour de Saint-Boniface, un chœur accompagné de la fanfare La Vérendrye entonne l’hymne Ô Canada, qui va désormais ouvrir et clôturer chaque journée de diffusion.

Puis, la toute première voix française entendue à la radio de Saint-Boniface est celle d‘Henri Bergeron, qui lance avec une émotion compréhensible : Ici CKSB Saint-Boniface, votre premier poste français dans l’Ouest canadien.

Henri Bergeron lit un conte dans un studio radio avec un visage particulièrement expressif.

Henri Bergeron fait la narration de contes pour enfants, notamment pour l'émission radio « Le marchand de sable ».

Photo : Radio-Canada / André Le Coz

Pionnier de la radio française dans l'Ouest canadien avec ses collègues Léo Rémillard et Émile Savoie, Henri Bergeron a aussi contribué à forger une identité à la télévision canadienne.

L’annonceur en devient la voix et le visage le 6 septembre 1952, lors de l'entrée en ondes de la toute première chaîne de télévision du Canada, CBFT Montréal.

Dans notre extrait du documentaire radio L'aventure, diffusé le 10 septembre 1992, l'animateur bien connu du public de Radio-Canada revient sur sa carrière entamée à la radio CKSB.

« J'ai mieux compris le sens de la communication et, surtout, le sens de cette radio communautaire qui est absolument merveilleuse comme moyen de formation pour les jeunes en communication. »

— Une citation de  Henri Bergeron

Au départ, la programmation de CKSB est principalement composée de causeries et d’émissions musicales en direct.

Radio-Canada alimente également la station de radio communautaire avec quelques émissions sur disque, comme le radioroman Un homme et son péché et l’émission agricole Le réveil rural.

Henri Bergeron se voit pour sa part confier une émission pour enfants dans laquelle il raconte des histoires aux jeunes auditeurs et répond à leurs questions transmises par courrier.

Vous savez, si vous êtes capables de parler aux enfants, vous serez capable de parler aux adultes en toute facilité, affirme celui qui est devenu une véritable référence en communication pour la qualité de sa langue et de son élocution.

Je crois avoir développé en moi un sens de la communication personnelle et interpersonnelle, ajoute-t-il au sujet de son travail à Radio Saint-Boniface.

Reportage de la journaliste Louise Beaudoin qui revient sur la fondation de CKSB avec des pionniers de cette station radio.

En mai 1986, Henri Bergeron est de retour à Saint-Boniface pour le 40e anniversaire de CKSB. Avec les autres fondateurs de la station de radio, il revient sur le chemin parcouru.

On s'est fait rabrouer royalement, refuser, c'est comme si on n'existait pas, rappelle Mgr Maurice Baudoux au sujet de ses premières démarches pour obtenir un poste de radio français pour la population manitobaine. La communauté religieuse est grandement tributaire de l’avènement de CKSB.

En mai 1944, le Bureau des gouverneurs de Radio-Canada — qui régit alors la radiodiffusion au pays — accepte d'octroyer un premier permis pour Saint-Boniface. Aucun soutien financier n’est cependant accordé au groupe réuni sous le nom de Radio ouest-française.

Avec l’aide du Comité permanent de la survivance française en Amérique du Nord, l’abbé Maurice Baudoux met donc sur pied une campagne de souscription à travers les paroisses du pays pour financer le projet de radio française.

En 1943, cette organisation avait aidé les Acadiens à fonder leur quotidien, L’Évangéline.

Ce sont ainsi tous les foyers francophones manitobains qui contribuent à ce qu’une radio française se concrétise dans l’Ouest canadien. Une somme de 150 000 $ est recueillie, une fortune à l’époque. Au nom de la solidarité, 200 000 $ sont aussi amassés au Québec par le Comité permanent de la survivance française.

Grâce à ce financement, Radio Saint-Boniface (CKSB) entre en ondes le 27 mai 1946 afin de porter la voix de sa communauté et de lui offrir une force collective.

Une étape importante pour les jeunes francophones de l’époque, souligne la journaliste Louise Beaudoin dans ce reportage du 28 mai 1986.

Nous nous étions donné notre poste, se remémore Henri Bergeron. Si nous parvenions à réussir ce premier poste, d'autres postes étaient possibles dans l'Ouest canadien.

La fructueuse campagne de souscription publique permettra effectivement à Radio ouest-française de lancer par la suite CHFA Edmonton (en novembre 1949), CFRG Gravelbourg (en juin 1952) et CFNS Saskatoon (en novembre 1952).

Reportage de Louise Moquin pour le 50e anniversaire de la radio CKSB qui rappelle sa transition de radio communautaire privée à chaînon du réseau français de Radio-Canada.

« Je vous demanderais d'être fiers de votre poste qui appartient à chacun de vous tous. »

— Une citation de  L’annonceur Émile Savoie, en clôture de l’émission inaugurale de CKSB

Radio Saint-Boniface parvient rapidement à rejoindre dans sa langue une population de quelque 53 000 personnes. Un auditoire considérable qui permet à ses administrateurs d’aller chercher du financement chez des commanditaires jusqu’à Toronto.

Léo Rémillard rappelle dans ce reportage le rôle important de la publicité dans la viabilité de la station de radio.

Pour ce reportage anniversaire du 6 juin 1996, la journaliste Louise Moquin s’entretient avec ce pionnier de la station manitobaine devenu plus tard chef des services de langue française de Radio-Canada pour la région des Prairies.

La participation bénévole d’artistes et de comédiens dans les émissions de CKSB permet également à la radio communautaire de survivre.

Dès 1952, le poste de radio se voit affilier au réseau français de Radio-Canada, qui lui loue du temps d’antenne. C'est une première étape vers son acquisition complète par la société d’État afin de lui donner davantage de moyens.

La transformation de la station communautaire privée en chaînon de Radio-Canada s'accompagne de la crainte que CKSB ne perde une partie de son identité et de sa proximité avec le public manitobain.

Ancien directeur de CKSB, Maxime Désaulniers soutient qu’il fallait, d'un côté, assurer l'utilité de la station pour la communauté franco-manitobaine.

Raymond David, debout, qui parle au micro.

Inauguration de l'intégration de CKSB à Radio-Canada (audio), 27 mai 1973

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

Officialisée au printemps 1973, son entrée dans le réseau français de Radio-Canada lui garantit, de l'autre côté, une continuité et une sécurité sur le plan temporel.

Notre extrait audio nous laisse entendre la cérémonie de passage de CKSB comme station de Radio-Canada animée par Henri Bergeron, celui-là même qui avait inauguré le premier poste de langue française dans l’Ouest canadien.

« Aujourd'hui, 27 ans plus tard, jour pour jour, à quelques heures près, pareil honneur m'est encore accordé en vous présentant la première émission de CKSB, station régionale de Radio-Canada. De poste affilié, CKSB devient officiellement station de Radio-Canada. Longue vie à CKSB Radio-Canada Manitoba! »

— Une citation de  L'annonceur Henri Bergeron

Des centaines de personnes du Manitoba et des autres provinces assistent à cette cérémonie présidée par Raymond David, vice-président de Radio-Canada et directeur général de la radiotélévision française.

CKSB ne perdra pas son identité, assure Raymond David en 1973. Nous voulons que CKSB demeure le poste des Franco-Manitobains, qu'il reflète leurs préoccupations, qu'il réponde à leurs attentes et qu’il les informe des différentes réalités qui sont celles de leur milieu.

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